• Le Taureau

    Le Taureau

    Dieu parmi les dieux

    Figure essentielle de l'art paléolithique, le taureau jouait également un rôle central dans les plus anciennes religions connues de la Méditerranée et de son pourtour (mont Bégo, Crète, Anatolie, etc). On pense que le taureau était considéré comme l'agent visible de la force invisible qui meut et féconde la nature.

    C'est pourquoi les premières sociétés, notamment autour de la Méditerranée, ont dressé un culte à l'animal, symbole de puissance mais aussi de fertilité. Voici Apis et Hathor, en Égypte ; un peu plus loin, les habitants de la Crète, patrie du Minotaure, organisent des jeux acrobatiques mettant en scène ces bêtes avant de les sacrifier en hommage aux dieux.

    À son tour, Héraclès doit livrer combat à un taureau pour mener à bien ses douze travaux, tandis que Zeus n'hésite pas une seconde à en prendre l'apparence pour couronner de succès ses conquêtes amoureuses : comment la jolie Europe pouvait-elle en effet ne pas succomber à la beauté du noble animal ?
    Mais l'animal est aussi le héros de scènes moins religieuses : grâce à César qui, dit-on, aimait chasser l'aurochs sauvage en Grèce, il devient un acteur indispensable des jeux du cirque. On l'affronte lors des venationes (combats entre gladiateurs et animaux) ou on l'oppose à des fauves, éléphants ou encore rhinocéros. Mais des voix s'élèvent contre ces massacres, y compris plus tard parmi les premiers chrétiens.

    Le Taureau
    Taureaux paléolithiques représentés sur les parois de la grotte de Lascaux.

    Ainsi que dans beaucoup de religions asiatiques, le taureau avait été adopté, dès les premiers âges, par les Égéens, comme le symbole de la force et de l'énergie créatrice. Il devint plus tard l'emblème du Grand dieu qui faisait pendant à la Grande déesse, et joua, comme tel, un rôle important dans les légendes crétoises; il lui arriva même de s'incorporer à la nature divine : le Minotaure est analogue au dieu Taureau des Elamites, ou à l'Enki des Sumériens, qui était aussi "le taureau sauvage du ciel et de la terre".

    Le Taureau

    Chez les anciens Grecs et Romains, le taureau était la victime la plus ordinaire des sacrifices. Les Grecs l'immolaient à Zeus, à Arès, à Athéna, à Déméter à Aphrodite et à Apollon et les Romains à Jupiter, à Mars, à Minerve, à Cérès, à Vénus et aux Lares. 
    On choisissait des taureaux noirs pour Poséidon ou pour Neptune, pour Hadès ou pour Pluton et les dieux infernaux. Avant de les immoler, on les ornait de différentes manières : ils avaient sur le milieu du corps une grande bande d'étoffe ornée de fleurs , qui pendait des deux côtés. 
    Le taureau qu'on sacrifiait à Apollon avait ordinairement les cornes dorées.

    Le Taureau

    Tête de taureau symbolisant le dieu Taureau (Cnossos, Crète).

     Le taureau Aboudad joue un rôle important dans la cosmogonie perse; il naquit sans père et sans mère, simultanément avec Kayoumors, le premier homme; mais il était sans mouvement et sans parole, tandis que l'homme avait la faculté de se mouvoir et de parler. Le taureau fut mis à mort par Ahriman, et son âme consentit, à la sollicitation d'Ormuzd, à prendre soin des créatures qui étaient dans le monde, en attendant que le Ferouer de Zoroastre leur apprit à se préserver du mal. De la semence du Taureau, purifiée par la lumière de la lune, naquirent les plantes et les arbres, tandis que celle du premier homme donna naissance à un arbre représentant un homme et une femme unis, qui se divisèrent et devinrent Meschia et Meschiané.

    Il ne faut pas confondre ce taureau primordial avec celui que l'on trouve quelquefois réuni à la figure de Mithra, dans les compositions romaines. On représente celui-ci sous la forme d'un jeune homme d'une belle figure, coiffé du bonnet phrygien, un genou appuyé sur un taureau renversé, auquel il plonge un poignard dans le cou. C'est, dit-on, un symbole de la force du soleil, lorsqu'il entre dans le signe du Taureau.
    Le taureau est un des douze signes du zodiaque; les mythes racontent que c'est l'animal sous la figure duquel Zeus enleva Europe, d'où il fut mis au nombre des constellations; selon d'autres, ce serait Io, que Zeus aurait enlevée au ciel après l'avoir changée en génisse.

    Le taureau est honoré en Inde, et par la propre excellence qu'on lui attribue, et comme personnification de Nandi, monture du dieu Shiva. 

    Le Taureau
    Statue du Taureau Nandi, à Pashupatinath (Népal).
    © Photos : Serge Jodra, 2011.

    Le culte du taureau se retrouve jusqu'aux extrémités de l'Orient.
    C'est lui qui donne la fécondité à la Lune, dans la théologie des Perses (Zend-Avesta). Le taureau est une des grandes divinités du Japon. Dans un temple de Miyako, au Japon, l'on voit sur un autel fort large et de forme carrée, un taureau d'or, dont le cou est orné d'un collier très précieux; il tient un oeuf de ses deux pieds de devant, et le heurte avec ses cornes, comme s'il voulait le briser. (Un symbolisme qui rappelle celui de Dionysos , élevé par les Hyades, ou étoiles du Taureau, qui était quelquefois représenté avec des pieds et des cornes de taureau, auprès duquel on plaçait l'oeuf orphique, symbole de la nature qui produit tout).


    Taureau dans l'Égypte antique (Le Louvre)

    Le TaureauDans l'Égypte antique, le taureau est l'animal sacré par excellence. Symbole de force physique, de fertilité et de puissance sexuelle, on trouve des traces de sa vénération sur les gravures rupestres préhistoriques.
    La queue de taureau était l'un des attributs du pharaon ; trophée attaché à la ceinture du roi, il lui offrait la puissance de l'animal sacré.
    Les Égyptiens révéraient le taureau ou boeuf sacré, sous le nom d'Apis. A une époque tardive, cet Apis était devenu le type du taureau, signe équinoxial, alors premier des douze signes du zodiaque, qu'Osiris, c'est-à-dire ici le Soleil, avait rendu dépositaire de la fécondité. 

    En Sumérie, Enlil, le dieu taureau, est alors vénéré comme dieu de l'orage et de la fécondité.

    En hébreu, la première lettre de l’alphabet, alef, qui signifie taureau, est le symbole de la lune à sa première semaine. Beaucoup de lettres, de hiéroglyphes, de signes sont en rapport simultané avec les phases de la lune et avec les cornes du taureau, souvent comparées au croissant de lune.

    Pour mémoire, tout le monde connait l'épisode de l'adoration du Veau d'Or dans l'histoire de Moïse, qui est encore le culte du Taureau.


    Le taureau tricorne
    En Gaule, l'iconographie comporte un taureau aux trois grues (équivalent probable des cygnes insulaires) et un taureau à trois cornes, lequel est probablement un symbole guerrier incompris à l'époque gallo-romaine.
    Pourquoi trois? "Multipliés par la triade sacrée celtique, les symboles de force et la capacité reproductrice de cet animal s’en trouvent renforcés", explique le professeur Daniel Paunier.
    Sa présence en Gaule est importante, si l’on en juge par le grand nombre de statues ou statuettes de ce genre retrouvées en Suisse et en France, et qui témoignent d’un culte rendu à cet animal.

    Le Taureau

    Il est important dans la mythologie et la vie quotidienne des Celtes. Le vol de bovins est probablement au coeur de nombreux conflits entre différents groupes et il joue un rôle important lors les fêtes. On trouve la présence de cet animal dans le mythe dès 3000 ans avant J.-C.
    Un sacrifice de taureau est d'ailleurs représenté sur le célèbre chaudron de Gundestrup.

    Le taureau ne semble pas avoir eu une valeur symbolique exclusive de virilité et il n'est pas certain que sa signification première soit à rechercher dans la dualité ou dans l'opposition sexuelle avec la vache. Le taureau est en effet, en Irlande, l'objet de métaphores surtout guerrières. Un héros ou un roi de grande valeur militaire est souvent appelé le taureau du combat. D'autre part, le taureau est la victime de ce qu'on appelle en Irlande le festin du taureau, première partie du rituel de l'élection royale, telle que la raconte le texte de la Maladie de Cuchulainn. On sacrifie l'animal, un poète mange de la viande, boit du bouillon à satiété, s'endort et, dans son rêve, voit le candidat-roi qui doit être choisi par l'assemblée des nobles. La seconde partie du rituel (qui concerne le roi élu) a pour victime le cheval, mais il est tout aussi guerrier que lui et le sacrifice des taureaux blancs raconté par Pline (Hist. Nat. 16, 249) à propos de la cueillette du gui est un ancien rituel royal, ayant perdu toute raison d'être par suite de la conquête romaine et de la disparition de toute vie politique indépendante. Car le taureau est, comme le cheval , un animal royal : Deiotaros taureau divin.

    Le Taureau

    Statuette de taureau tricorne, Musée de St Germain en Laye.

    Le taureau est bien un animal primordial. Dans le récit de la Razzia des Vaches de Cooley, où un taureau brun et un taureau blanc se combattent à mort, l'un représente l'Ulster et l'autre le Connaught : les posséder signifie posséder la souveraineté guerrière, d'autant plus que l'un et l'autre ont l'intelligence et la voix.

     La victoire sur le taureau, symbole patriarcal de la défaite de la déesse-mère
    Si les corridas existent encore, c'est pour une raison simple: la victoire sur le taureau est une démonstration de force patriarcale. Ceux qui sont fascinés par les corridas ne voient pas un animal: ils imaginent un monstre symbole de virilité, vaincu par plus fort que lui.

    Au début de l'humanité, la femme avait une valeur inestimable, car elle donnait la vie. Cette période fut celle du matriarcat, marquée par le culte de la déesse-mère.

    Les déesses-mères étaient vénérées comme symbole des femmes donnant la vie; la première vision du monde est celle du culte de la vie. La femme donnant la vie, elle a une valeur supérieure à l'homme.

    Le taureau est justement utilisé comme moyen de concurrencer le culte de la vie et de la déesse-mère. Au lieu des femmes, c'est le soleil et le sang qui vont être salués comme symboles de la vie. Le taureau répond aux besoins du patriarcat: il représente la force, la puissance, la fécondité. Son sang répandu dans les sacrifices sera le nouveau symbole de la vie. Mais le taureau reste un symbole fort: aujourd'hui encore la légende du Minotaure est très connue, justement pour cette raison: le patriarcat permet aux hommes de se reconnaître en Thésée qui a dominé le taureau, mais en fait aussi tous les animaux.

     

     

     

    http://laterredabord.fr/articles9/tor.html - http://www.cosmovisions.com/$Taureau.htm
    http://www.arbre-celtique.com/encyclopedie/taureau-926.htm - http://www2.unil.ch/unicom/allez_savoir/as20/religion/religion5.html - https://www.herodote.net/Moeurs-synthese-531.php

     

     


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  • Beltane

    Réédition d'un ancien article.

    (30 avril - 1 mai)

    Beltaine, Giamonios Bhealtainn, Jour de Mai…

    Beltane est la fête de la fertilité, pour la terre elle-même, pour les animaux, et bien sûr pour les personnes. Cette saison était célébrée par les cultures depuis des milliers d'années, d'une quantité de façons, mais toutes partageant l'aspect de la fécondité. Typiquement, il s'agit d'un Sabbat pour célébrer les Dieux de la chasse ou de la forêt, et les Déesses de la passion et de la maternité, ainsi que les divinités agricoles.

    Beltane dont le sens est « feu de Bel » est la troisième des quatre grandes fêtes religieuses de l’année celtique. Elle vient après Samhain et Imbolc  et marque la fin de la saison sombre et le début de la saison claire. Elle est en rapport en Gaule avec Belenos  (avatar du dieu primordial Lug sous forme de la lumière) et Belisama (« la Très Brillante », parèdre du précédent).

    La fête celtique de Beltane est celle qui est le plus associée à la fertilité. C'est la période où le jeune dieu s'accouple avec la déesse en une union sacrée qui génère les fruits de la terre. C’est la raison pour laquelle de nombreuses jeunes filles décident d’offrir leur virginité en cette nuit en hommage au Dieu cornu et à la Déesse. La fertilité des femmes sera en rapport avec l’abondance des récoltes.

    Raison pour laquelle aussi l’Eglise a fait de cette nuit la nuit des sorcières en croyant qu’il s’agissait d’orgies effrénées, ce qui n’était pas le cas.

    Les croyances et traditions nordiques étant très proches de celles des Celtes, on célèbre cette même nuit dans les pays d’Europe du nord la nuit de Walpurgis qui a la même signification et a très souvent été assimilée au sabbat des sorcières. C’est pourquoi elle fut maintes fois interdite par l’Eglise et ses participants menacés d’excommunication; puis l’Eglise y associa Walpurge, une Saxonne qui, au 8ème siècle dirigea le couvent de Heidenheim dans l’actuelle Wurtemberg et instaura sa fête le 1er mai afin de lutter contre cette pratique païenne, mais sans grand succès.

    A l'époque des druides, cette fête était, avec Samhain, la fête la plus importante du calendrier celtique. Contrairement à beaucoup de fêtes païennes qui furent christianisées, Beltane ne fut remplacée par aucune autre fête chrétienne, mais on la considéra tout simplement comme démoniaque, et elle devint célèbre sous le nom de "nuit des sorcières".

    Beltane est aussi la période de prédilection pour les rites de passage entre les périodes froide et chaude, entre l’obscurité et la lumière, entre la mort psychique symbolique et la re-naissance spirituelle.
    De manière générale, c'est la fête de changement du rythme de vie. Du rythme hivernal on passe au rythme estival, c’est l’ouverture des activités diurnes: reprise de la chasse, de la guerre, des razzias, des conquêtes pour les guerriers, début des travaux agraires et champêtres pour les agriculteurs et les éleveurs. En ce sens, elle est l’antithèse totale de la fête de Samhain.

    Le principal rituel de Beltane consiste en des feux allumés par des druides prononçant des incantations magiques pendant que l’on fait passer le bétail entre ces feux, afin de le protéger des épidémies pour toute l'année.
    Ces feux étaient allumés pour éloigner définitivement le froid de l'hiver, et pour donner corps à certaines formes de magie propice à la fertilité. Il était d'usage de brûler un mannequin de paille, qui représentait l'hiver, le mal et la souffrance sur de grands bûchers.
    Le Feu de Beltane est un feu de purification bénéfique, puissant, sacré et fort, celui qui l’allume doit être une personne détenant un grand pouvoir.
    Beltane est l’exaltation du feu, élément druidique par excellence. On suppose que l'assemblée des druides dans la forêt des Carnutes, attestée par César dans La guerre des Gaules, se tenait à l’époque de Beltane. Des sacrifices d'animaux avaient lieu à ce moment tout comme à Samhain, en offrande aux dieux.

    Autant Beltane que Samhain sont des époques où le voile entre les mondes est mince. Mais tandis qu’à Samhain, le monde des vivants et le monde des morts se rapprochent, à Beltane, c’est la frontière entre le monde des humains et le monde des esprits féeriques qui diminue.

    Beltane est donc un bon moment pour établir un lien spirituel avec les êtres de la nature et les esprits de la forêt, mais aussi les elfes et les fées. Les "païens" modernes apportent maintenant dans leurs demeures de la verdure pour honorer la croissance de la nature et faire entrer chez eux cette magie de fertilité. Certains laissent même à leur porte de la nourriture ou une soucoupe de lait pour le petit peuple afin de montrer leur bonne volonté.

    C'est une période de réjouissance et de joie au cours de laquelle il est bien sur de mise de s'amuser et de profiter de la vie. La danse est une autre particularité de Beltane, et tout le monde danse joyeusement autour des feux. On pratique aussi les arts du tissage et du tressage, car l'union de deux substances pour en former une troisième est dans l'esprit de Beltane. C'est également une période faste pour lier sa destinée à une autre personne.

    De génération en génération, le folklore s’est emparé de Beltane comme des autres fêtes celtiques et il en reste quelques usages comme la danse autour d’un mât de mai, la pratique de la divination, les rituels de protection des maisons, les cueillettes de plantes, les sauts au-dessus des feux pour s’assurer bonheur et prospérité.

    L'arbre de Mai
    Il est de coutume également de dresser ce que l'on appelle le "mât de mai, ou l‘arbre de mai", un grand poteau planté dans le sol, symbole phallique de l'union du Dieu et de la Déesse, avec des rubans de toutes les couleurs attachés en son sommet, chaque participant tournant autour du mât avec un ruban dans la main.

    Il est généralement décoré de fleurs fraîchement cueillies le jour même ou de rameaux bien verts, dont on peut également se servir pour décorer son intérieur.

    Enfin, on dit que le muguet fut associée par les Celtes et les Gaulois à la célébration du retour du printemps, cette fleur symbolisant le retour de l’abondance de la nature (oui déjà)!

     

     

    Beltane

    Heureux premier mai et joyeux Beltane à tous.

     

     

     

    Sources: Wikipédia et http://www.blogg.org/blog-51512-themes-beltane-103768.html

    http://terredemystere.canalblog.com/archives/2012/04/25/25166471.html

     

     

     


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  •  Adonis

    Adonis par J. Northcote

    Adonis


    Adonis, dans la mythologie grecque puis romaine, est un jeune homme d’une exceptionnelle beauté, aimé à la fois d’Aphrodite (Vénus), déesse de l’Amour et de la Beauté, et de Perséphone (Proserpine), reine des Enfers.
    Adonis symbolise la mort et le renouveau de la nature dans le cycle des saisons. En hiver, il descend dans le royaume d’Hadès rejoindre Perséphone. Au printemps, il revient sur terre s’unir à Aphrodite.

    La légende d’Adonis est d’origine phénicienne. Considéré par les Phéniciens comme une divinité agraire, le personnage voit son mythe se répandre au Liban et à Chypre avant de gagner rapidement l’ensemble du bassin méditerranéen. Il fait partout l’objet d’une très grande popularité. Le récit de son existence s’affirme comme une vision symbolique du renouvellement cyclique de la vie végétale.

    La naissance d’Adonis
    Adonis est désigné comme le fils de Théias, roi de Syrie, (ou Cyniras roi de Chypre) avec sa propre fille, Myrrha.
    Ce roi prétendit que la beauté de sa fille, Myrrha, surpassait celle d'Aphrodite.
    La déesse se vengea de l'insulte en faisant naître dans le cœur de Myrrha un amour incestueux. La jeune femme, victime du sort lancé par Aphrodite, entra dans lit de son père par une nuit très sombre avec la complicité de sa nourrice qui l'avait enivré au point de ne plus savoir ce qu'il faisait.

    Pourchassée par le roi furieux d’avoir été abusé, Myrrha obtient des dieux d’être transformée en arbre, l’arbre à myrrhe, pour lui échapper. La transformation de sa mère n’empêche pas l’enfant de se développer et, au moment de sa naissance, l’écorce se fend pour le libérer.
    Dès sa naissance, il est si beau que sa lumière attire Aphrodite qui le recueille et qui confie le soin de l’élever à Perséphone, la reine des Enfers, en sécurité.

    Adonis

    Adonis et Vénus par Antonio Canova

    L’apparence d’Adonis, « chaque jour en beauté se surpassant lui-même » (Ovide), est si remarquable que Perséphone et Aphrodite s’éprennent bientôt de lui. La jalousie qui se déchaîne aussitôt entre les deux déesses nécessite l’intervention de Zeus.
    Zeus demanda à Calliope de résoudre leur querelle. Alors, elle ordonna au jeune homme de passer un tiers de l'année avec Aphrodite, un tiers avec Perséphone et le dernier avec la personne de son choix.
    La décision de Calliope sembla, dans un premier temps, apaiser les tensions entre les deux déesses. Cependant, si Adonis respecta à la lettre les exigences du roi des dieux, il choisit de consacrer le tiers de l'année restant à Aphrodite afin de vivre pleinement son amour pour elle.
    Dès lors, le partage n'était plus équitable et l'amour qui liait Aphrodite à Adonis attisa la convoitise des autres dieux. Car si la déesse de l'Amour, épouse légitime d'Héphaïstos, avait coutume de multiplier les infidélités, elle semblait cette fois-ci véritablement éprise de son jeune amant.

    Une fin tragique
    Les sentiments d’Aphrodite pour le jeune homme provoquent cependant la jalousie de l’amant le plus agressif de cette dernière, Arès (Mars), dieu de la Guerre.
    Un jour Adonis, aimant chasser, parcourut la forêt et affronta un sanglier envoyé contre lui par Arès. L'animal blessé le chargea et le jeune Adonis s'effondra, blessé mortellement à la jambe.
    Les gouttes de son sang versées sur le sol au moment de la mort du jeune homme donnèrent naissance à une plante nouvelle à fleur rouge, l’anémone.

    Adonis

    Adonis et Aphrodite par Alice Phélès.

    Les amours d'Adonis avec Aphrodite et Perséphone symbolisent les cycles des saisons et de leurs capacités à produire des richesses dont pouvaient profiter les hommes.

    La légende d’Adonis offre le symbole de la résurrection de la nature au moment du printemps, période représentée dans sa légende par son retour sur terre auprès d’Aphrodite après plusieurs mois passés sous terre. Les liens d’Adonis avec la nature se révèlent également dans son association avec l’anémone, créée de l’union de son sang avec la terre.

    Aphrodite tint à rendre hommage à son amant défunt et organisa en son honneur une fête funèbre célébrée chaque printemps par les femmes phéniciennes, les Adonies.
    Les Adonies étaient célébrées en divers lieux, et plusieurs auteurs de l'Antiquité grecque les ont évoquées. Ce rituel consistait à planter des graines et à les arroser d'eau chaude de manière à accélérer leur croissance. Ces plantations, surnommées «jardins d'Adonis», mouraient également très rapidement, symbolisant la mort du jeune homme.

     

    Adonis

     

     

     

    Sources: Wikipédia et http://www.mythologica.info/mythologie-grecque/adonis/

     

     

     

     


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  • L'Air Merveilleux

    Théodore Valério

    L’air merveilleux


    Un conte du célèbre William Butler Yeats.

    O’Connor était le roi des ménétriers d’Irlande. Dans la province de Munster, il n’avait pas son pareil. Son répertoire comptait bien des airs, mais il en connaissait un qui était vraiment extraordinaire. Il était capable de faire danser les vivants…et les morts.

    A la première note, les souliers vous tremblaient aux pieds comme si vous aviez la fièvre; vieux ou jeunes, personne n‘y résistait; on se mettait à danser, à danser comme des fous, tournant de tous côtés comme feuilles au vent, et cela tant que durait la musique.
    Aussi O’Connor était-il de toutes les noces, avec sa cornemuse. Il s’y rendait, fidèlement accompagné partout de sa mère qui lui servait de guide, car le pauvre garçon était aveugle. Un beau jour, au village d’Iveragh, O’Connor avait déjà tant et tant fait danser la jeunesse que son gosier était aride comme un vieux parchemin.

     

    L'Air Merveilleux

    - Voulez-vous un verre ? lui proposa-t-on.
    - Inutile, passez-moi la bouteille !
    Et, empoignant la bouteille de whisky, il ne la rendit…que vide ! Et tout à coup, sans aucun avertissement, voilà que le ménétrier entame son air merveilleux. On aurait dit qu’un grand vent de folie soufflait sur la place du village. O’Connor lui-même ne pouvait rester tranquille: il se balançait d’une jambe sur l’autre comme une barque par grosse mer. Et même sa vieille mère faisait aller ses os en cadence comme toutes les femmes de l’assemblée.

    Mais cela n’était rien en comparaison de ce qu’il se passait sur le rivage. La grève était couverte de poissons de L'Air Merveilleuxtoutes sortes qui sautillaient, voletaient, sautaient, replongeaient et ressortaient, se démenant de plus en plus vite, suivant le rythme endiablé de la musique. D’énormes crabes tournaient en rond sur une seule patte en vrais acrobates. Des phoques gigantesques, dressés sur leurs pattes malhabiles, s’avançaient vers le rivage à la tête de troupes de poissons, homards, langoustes, tous décidés à danser. C’était un extraordinaire spectacle de les voir ainsi suivre la mesure: Toutes les créatures de la mer dansaient comme des folles, prises de frénésie; les bancs argentés des sardines arrivaient jusqu’au rivage. Les moules et les huîtres agitaient leurs coquilles en guise de castagnettes.
    Jamais on n’avait vu pareil spectacle!

    Inlassable, O’Connor jouait toujours.
    Mais voilà que, au milieu des poissons, apparut une jeune femme belle comme le jour. Elle avait une longue chevelure verte; ses dents luisaient comme des perles, ses lèvres semblaient de corail et sa robe était blanche comme l’écume de la mer. Du moins ce qu’elle en montrait sur le haut de son corps, car en-dessous, du bas de sa robe dépassait une queue de poisson.

    Elle s’approcha de O’Connor et lui chanta d’une voix mélodieuse:
    - Je suis la dame de la mer et je demeure au fond des eaux. Viens avec moi et sois mon époux. Tu auras de la vaisselle d’or et d’argent, et tu règneras sur tous les animaux qui peuplent les mers.
    O’Connor se tourna vers elle :
    - Merci madame, mais boire de l’eau salée ne me va pas ! Car il aimait bien la bouteille qu’on lui offrait.
    Alors, tout en dansant, la Dame de la Mer se prit à persuader le ménétrier. Autour d’eux, les gens dansaient et les poissons, tous les poissons de la mer, menaient aussi leur ronde.

    L'Air Merveilleux

    Bélinda Morris

    Enfin, la sirène finit par convaincre O’Connor de l’accompagner au royaume marin. Sa mère lui cria bien de revenir quand elle le vit atteindre le bord de la mer en compagnie de la belle étrangère. Mais il ne l’écouta pas. Il continua d’avancer toujours. Et voilà qu’une vague haute comme une maison arriva sur lui, prête, aurait-on dit, à l’engloutir ; il n’y fit aucune attention. Sa mère se mit à pleurer, mais, malgré ses cris et ses pleurs, elle ne pouvait s’arrêter de danser. Enfin, son fils se tourna vers elle et lui dit :
    - Je suis bien heureux ma mère ! Je vais devenir le Roi de la Mer, et je te promets de t’envoyer tous les ans un…


    Mais il n’eut pas le temps d’achever…La dame aux cheveux verts, voyant une vague encore plus haute s’avancer, s’enveloppa avec le musicien dans un manteau d’écume à grand capuchon. La vague, dressée à une hauteur gigantesque au-dessus d’eux, retomba sur le rivage dans un fracas épouvantable.

    On ne revit plus jamais, jamais, le musicien, mais souvent, sur la côte de Kerry, par les nuits tranquilles, les mariniers entendent le bruit de la musique venant du fond de l’eau, et certains prétendent même reconnaître le son de la cornemuse d’O’Connor.

     

     

     

     

     
     

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  • Lebor Gabála Érenn

    Eriu par Jim Fitzpatrick

    Lebor Gabála Érenn
    Le livre des conquêtes de l’Irlande

     

    Tuan mac Cairill - Fintan mac Bóchra

    Dans la mythologie celtique irlandaise, Tuan Mac Cairill est le seul survivant de la race de Partholon, le premier peuple « mythique » à conquérir l’Irlande. Tuan est à la fois l’Homme et le Druide primordial. Il ne doit sa survie qu’à des métamorphoses animales successives, pour finalement revenir à l’état humain.
    Il connaîtra les cinq âges ( les cinq peuplements de la verte Erin ) en se métamorphosant à chaque fois jusqu’à ce qu’il soit avalé sous forme de saumon par la reine Cairill qui l’enfantera… C'est à partir de ce moment qu'il prend le nom de Tuan mac Cairill ou Cairell, "Tuan fils de Cairill".
    Il aura conservé en lui la mémoire et le savoir des origines; devenu humain, il transmet alors ses connaissances…
    Tuan Mac Cairill représente la préservation du savoir par transmission de générations en générations.

    Une autre légende presque identique attribue ce rôle à Fintan, mais la mythologie selon Fintan commence avant le déluge, bien avant celle de Tuan.

    Fintan mac Bóchra, dans la mythologie celtique irlandaise, est un druide primordial, associé à l’épopée du peuple de Cesair, ayant peuplé l’Irlande avant le déluge.
    Après le Déluge, il subit diverses métamorphoses animales qui doivent lui permettre de traverser les millénaires, pour transmettre sa science et son histoire aux Irlandais, tout comme Tuan.
    Selon certaines versions il aurait vécu environ 5500 ans sous ses diverses formes.

     Lebor Gabála Érenn

    La légende de Fintan mac Bóchra

    Le peuple de Cesair
    • Cesair est la fille de Bith, elle est la première femme à vivre en Irlande durant cinquante ans avant le Déluge qui va anéantir tout son peuple, sauf un : Fintan.
    Venue d’Egypte selon la version païenne, la version chrétienne en fait la petite fille de Noé qui lui refuse l’accès à son arche, elle construit donc la sienne.
    Cesair prend le commandement d’une troupe de cinquante femmes, accompagnées de trois hommes : son père Bith, Ladra et Fintan. Ils embarquent pour une navigation de sept ans qui va les mener en Irlande. Les trois hommes épousent toutes les femmes, dix-sept pour Bith, seize pour Ladra, et dix-sept femmes pour Fintan dont Cesair. De toutes ces unions, il n’a qu’un fils, Illann. À la mort de Ladra, puis celle de Bith, il épouse leurs veuves.
    Lorsque le Déluge inonde l’Irlande, tous les membres du peuple de Cesair périssent noyés, à l’exception de Fintan qui se transforme en saumon. Il reste ainsi une année entière sous l’eau, ayant établi sa résidence dans une grotte. Puis il survit pendant 5 500 ans, en se transformant en aigle, en faucon, pour finalement reprendre forme humaine.

    Les Fomoires
    • Les Fomoires (Fomores) débarquent sur l'île après le Déluge, ils sont parfois appelés « Géants de la Mer ». Nombreux, ils sont décrits comme affreux, inhumains et démoniaques, et dotés de pouvoirs magiques. Ils combattront tous les occupants successifs, sauf les Fir Bolg, ils représentent le chaos et le désordre perpétuel.

    Les Partholoniens
    • Selon le Lebor Gabála Érenn, les Partholoniens (du nom de leur chef Partholon) sont arrivés en Irlande 312 ans après le Déluge, le jour de la fête de Beltaine (1er mai). Leur règne va durer 300 ans; on leur attribue l’invention du druidisme, de l’agriculture, de l’élevage, de la métallurgie. Parallèlement, ils doivent lutter contre les Fomoires.
    Une épidémie va les décimer le jour de Beltaine (1er mai). Il n'en réchappe que Tuan Mac Cairill, dont le récit, qui constitue une légende distincte, retrace à son tour l'histoire des invasions. (Première conquête).

    L’histoire de Tuan est relatée par trois manuscrits, « L'histoire de Tuan Mac Cairill racontée à Finnen de Mag Bile » dont il existe deux exemplaires peu différents, et celui du livre de la vache brune (Lebor na hUidre). Fils de Starn, il est donc le neveu de Partholon. Il fait partie de ceux qui furent les premiers à débarquer en Irlande. Seul survivant des Partholoniens, c'est lui qui relate l'histoire des cinq conquêtes de l'Irlande après le Déluge à Saint Finnian, ou Finnen, le fondateur du monastère chrétien de Mag Bile.

    Lebor Gabála Érenn

    La légende de Tuan Mac Cairill

    Saint Finnen voit venir à lui un " clerc vénérable " qui lui dit être Tuan mac Cairill, mais que son nom est aussi Tuan, fils de Starn, le fils du frère de Partholon, le premier occupant de l'Irlande après le Déluge. A la demande de Finnen, Tuan raconte les évènements d'Irlande depuis le commencement, et parle des cinq conquêtes de l'Irlande après le Déluge :

    « Il y eut cinq invasions en Irlande. Personne n'y vint avant le déluge (il ignore Cesair et les Fomoires). Après le déluge, personne n'y vint avant trois cent douze ans. Partholon, fils de Sera, aborda en Irlande, en exil, avec vingt-quatre hommes et chacun leur femme. Ils s'établirent en Irlande et leur race y vécut pendant cinq mille (?) ans. Mais en l’espace d’une semaine, une grande mortalité s'abattit sur eux et tous moururent. Mais il n'y a pas de désastre sans un survivant pour raconter l'histoire. Je suis cet homme. »

    « Alors j'allais de colline en colline, de falaise en falaise, me gardant des loups pendant trente-deux ans durant lesquels l'Irlande fut vide. Enfin, la vieillesse vint sur moi. J'errais dans les déserts et sur les falaises. Puis il me fut difficile de bouger et j'habitais des grottes. »

    Les Nemediens
    • Les Nemediens sont conduits par Nemed, dont le nom signifie sacré. Après une période de paix, ils doivent résister aux Fomoires qui tentent de reconquérir l'île et parviennent à s'y implanter. Les Nemediens doivent leur payer tribut chaque année. Après une dernière révolte, ils doivent fuir. (Deuxième conquête).

    - Arrive alors Nemed et ses compagnons. Tuan, caché et mal en point, les voit arriver. Une nuit, il se réveille transformé en faon, " jeune et de bonne humeur ".  Après cela, Tuan est le prince des cerfs d'Irlande.

    Lebor Gabála Érenn « Alors vint Nemed, fils d'Agnoman, qui prit possession de l'Irlande. Je les voyais du haut des rochers mais je ne voulus pas me montrer. J'avais de grands cheveux, de grands ongles, j'étais gris, décrépit et nu, dans la misère et la souffrance. Un soir je me suis endormi et je me suis réveillé sous la forme d'un cerf. Je fus jeune et mon esprit se réjouit.
    « Quand j'eus pris cette forme animale, je devins chef des troupeaux d'Irlande. De grands troupeaux de cerfs couraient autour de moi, quelques chemins où je fusse. Telle fut ma vie au temps de Nemed. Après cela, la race de Nemed s'accrut et il y eut jusqu'à quatre mille trente couples. Cependant, tous moururent. Alors la vieillesse vint sur moi. Je fuyais les hommes et les loups. »

    La race de Nemed se multiplie, puis disparaît (fuit?). Tuan vieillit alors et s'enfuit encore.

    « J'avais coutume de revenir en Ulster à l'époque de ma vieillesse et de ma décrépitude, car c'est en ce lieu que j'avais toujours changé d'aspect, et voilà pourquoi je venais toujours attendre là le rajeunissement de mon corps.
    Un jour que j'étais sur le seuil de ma caverne, je sus que je passai d'une forme à l'autre. Alors, j'ai revêtu encoreLebor Gabála Érenn un autre aspect, un poil rude et gris. J'allais sous l'apparence d'un sanglier

    Tuan est le roi des troupeaux de sangliers, il parcourt l'Irlande mais surtout l'Ulster : c'est là qu'il change de forme.

    « Ce fut alors que Senion, fils de Stariath, prit l'île. De lui viennent les Fîr Domnainn, les Fîr Bolg et les Galian, et ils possédèrent l'île pendant un certain temps. Or j'étais sur le seuil de mon antre, le souvenir m'en est resté. Je sais que changea l'aspect de mon corps et je fus un sanglier. »

     

    Les Fir Bolg
    • Les Fir Bolg succèdent aux Nemediens, le nom Bolg aurait un rapport avec la foudre mais certains font un rapprochement avec le peuple gaulois des Belges. Selon d’autres sources ils seraient descendants des Nemediens partis en Grèce puis revenus en Irlande. Ils vont entrer en guerre avec de nouveaux arrivants, les Tuatha Dé Danann et seront vaincus lors de la « Première Bataille de Mag Tuireadh » (Cét-chath Maige Tuired), (Troisième conquête).

    - Semion et les Fir Bolg arrivent en Irlande et la peuplent. Tuan sent venir l'âge, il retourne à ses cavernes, et jeûne pendant trois jours. Il est alors transformé en faucon (ou vautour).

    Lebor Gabála Érenn « Puis j'atteignis encore la vieillesse, j'avais l'esprit triste, je ne pouvais faire ce que je faisais autrefois. J'habitais de sombres cavernes, des rochers perdus, j'étais seul. Je suis rentré dans ma demeure. Je me suis souvenu de toutes mes formes antérieures. J'ai jeûné pendant trois jours.
    Au bout de trois jours, je n'avais plus de force. Je fus changé en un grand vautour, en un énorme aigle de la mer. Mon esprit fut de nouveau joyeux. Je fus capable de tout faire. Je devins chasseur et actif. Je parcourus toute l'Irlande et je sus ce qui s'y passait. »

     

    Les Tuatha Dé Danann
    • Les Tuatha Dé Danann (Tribu des Dieux des Arts ou Tribu de la Déesse Dana) sont les dieux de l'Irlande (avec des équivalences dans tout le monde celtique, que l’on retrouve dans nombre de récits. La « Seconde Bataille de Mag Tuireadh » (Cath Dédenach Maige Tuired) les met aux prises avec les Fomoires qu'ils mettent en déroute. Mais face aux Milésiens, ils doivent se replier dans le Sidh. (Quatrième conquête).

    - Puis arrivent les Túatha Dé Danann. Tuan reste faucon (ou vautour). Mais il est fatigué et reste dans le creux d'un arbre au-dessus de la rivière.

    « Beothach, fils de Iarbonel le prophète, s'empara de cette île après avoir vaincu les races qui l'occupaient. C'est d'eux que viennent les Tuatha Dé Danann dont l'origine est, dit-on, inconnue. Mais il est probable qu'ils venaient des cieux, tant ils étaient intelligents, tant leur science était étonnante. »

    Il voit l'invasion des fils de Mile. « C'est ainsi que j'ai survécu à toutes les races qui ont envahi l'Irlande. Ce furent les Fils de Mile qui prirent l'île de force sur les Tuatha Dé Danann. J'étais alors en cette forme de vautour, dans le creux d'un arbre, près d'une rivière. Le sommeil m'a alourdi pendant neuf jours. »

    Les Milesiens
    • Les Milesiens, qu'on appelle aussi les « fils de Mile » (du latin "miles" : "soldat") sont originaires d’Espagne, ce sont des humains. Eux aussi arrivent le jour de la fête de Beltaine. Leur chef est le « file » Amorgen Glungel. Après avoir évincés les Tuatha Dé Danann, ils prennent possession de l'île, ce sont les Gaèls. (Cinquième conquête).

    Lebor Gabála Érenn Tuan jeûne pendant neuf jours, et est changé en saumon vigoureux et vif, qui échappe aux pêcheurs et aux oiseaux.

    « J'ai été changé en saumon. Alors je fus en la rivière. J'y fus bien, j'y fus actif et heureux. Je savais bien nager et j'échappais longtemps à tous les périls, aux mains des pêcheurs armés de filets, aux serres des vautours et aux javelots que les chasseurs lançaient sur moi... »

    - Un jour, cependant, le pêcheur du roi Cairill réussit à l'attraper. Le saumon est rôti et offert à la reine qui le mange entièrement. Tuan est alors " en son sein ". Il naît sous forme humaine et on lui donne le nom de Tuan, fils de Cairill.

    « Mais un pêcheur me prit et me porta à la femme de Cairill, roi de ce pays. Je me souviens très bien de cela. L'homme me mit sur le gril. La femme eut envie de moi et me dévora en entier. Et je fus en son ventre.
    Je me souviens du temps où j'étais dans le ventre de la femme de Cairill. Je me souviens aussi qu'après cela, je commençai à parler comme les hommes. Je savais tout ce qui avait été en Irlande. Je fus prophète et on me donna un nom : on m'appela Tuân, fils de Cairill. »


    Tuan reste une semaine avec Finnen à lui raconter les détails de l'histoire d'Irlande, mais n'accepte pas de rester et le quitte.

    On ne sait pas ce qu’est devenu Tuan.
    Fintan et lui étaient-ils une seule et même personne? Le doute est permis. On retrouve Fintan dans la suite de l’histoire, notamment dans la création des 5 provinces d’Irlande et de Tara, le siège du grand roi.
    Fintan quitte la vie terrestre au Ve siècle, une fois que l’Irlande est convertie au christianisme parait-il.


    D‘après Fergus Bodu pour l‘Arbre Celtique: « Tuan mac Cairill ne fait pas l'objet de " réincarnations ", mais simplement de transformations involontaires, (ou peut-être volontaires grâce à ses pouvoirs de druide shaman), au cours d'une vie anormalement longue. Tuan ne meurt jamais; il reste conscient et se souvient de ses formes précédentes. Même sa dernière transformation, de saumon grillé en enfant humain, n'est pas une réincarnation. »

    En tout cas, Tuan, dans ce texte, est un personnage sacré, maintenu en vie pour qu'il transmette aux Irlandais leur histoire ancienne.

    Les Irlandais ont perpétué leurs légendes et leur histoire oralement, et plus tard les clercs du Moyen-Âge les ont retranscrites en tentant de les intégrer à la foi chrétienne, comme par exemple dans la légende de Fintan en ajoutant la référence au Déluge et la parenté de Cesair avec Noé.
    C'est grâce à cette attitude que nous possédons tous ces textes et que nous connaissons une bonne partie des mythes celtiques anciens.

     

    Lebor Gabála Érenn

     Les Thuata Dé Danann par Jim Fitzpatrick

     

     


    Sources : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fintan_(mythologie_celtique)
    https://wikimonde.com/article/Lebor_Gab%C3%A1la_%C3%89renn
    et http://encyclopedie.arbre-celtique.com/legende-de-tuan-mac-cairill-2484.htm

     

     

     

     


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