• Les îles de Prêtresses

     

    Les îles de prêtresses

     

    L'isolement de femmes dans une île est typiquement celtique.

    Il est fait souvent mention dans l’histoire d'îles où ne vivaient que des groupes de prêtresses, souvent au nombre de neuf, îles interdites donc aux hommes.

    La plus ancienne relation doit être celle de Pomponius Mela, géographe romain, pour l'île de Sein:

    Les vierges de l’île de Sein
    La légende veut que neuf prêtresses exerçaient leur magie sur cette île, à l’abri des regards profanes.
    « L’île de Sena, située dans la mer Britannique, en face des Osismiciens,, est renommée par un oracle gaulois, dont les prêtresses, vouées à une virginité perpétuelle [perpetua virginate sancta], sont au nombre de neuf. Elles sont appelées Gallicènes, et on leur attribue le pouvoir singulier de déchaîner les vents et de soulever les mers, de se métamorphoser en tels animaux que bon leur semble, de guérir des maux partout ailleurs regardés comme incurables, de connaître et de prédire l’avenir, faveurs qu’elles n’accordent néanmoins qu’à ceux qui viennent tout exprès dans leur île pour les consulter ».
    Les Gaulois croyaient qu’elles pouvaient, par leurs enchantements, exciter des tempêtes, se métamorphoser en toutes sortes d’animaux, guérir les maladies les plus graves, et prédire l’avenir, surtout aux navigateurs. Elles expliquaient les songes, rendaient invulnérables ceux auxquels il leur plaisait d’accorder ce privilège, évoquaient les morts, les ressuscitaient même, et détournaient la grêle et les inondations au moyen d’opérations magiques qui ne pouvaient être faites que la nuit, à la lumière des torches ou au clair de la lune.

    Les ïles de Prêtresses

    Photo du film "les Brumes d'Avalon"

    Les fées d’Avalon
    La plus célèbre de ces îles dont la légende est restée dans les mémoires: des textes médiévaux parlent de la fée Morgane, qui vit isolément, dans l'île d'Avalon, avec huit autres fées: elles sont donc neuf, comme des Gallicènes de l'île de Sein.

    L’île des Pommes de Geoffroy de Monmouth
    « L’Ile des Pommes, qui est appelée fortunée, tire son nom de ce qu’elle produit tout par elle-même [...] Neuf sœurs, par une loi agréable, accordent des droits à ceux qui viennent vers elles de nos régions. Celle d’entre elles qui est la première est devenue la plus savante dans l’art de guérir et elle dépasse ses sœurs par sa remarquable beauté. Son nom est Morgane et elle enseigne quelle est l’utilité de toutes les plantes pour guérir les corps malades. Un art qui lui est bien connu est de savoir changer de visage et, comme Dédale, de voler par les airs avec des plumes neuves. Quand elle le veut, elle est de Bristus (Brest), de Carnotus (Chartres) ou de Papia (Pavie) ; quand elle le veut, elle glisse des airs sur nos rivages. On dit qu’elle a enseigné l’astrologie à ses sœurs : Moronoe, Mazoe, Gliten, Glitonea, Gliton, Tyronoe, Thiten, Thiton très habile à la cithare ».
    - Vita Merlini (la vie de Merlin) de Geoffroy de Monmouth
    Cette île des Pommes n’est autre que l’île d’Avalon, qui est habitée par la légendaire Morgane.

    En Irlande, les héros des récits de Navigations rencontrent souvent une "île des Femmes":
    - c’est sur l’île de Skye qu’est initié Cuchulainn, île où demeure la magicienne Scathach Uanaind.

    Les ïles de PrêtressesLes sorcières de Kaer Loyw
    Le thème de l'île des femmes rencontrée par des voyageurs, se retrouve aussi dans les navigations de Bran, fils de Febal, qui l’amènent sur l’île des femmes, île des neufs sorcières de Kaer Loyw.
    Gloucester n’est pas une île, mais est perçue comme telle dans la tradition Galloise.
    Ce héros, équivalent gallois de Perceval, séjourne pendant trois semaines chez les neuf sorcières de Kaer Loyw (Gloucester), mais, comme elles ont commis bien des forfaits, le roi Arthur les combat plus tard avec son armée, et les vainc.
    Ces femmes sont donc au nombre de neuf, comme les Gallicènes et les fées d'Avalon, et leur puissance les rapproche des premières. (...) Ainsi Gloucester est perçue comme à moitié insulaire.

    Korid-gwen
    Selon Tacite « les anciens bardes cambriens déclarent révérer un être mythologique, du sexe féminin, nommé Korid-gwen, à laquelle ils donnent neuf vierges pour suivantes.
    Comme ces vierges sacrées, les korrigan bretonnes prédisent l’avenir ; elles savent l’art de guérir les maladies incurables au moyen de certains charmes … elles prennent la forme de tel animal qu’il leur plaît ; elles se transportent, en un clin d’œil, d’un bout du monde à l’autre … C’est en effet près des fontaines que l’on rencontre le plus fréquemment les korrigan, surtout des fontaines qui avoisinent des dolmens … Les paysans bretons assurent que ce sont de grandes princesses qui, n’ayant pas voulu embrasser le christianisme quand les apôtres vinrent en Armorique, furent frappées de la malédiction de Dieu. Les Gallois voient en elles les âmes des druidesses condamnées à faire pénitence ».

    Le mont Saint-Michel
    « Avant le christianisme, le Mont-Saint-Michel s’appelait le Mont-Bélen, parce qu’il était consacré à Bélénus, un des quatre grands Dieux qu’adoraient les Gaulois. Il y avait sur ce mont un Collège de neufs Druidesses ; la plus ancienne rendait des oracles ; elles vendaient aussi aux marins des flèches qui avaient la prétendue vertu de calmer les orages, en les faisant lancer dans la mer par un jeune homme de 21 ans qui n’avait pas encore perdu sa virginité. Quand le vaisseau était arrivé, on députait le jeune homme pour porter à ces Druidesses des présents plus ou moins considérables ».

    Les femmes Samnites
    Poseidonios affirme « qu'il y a dans l'océan une petite île, qu'il situe devant l'embouchure de la Loire et pas tout à fait en haute mer, habitée par les femmes des Samnites possédées de Dionysos et vouées à apaiser ce dieu par des rites mystiques et par toutes sortes de cérémonies sacrées.
    Aucun homme ne met le pied sur cette île; en revanche, les femmes elles-mêmes traversent l'eau pour s'unir à leurs maris et s'en retournent ensuite. .. »

    Le texte rapporté par Strabon remonte à Poseidonios, qui parcourut une partie de la Gaule à la fin du IIème siècle avant notre ère. Or, il est parfaitement exclu que des Celtes de la région de l'embouchure de la Loire aient pu, à cette époque, avoir subi une influence grecque telle qu'ils avaient adoptés et le dieu Dionysos, et ses rites.
    En réalité elles devaient célébrer le rite de Nerthus, déesse de la fertilité, autrement dit la Terre Mère.
    L'emprunt est inconcevable, et il semblerait que si les rites de ces femmes ont pu faire penser aux rites dionysiaques il faut parler d'une interprétation grecque d'un dieu gaulois par un érudit grec.

     

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    Mais aussi ailleurs, en face de Cancun:

    Isla Mujeres, l’île des Femmes
    Considérée à l’époque des Mayas comme un lieu sacré, Isla Mujeres (l’île des Femmes) était un centre religieux dédié à la Déesse Ixchel, la mère des dieux, déesse de la lune et de la fertilité.

    Au début du XVIème siècle, Francisco Hernandez de Cordoba voyagea pour chercher des esclaves. Son but était aussi de découvrir des mines de métaux précieux. Au sud de l'île, il découvrit un temple qui ressemblait aux constructions mayas, bâti en pierres. Il découvrit sous le sable de l'île des femmes plusieurs splendides figurines qui représentaient une déesse et ses filles, ou ses compagnes.
    Leurs bustes ne sont pas vêtus comme l‘étaient autrefois les femmes indiennes. D’où tenaient-elles ces influences?
    C'est Cordoba qui donna le nom île des femmes à cette bande de terre.

     

     

     

    Sources: http://occidere.wordpress.com/2010/03/31/les-vierges-de-lile-de-sein/
    - Barzaz-Breiz, Chants populaires de la Bretagne,
    Mémoires de la société archéologique de Montpellier,

     

     

     

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  • Commentaires

    1
    Lundi 7 Novembre 2016 à 11:51

    Merci pour cet article superbement documenté.Le mythe et la légende sont entretenues et c'est bien pour notre imaginaire.

    Bonne semaine.

      • Lundi 7 Novembre 2016 à 12:36

        Que serions-nous sans notre imaginaire et notre capacité à rêver?

        Merci Baba, bonne semaine à toi aussi, amitiés.

    2
    Lundi 7 Novembre 2016 à 11:58

      Oui merci de m'avoir appris ces détails car j'aime ma region et ses légendes!

      • Lundi 7 Novembre 2016 à 12:37

        Bienvenue dans mon monde Capitaine Echo, merci de ta visite.

    3
    monica breiz
    Lundi 7 Novembre 2016 à 19:45
    Que de belles légendes qui ont traversées le temps
    Je connaît l île de sein celle la me parle
    bonne soiree
    Kenavo triskele
      • Lundi 7 Novembre 2016 à 20:04

        Peut-être y trouveras-tu quelques vestiges à photographier ? smile Un reste de ruine de temple par exemple.

        Bonne soirée à toi également et merci, kenavo Monica.

    4
    Mercredi 16 Novembre 2016 à 19:12

    Bonsoir Triskèle ! 

    Des femmes magiciennes hors du commun, dont on ne sait pas vraiment si elles sont bienveillantes ... ou pas. Je n'ai pas le souvenir que la fée Morgane soit spécialement sympathique, mais je me trompe peut-être, il y a souvent plusieurs interprétations des légendes. Merci pour cet article, j'ai appris des choses sur le Mt St Michel dont je n'ai jamais entendu parler. Bises 

      • Mercredi 16 Novembre 2016 à 19:40

        Comme en toute personne il y a du bon et du mauvais, mais les prêtresses dont il est question sont plutôt bénéfiques et oeuvrent pour le bien, ce ne sont pas de mauvaises sorcières.

        Merci à toi Béa, bonne soirée, bises.

    5
    Mardi 22 Novembre 2016 à 16:51

    Bonsoir Triskele,

    Je découvre ton blog par hasard en me promenant sur la Toile, j'aime découvrir des blogs intéressants et le tien a attiré mon attention.Belle présentation, ton article est plaisant à lire et complet smile

    Je suis passionnée par les univers celte et médiévaux et par la féerie, tout cela se trouve dans mon blog que je t'invite à visiter : http://royaume-enchanteur.eklablog.com

    Tu trouveras des belles images et des vidéos, ainsi que mes écrits.

    A bientôt peut-être ? Bonne semaine à toi.

    Bisous de Florence

      • Mardi 22 Novembre 2016 à 17:23

        Bonsoir Florence Arwen et merci de ton gentil commentaire.  Je t'ai rendu visite et j'ai vu que nous avions des centres d'intérêt communs en effet.

        Je te souhaite une bonne soirée et au plaisir de te revoir, amitiés.

    6
    Mercredi 29 Août 2018 à 12:54

    L’ÎLE DE SEIN

    Si les îles prennent le caractère de « Séjour Divin » (1), c'est parce que ce fut là que les Déesses continuèrent l'enseignement des hautes vérités de la Nature et des lois de la morale. Pendant que les oracles des Latins étaient donnés par une Sibylle, ceux des Celtes l'étaient par une Mermine (de Maer et mine, fille de la mer). C'est dans l'île de Philae que se réfugièrent les dernières prêtresses égyptiennes ; dans l'île de Sein que s'abritèrent les dernières Druidesses.

    Pour protester contre l'invasion romaine, en même temps que pour garantir leur sécurité, les anciennes Druidesses s'étaient réfugiées dans l'île de Sein, appelée alors Enez Sizun.

    Actuellement, c'est une île française séparée de la côte du Finistère par le Raz de Sein.

    C'est un endroit d'une sauvage grandeur. A l'extrémité du vieux continent, de hautes falaises se dressent, les vagues y livrent aux rocs gigantesques, sur lesquels elles se ruent, le combat titanique des éléments. Au sein des nuits d'hiver, le roulement des blocs entrechoqués se fait entendre à plus de six lieues à l'intérieur des terres. Cela provoque dans les esprits timorés une crainte superstitieuse. C'est que, à peu de distance de cette côte sauvage, s'étend une île parsemée de bosquets d'arbres sous lesquels s'élèvent encore des autels de pierre. C'est l'antique refuge des dernières Druidesses, « sanctuaire sacré que le pied de l'homme ne souillait jamais », dira-t-on.

    Cette île est, depuis longtemps, entourée d'une mystérieuse légende.

    Pomponius Mêla, dans sa Description du Monde au 1er siècle de notre ère, dit de ce séjour caché par les brumes de la mer :

    « L'île de Sena, située dans la mer Britannique, en face les rivages, des Osismiens, est célèbre par les oracles qu'y rend une Divinité gauloise ; les prêtresses consacrées, qui doivent garder une éternelle virginité, sont au nombre de neuf. Les Gaulois les appellent Sènes et pensent qu'inspirées par un génie particulier, elles peuvent, au moyen de leurs incantations, déchaîner les vents et les flots, se métamorphoser en tel animal qu'il leur plaît, guérir les maladies réputées incurables, savoir et prédire les choses qui seront. Mais, pour connaître et user de leur science, il faut s'embarquer et les venir consulter dans leur île même. »

    M. Paul Gruyère, qui fait cette citation dans son article L'île de Sein, ajoute : « Il paraît évident que c'est bien de l'île de Sein qu'il s'agit là, le nom français étant une traduction naturelle du nom latin ; nul doute non plus que les prêtresses, les prophétesses en question, ne fussent des initiées du culte druidique qui a laissé dans toute l'Armorique tant de vestiges, et dans l'île de Sein elle-même des traces suffisantes.

    « Quant à Strabon et à Denys le Périégète, dans son poème géographique en vers grecs, ils parlent également d'une île située à peu près dans ces parages, où étaient célébrés de soi-disant Mystères de Bacchus. Strabon la place plus bas, vers la Loire, mais il est coutumier d'erreurs plus graves. »

    C'est ainsi que les auteurs grecs et latins rapportaient tout aux usages de leur pays, de leur religion et de leurs coutumes !

    Dans César, nous lisons (Livre II) : « L'île de Sein (Sena) fameuse par son oracle, connu dans la Gaule et dans tout l'Occident. Neuf Druidesses y étaient attachées. »

    Ajoutons qu'à Carnac (25 ou 30 lieues de l'île de Sein) était une chaire pour l'enseignement de la science antique.

    (1) Dans les pays où ont pénétré les colonies des Celtes on doit s'attendre à trouver la religion associée aux arts et le souvenir de l'Ile-Mère (l'Ile des Dieux, la Bretagne), (Th. Cailleux).

    Lien : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/

    Cordialement.

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