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Les sources sacrées
Les sources et fontaines sacrées
L’eau a inspiré de nombreuses légendes, contes ou croyances, dans le monde entier, qu’il s’agisse de sources, de lacs ou de cours d’eau. Un lieu où se trouve de l’eau a été assimilé à la résidence des esprits, des génies, des fées, des nymphes. Mais également des êtres surnaturels : le Drac, la Tarasque, la Garamaude, les ondines et combien d’autres étaient censés vivre sous les eaux d’un lac ou d’un fleuve. L’origine des fontaines tient souvent de la légende, elles furent découvertes sous le sabot d’un cheval ou d’un bœuf, ou bien par le fleurissement d’un roncier en hiver, ou sous le bâton d’un saint évêque, de multiples causes viennent là aussi de la tradition ancestrale, transmise de génération en génération.
La source est considérée comme un don de dieu, elle a un caractère sacré et magique. L’eau sort des entrailles de la terre où, dans les anciennes religions, vivaient les dieux. Dans toutes les anciennes croyances, une divinité est présente “derrière” la source. La source est le lien entre la vie souterraine et le monde extérieur ou entre l’empire des morts et le monde des vivants.
Chez l’homme préhistorique, lorsque le lien entre acte sexuel et fécondation n’est pas établi, on croit que l’eau qui arrive du domaine des morts est fécondante. Le premier culte de la fécondité consiste, pour les femmes, à boire l’eau d'une source. Cette eau va permettre à un mort de se réincarner. L’eau restera un symbole de fécondité, puisqu’elle fait naître la végétation. D’elle surgit la vie. L’eau qui sort de terre est pure, une source est le symbole de la pureté. “Retourner à la source”, c’est retrouver la pureté originelle. En s’y immergeant, on se ressource : on reprend les forces que donne la source.
Passer de l’eau sur soi, se laver, c’est se régénérer, se purifier. On retrouvera dans les religions l’eau purificatrice, sous forme de bain rituel, de baptême, d’aspersion… La source est devenue dans les anciennes croyances le symbole de la naissance de l’homme et l’on retrouve le parallèle avec l’enfant : la pureté de la source, la pureté de l’enfant à la naissance. Le culte de l’eau est un culte rendu aux forces de la nature. Parce qu’elle est vitale, l’eau est considérée comme donnée par les dieux. Par contre, le tarissement d’une source ou l’assèchement d’un cours d’eau est vécu comme une malédiction, le fruit de la colère des dieux. Pour apaiser cette colère, comme chaque fois que la nature se déchaîne avec violence, on porte des offrandes et on a recours à des sacrifices.
Le culte des eaux est très ancien et a existé dans toutes les régions du monde. Il a été particulièrement répandu dans toute la Gaule et les pays celtes. On a retrouvé, au bord des sources, des statues des différentes divinités associées au culte des eaux. Ces divinités, devenues familières, justifiaient des phénomènes naturels inexpliqués. C’est à la fois la naissance du polythéisme et des légendes. Une religion succédant à une autre, on aboutira à un mélange de croyances. Les lieux de cultes celtiques sont religieusement romanisés. Il s’est agi, en fait, d’une synthèse entre l’ancienne divinité et un dieu romain et il en sera de même plus tard lors de la christianisation. Devant la persistance de leurs succès, les prêtres n'eurent d'autres choix que de les christianiser en y associant une croix où une chapelle et surtout en leurs donnant un nom de saint. Paul Sébillot dans son livre Le Folklore de France, dit " Le culte des fontaines était solidement établi et très populaire dans les Gaules lorsque les apôtres commencèrent à y prêcher l'Evangile; ils essayèrent de le détruire en comblant les sources ou en démolissant les petits monuments que les païens avaient élevés dessus...Mais le clergé se ressaisit vite et s'efforça de donner aux fontaines un vernis chrétien en substituant à leurs noms anciens, qui étaient peut-être ceux des divinités topiques, les noms des apôtres de la Gaule et ceux des saints locaux célèbres par leurs miracles", et sans oublier la Vierge devenue très populaire pour remplacer les déesses.
On attribue aux sources des effets thérapeutiques, des vertus magiques et beaucoup sont dites miraculeuses. Malades et pèlerins y viennent et on construit autour de certaines des monuments. Dans cette construction ont été déposés des ex-voto : statuettes de bois, bracelets de bronze, objets en terre cuite, lampes à huile, vases, pièces de monnaie, flacons en verre… Il s’agit d’offrandes à la divinité de la source. Les ex-voto ont deux rôles : une offrande pour intervenir auprès de la divinité ou un remerciement après une guérison. Il a été retrouvé aux sources de la Seine, un sanctuaire gallo-romain dédié à la déesse Sequana, le nom de la Seine, avec des centaines d’ex-voto de bois : des statuettes, des têtes, des parties de corps : tronc, bras, jambes… Apparemment, de véritables pèlerins venaient à ce sanctuaire pour prendre un bain rituel afin d’obtenir une guérison. Ils déposaient une offrande qui était souvent une représentation de leur mal : une jambe, un pied, une tête…
Une découverte similaire a été faite à la fin des années 1960 à la source des Roches, à Chamalières (Puy-de-Dôme). Plusieurs milliers d’ex-voto en bois semblables à ceux des sources de la Seine ont été trouvés. Mais également des objets habituels et même des dés à jouer ou des noix. Dans la Fontaine de Vaucluse, des fouilles ont révélé des centaines de monnaies gallo-romaines. Les offrandes aux sources étaient très courantes. On les retrouve aujourd’hui, grâce au caractère sacré d’une source : on pensait que celui qui dérobe une offrande attire la malédiction. La crainte était qu’un vol ou une souillure entraîne une maladie ou la mort : l’esprit de la source allait donner à l’auteur du forfait ce qu’il avait enlevé à une autre personne. Ces rites, qui s’inscrivent dans une très longue tradition de médecine populaire, sont encore vivants dans les campagnes françaises, où ils forment même un réseau de traditions thérapeutiques.
Il a été recensé environ 2000 sources et 1000 fontaines curatives en France régulièrement visitées. On y vient pour faire des dévotions, ou tous simplement remplir une bouteille de cette eau réputée salvatrice à des kilomètres à la ronde. Malgré les progrès de la médecines, ces pratiques prouvent la persistance des anciennes croyances qui s’expriment aujourd’hui au grand jour.
Deux sources connues entre toutes:
La Fontaine de Barenton
La fontaine de Barenton résume parfaitement la magie de Brocéliande: il faut, pour trouver cette fontaine, s'enfoncer au cœur de la forêt. Elle a un lourd passé ou histoire et légende se mêlent, on dit que ses eaux sont curatives et qu'elles ont le pouvoir de guérir les maladies chroniques. Elle fut un sanctuaire pour la religion celtique. Les druides y avaient installé une école et un hôpital et y célébraient leur culte voué au dieu solaire Bélénos, dieu de la foudre et des sources, grand dieu guérisseur. On dit aussi que c'est là que Merlin rencontra Viviane pour la première fois, et que naquit leur amour. C'est là aussi que Chrétien de Troyes situe l'action de son roman "le chevalier au lion". Enfin Barenton est, depuis Chrétien de Troyes et par les romanciers du XVI ème siècle, le site où l'eau puisée à la fontaine et versée sur la pierre appelée "le perron de Merlin", déclenche dans l'heure la tempête et les orages indescriptibles proche du cataclysme dernier. La légende se transforma en croyance populaire, amenant des générations successives à se rendre à des processions pour demander la pluie.Cette source de Barenton est très particulière, elle est en hauteur, dans la partie de la forêt appelée Haute-Forêt. Son eau claire reflète le ciel dans la clairière et qualité précieuse, elle est ni acide ni alcaline mais neutre. Sa température constante est plutôt fraîche comme celle de la nappe phréatique où elle s'alimente, mais elle semble bouillir parfois lorsque des bulles viennent à la surface, surtout par temps chaud. Cette fontaine est située sur une faille géologique, en effet on observe que le sol de la forêt est parsemé de grès schisteux rouge chargé en éléments ferreux comme dans de nombreux endroits en Brocéliande, tandis que l'eau émerge dans un lit de grès blanc. Cette géologie explique des particularités magnétiques à cet endroit...
La Chapelle-aux-Chasses dans l'Allier
Sainte Anne est la patronne de la commune et de l'église. Non loin de la place centrale se trouve la fontaine Sainte-Anne. Elle se déverse dans un bassin probablement d'époque gauloise. La statue de la sainte, dans sa niche, est de facture bien plus récente...Nous sommes en présence de l'ancien culte à la déesse Ana. L'eau de la fontaine est réputée pour guérir les maladies oculaires. Ana est non seulement une déesse de la fertilité, mais également une déesse de la mort, du monde souterrain et de l’au-delà, qui règne sur les marais (ana, en gaulois), considérés comme l’entrée des enfers. Déesse de la vie et de la mort, elle est à la fois, comme la terre elle-même, symbole de fécondité et de décomposition, tout naissant de la terre et retournant à la terre. Le culte de la déesse Ana s’est perpétué soit dans le culte de Marie, notamment en tant que «vierge noire», soit dans celui de sainte Anne, mère de Marie.
Légende: Le dimanche de Pâques 776, le jour de la consécration de la cathédrale d’Apt, en présence de Charlemagne, fut retrouvé, dit-on, le corps d’Anne. Un aveugle, sourd et muet de naissance, commença à fouiller le sol comme s’il cherchait quelque chose. On creusa aussitôt à cet endroit, et l’on découvrit une chapelle souterraine, éclairée par une lampe. L’infirme fut miraculeusement guéri et l’on trouva dans la chapelle souterraine une châsse portant l’inscription : « Hic est corpus beatae Annae matris virginis Mariae » (Ici se trouve le corps de la bienheureuse Anne, mère de la Vierge Marie). C’est à partir de la cathédrale d’Apt où avaient été découvertes les reliques de la sainte que son culte a semblé se développer en Europe. Cependant, la dévotion à sainte Anne, très forte en Bretagne et très nettement identifiable en Suisse, est certainement plus ancienne que cette découverte. Souvenons-nous pour le comprendre qu’aucun des évangiles ne nomme les parents de Marie."
Ana , également connues sous les noms d' Anna, Dana , Anu , Danu (ou encore Dôn au Pays de Galles), est la « Déesse-Mère » dans la mythologie celtique, elle qui donne son nom auxTuatha Dé Danann, les gens de la déesse Dana, dans la tradition irlandaise.
Voir aussi: La fontaine de Saint Divy à Telgruc
http://photosfrancecotesouest.eklablog.fr/photo-de-la-fontaine-de-saint-divy-a-telgruc-a93315861
http://chantsdamour.canalblog.com/archives/2012/06/30/24608328.html http://lieuxsacres.canalblog.com/archiv ... index.html
http://www.lamarseillaise.fr/les-archives/item/8483-les-sources-sacrees http://lieuxsacres.canalblog.com/albums/sources_sacrees/index.html#
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Commentaires
Merci Eric, il est vrai que l'eau a toujours eu une symbolique très forte.
Dans les arcanes nous avons aussi Tempérance, qui a une drôle de façon de faire passer l'eau d'un pot à l'autre? Et bien sûr la Lune, avec un bassin dans lequel se cache un scorpion, symbole astrologique là aussi.
Belle journée à toi.Tant de thèmes qui m'attirent dans ces légendes... Quand j'ai besoin de m'évader du quotidien je viens rêver un peu chez toi même si je ne laisse paq toujours de messages! Merci à toi pour ce beau travail.
Bonjour Volodia, c'était bien le but de ce blog, s'évader du quotidien, alors tu me fais plaisir, passe une belle journée, bises.
5volodiaJeudi 30 Octobre 2014 à 16:07Mais oui je l'avais oublié. Ton blog est si riche d'informations qu'il n'est pas inutile d'y revenir!
Hi Hi, mémoire, mémoire! Mais tu vois que ces sources couvertes ressemblent à la tienne. Je les aime beaucoup, bonne soirée Volodia.
l'eau, source de vie, cause de guerres. Les Dieux ont bien fait les choses, sauf peut-être les hommes ! heureusement, quelques un, comme toi, remettent les pendules à l'heure ! Bonne journée puisqu'ici c'est le soir !
Les dieux ont tenté à plusieurs reprises de refaire les hommes, plusieurs fois ils ont tout effacé et recommencé, et avec l'aide de l'eau parce que le déluge est présent dans toutes les mythologies; mais on dirait bien que c'est un défi qu'ils ne parviendront jamais à relever.
Je te souhaite une bonne nuit alors Peache? Bises amicales.9sista ninieVendredi 16 Octobre 2015 à 11:25Magnifique et très instructif . . .
"La fontaine de Barenton résume parfaitement la magie de Brocéliande: il faut, pour trouver cette fontaine, s'enfoncer au cœur de la forêt. Elle a un lourd passé ou histoire et légende se mêlent, on dit que ses eaux sont curatives et qu'elles ont le pouvoir de guérir les maladies chroniques. Elle fut un sanctuaire pour la religion celtique. Les druides y avaient installé une école et un hôpital et y célébraient leur culte voué au dieu solaire Bélénos, dieu de la foudre et des sources, grand dieu guérisseur. On dit aussi que c'est là que Merlin rencontra Viviane pour la première fois, et que naquit leur amour." Wow . . .
La Fluence . . . "On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve" Héraclite
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Vendredi 16 Octobre 2015 à 11:48
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10sista ninieVendredi 16 Octobre 2015 à 12:07Bonjour,
merci de nous offrir ce bain dans les eaux magiques, les eaux et sources sacrées
en Lorraine, a Domremy, le village de Jeanne D'Arc il y a aussi une source dite miraculeuse
j'en ai montré l'image sur mon blog
c'est a voir ici bas le lien
http://justelenoir2.eklablog.com/fontaine-de-jeanne-d-arc-domremy-vosges-france-a119642174
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Jeudi 16 Novembre 2017 à 10:32
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Jeudi 16 Novembre 2017 à 11:30
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Je reste impressionné par votre travail ! Très intéressant cet article sur les sources sacrées, qui nous rappelle notamment à la valeur de l'eau. Que penseraient les Dieux d'antan, en constatant que nous polluons les nappes phréatiques... ?
Cet article me permet de mieux saisir l'importance de ce que fait le personnage dans l'arcane l'Etoile du Tarot (la scène représente une femme agenouillée tenant deux brocs et déversant de l'eau dans la terre et dans une sorte de rivière, ou de source ?)
Agréable journée à vous