• L’Ankou

    Personnage revenant souvent dans la tradition orale et les contes bretons, l'Ankou (an Ankoù) est la personnification de la Mort en Basse-Bretagne. Il n’est pas la mort, mais l’ouvrier de la mort, son rôle est de collecter dans sa charrette grinçante les âmes des défunts récents. Remplissant ainsi un rôle de « passeur d'âmes », l'Ankou est à considérer comme une entité psychopompe.

    L'Ankou semble être un héritage de la mythologie celtique, et plus précisément du Dieu-père dont la fonction est la perpétuation des cycles vitaux, comme la naissance et la mort, les saisons ou le cycle jour/nuit. Bien qu'on lui attribue désormais la faux ou la pique, son arme canonique est le mell benniget ((br) maillet béni). Tout indique sa proximité avec le dieu gaulois Sucellos et le dieu irlandais Eochaid Ollathair, ou Dagda, qui tuent et donnent la vie avec leur arme, maillet ou massue. L'Ankou est une figure panbrittonique de cette fonction, et est appelé Anghau au Pays de Galles et Ancow en Cornouailles. Sa fonction a par la suite été réduite à la seule Mort.

    Voici comment le décrit Anatole Le Braz dans son recueil de légendes La Légende de la Mort :
    « L'Ankou est l'ouvrier de la mort (oberour ar marv). Le dernier mort de l'année, dans chaque paroisse, devient l'Ankou de cette paroisse pour l'année suivante. Quand il y a eu, dans l'année, plus de décès que d'habitude, on dit en parlant de l'Ankou en fonction: - War ma fé, eman zo un Ankou drouk. (Sur ma foi, celui-ci est un Ankou méchant.)

    On dépeint l'Ankou, tantôt sous la forme d'un squelette drapé d'un linceul, et dont la tête vire sans cesse au haut de la colonne vertébrale, ainsi qu'une girouette autour de sa tige de fer, afin qu'il puisse embrasser d'un seul coup d'œil toute la région qu'il a mission de parcourir, tantôt comme un homme très grand et maigre, les cheveux longs et blancs, des braies nouées au dessus du genoux, un large chapeau de feutre noir qui dissimule sa figure ombragée, un visage sans nez au sourire s'étirant d'une oreille à l'autre et aux yeux vides, au fond desquels des petites chandelles brulent; l'Ankou est un symbole de terreur.

    Dans l'un et l'autre cas, il tient à la main une faux. Celle-ci diffère des faux ordinaires, en ce qu'elle a le tranchant tourné en dehors. Aussi l'Ankou ne la ramène-t-il pas à lui, quand il fauche; contrairement à ce que font les faucheurs de foin et les moissonneurs de blé, il la lance en avant. »

    Le char de l'Ankou (karrik ou karriguel ann Ankou) est fait à peu près comme les charrettes dans lesquelles on transportait autrefois les morts. L'Ankou se tient debout dans son char qui est traîné d'ordinaire par deux chevaux attelés en flèche. Celui de devant est maigre, efflanqué, se tient à peine sur ses jambes. Celui du timon est gras, a le poil luisant. C'est dans cette charrette qu'il emporte les nouveaux défunts. Les essieux en sont si mal graissés que l'on peut parfois entendre, par les nuits de pleine lune, ce bruit angoissant; wig-a-wag, wig-a-wag ! Quiconque perçoit cet affreux grincement, entrevoit l'Ankou ou ressent un étrange frôlement, apprend avec effroi que son décès ou celui d'un proche est imminent. Dans certaines légendes l'Ankou tue sans faucher réellement, le simple fait de l'approcher, de l'entendre passer ou à plus forte raison d'échanger des paroles avec lui suffisent à causer la mort de la personne en question ou de l'un de ses proches.

    Il est escorté de deux compagnons, qui tous deux cheminent à pied. L'un conduit par la bride le cheval de tête. L'autre a pour fonction d'ouvrir des barrières des champs ou des cours et les portes des maisons. C'est lui aussi qui empile dans la charrette les morts que l'Ankou a fauchés.

    Lorsque l'Ankou se met en route pour sa tournée, sa charrette est, dit-on pleine de pierres, afin de rouler plus lourdement et de faire plus de bruit. Arrivé près de la maison où se trouve le moribond qu'il doit cueillir, il décharge brusquement sa charrette, pour faire place à son nouveau “lest”. De là ce fracas de pierraille que l'on entend si souvent dans les logis où l'on veille un mourant, juste à l'instant où celui-ci rend le dernier soupir."

    Le jour, il est également présent à travers les sculptures à son effigie qui ornent les ossuaires, ainsi il rappelle toujours aux hommes la fin à laquelle aucun ne peut se soustraire. Et ces mots gravés sur la pierre de nous mettre en garde " La mort, le jugement, l'enfer froid : quand l'homme y pense, il doit trembler ".

    C'est le triste sort de Fanch ar Floc'h, ce talentueux forgeron qui absorbé par son ouvrage travailla le soir de Noël jusqu'après l'heure sainte de minuit à qui l'Ankou rendit alors visite pour faire réparer sa faux. L'homme accomplit cette tâche sans se douter de l'identité de son hôte et mourut à l'aurore.

    Une légende raconte également comment un jeune homme trop curieux, ayant reconnu le célèbre grincement des essieux de la charrette de l'Ankou, décida de l'observer sans se faire voir en se cachant dans une touffe de noisetiers. Le convoi s'arrêta soudain et l'un des compagnons de l'Ankou s'approcha de la cachette afin de couper de quoi remplacer la cheville brisée de l'un des essieux. Se croyant tout d'abord perdu le jeune homme fut vite soulagé de voir l'Ankou s'éloigner sans remarquer sa présence... le lendemain on l'enterrait.

    ******************

    Le long du littoral de la Basse Bretagne, le Bag noz (le "bateau de nuit") est au monde maritime breton l'équivalent de Garrig an Ankou (le "chariot des morts") sur la terre. Paul Sébillot décrit cette croyance :

    « À l'île de Sein, l'homme de barre du Bag noz est le dernier noyé de l'année. Une femme dont le mari était disparu en mer sans que le corps ait été retrouvé, l'aperçut qui tenait la barre, un jour que le Bag noz passait tout près d'une des pointes de l'île. Ce bateau se montre lorsque quelque sinistre doit se produire dans les environs ; il apparaît sous une forme assez indécise à la tombée de la nuit ; son équipage pousse des cris à fendre l'âme ; mais sitôt qu'on veut s'en approcher, la vision disparaît. (...) Il est commandé par le premier mort de l'année »

    Les Bretons nomment la nuit de Noël « la nuit des Merveilles ». Au cours de cette nuit, durant la messe de minuit, l'Ankou a l'habitude de frôler de sa cape tous ceux qui ne passeront pas l'année.

     

     

    Sources: Wikipédia et http://legendes.korrigans.free.fr/?p=30

     


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    Mi française, mi celtique puisque bretonne:

    La légende de la cité d’Ys

    Aux temps du royaume de Cornouaille, le roi Gradlon le Grand fit bâtir pour sa fille Dahut, une merveilleuse cité répondant au doux nom d'Ys. Edifiée plus bas que le niveau de la mer, la ville d'une somptueuse beauté selon la tradition orale, était protégée par une gigantesque digue. Une écluse fermait le port et seul le roi décidait à sa guise de son ouverture ou sa fermeture permettant ainsi le passage des bateaux de pêche. La jeune et libertine princesse Dahut vouant un culte profond aux rites celtiques n'était guère appréciée par Corentin Evêque de Quimper, qu'elle rendait responsable de la tristesse et l'ennui d' Ys.

    Afin d'obtenir richesse, liberté et joie de vivre la princesse Dahut fit un pacte avec un dragon qui désormais s'empara de tous les navires marchands croisant au large, faisant de la cité d'Ys la plus riche et la plus puissante de toutes les cités de Bretagne. Dahut qui régnait en maîtresse absolue sur la ville pu dès lors laisser libre cours à sa nature première faite de perversité et de stupre. Chaque soir un nouvel amant venait combler les ardeurs de la belle, la suzeraine exigeait que chaque amoureux porte un masque de soie, qui par un enchantement maléfique se transformait au petit matin en griffes de métal, tuant ainsi le malheureux dont le corps était jeté du haut d'une falaise dans l'océan....

    Un beau jour un séduisant prince magnifiquement vêtu de rouge écarlate, débarqua dans la cité. Dahut devant tant de beauté tomba follement amoureuse du bel étranger. Elle lui remit même à sa demande les clés de l'écluse subtilisées au roi pendant son sommeil. Alors le Diable, car c'était bien lui que Dieu envoyait pour punir la ville et sa princesse, ouvrit l'écluse et l'océan rugissant envahit la ville noyant tout et tout le monde sur son passage.

    On raconte que Saint-Guénolé (ou Gwenolé) eut pitié du Roi Gradlon, qu'il emporta sur les vagues à l'aide d'un cheval marin. Alourdi par un poids qui n'était autre que Dahut, Gradlon obéissant à la sommation du saint abandonna sa fille la laissant se noyer avant de regagner le rivage....Le cheval du roi bondit sur la plage, puis à travers les prés et les collines. Gradlon arriva enfin dans la ville où deux rivières se rejoignent, il en fit sa capitale pour le restant de ses jours, c'était Quimper.
    La statue équestre du roi Gradlon existe toujours entre les deux tours de la cathédrale Saint-Corentin.
     
    Il paraît, toujours d'après la légende, que la cité d'Ys s'élevait dans la baie de Douarnenez, au lieu-dit "Poul Dahut", le trou de Dahut, endroit où la princesse se serait noyée.

     Toutefois, Dahut n'est pas morte pour autant. Elle est devenue sirène et se nomme désormais Morgane. certains racontent qu'elle apparaît les soirs où la lune est dans l'eau, brossant ses longs cheveux dorés. Par temps calme, les pêcheurs de Douarnenez entendent les cloches de la ville engloutie qui, telle l'Atlantide disent-ils, renaîtra un jour revêtue de sa splendeur passée....

    Quant aux habitants de la cité, leurs âmes n'ont pu être sauvées, ils restent maudits et condamnés à errer dans la ville sous-marine dévastée. Pour qu'elles soient sauvées, il faut qu'un vivant accepte de descendre dans la cathédrale engloutie et de répondre à la messe du prêtre des revenants. Si un jour vous allez à Douarnenez, le jour de la grande marée au mois de mars, regardez au large de la baie : quand la mer sera au plus bas, vous verrez surgir hors des flots la croix du clocher de la cathédrale, ultime vestige de la cité à être encore visible une fois par an.

     

     
    http://passiondhistoire.saint-setiers.com/faitsdivers/Legendes/pageslegendes/legendesbretonnes/legendesbretonnes.html
    http://www.bretagne-web.net/legendes_de_bretagne.html

     

     


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  •  Le Château de la Reine des Fées

    près de Blaye (Gironde)

     Il est incontestable que les traditions populaires ont une certaine importance historique ; car elles sont presque toujours un mélange de roman et d’histoire. L’on voit que ce n’est pas d’hier que la vérité se cache sous le manteau de la fable.

     Il existait au XIXe siècle à Saint-Ciers-de-Canesse, près de Blaye (Gironde), un remarquable dolmen, sur lequel l’imagination populaire nous a légué une légende curieuse qui rappelle les Mille et une nuits : c’est le même mélange de merveilleux et de terrible.

     Ne parlez pas aux habitants de ces contrées des druides et de leurs terribles mystères célébrés sur ces blocs géants, ils vous riraient au nez sans merci. « Ces pierres levées (peyres lebades), vous diront-ils, ne voyez-vous pas que ce sont les ruines de l’entrée du castel de las Hagues (du château des Fées) »,

     l’entrée du château des Fées dont nul être humain y pénétrant ne sortait vivant car dévoré par ses occupantes, à l’exception d’un pasteur, voyageur acceptant de relever un défi en partant à la conquête d’un œuf magique détenu par le plus puissant des mauvais génies.  

    Dolmen de Lussac (Gironde)

     Ils vous feront observer que tout prouve que ces pierres ont été habitées ; et, en effet, la science vous dira, avec M. Jouannet : « Que trois blocs énormes servaient de murs à ce château des Fées ; qu’il avait pour toit une pierre gigantesque, et que cette masse reposait, à sept pieds du sol, sur trois blocs et sur une pierre plus petite placée à l’entrée ; que le support du nord avait été entamé par la main de l’homme; qu’on y avait ouvert une porte qui depuis a été bouchée. Cette particularité fait présumer qu’à une époque inconnue cet étrange réduit a été habité. Un puits, creusé auprès, semble venir à l’appui de cette conjecture. » Pour les habitants, c’est plus qu’une conjecture, c’est une incontestable réalité ; écoutez plutôt ce qu’ils racontent :

     Un jeune et beau pasteur, coupable d’indépendance envers son tyrannique patron, avait franchi le support d’entrée et s’était réfugié dans cet antre maudit, dont nul être humain n’osait approcher ; car on n’avait jamais revu ceux qui y étaient une fois entrés. Ces blocs énormes étaient, en effet, la porte gigantesque du puits de l’abîme qui communiquait jusque dans les entrailles du monde, et sous laquelle passaient les mauvais génies pour se rendre dans leur empire souterrain. A peine le pasteur avait-il mis le pied sur la pierre d’entrée, que le plus affreux spectacle frappa ses regards : des ossements humains jonchaient le sol de cette horrible caverne, et, à sa voûte, des gouttes de sang figé pendaient en stalactites.

     Saisi d’horreur, il détourne ses regards et se rejette en arrière ; le sol semble céder sous lui, et il se sentit aussitôt descendre. L’éclat extraordinaire du lieu où il arrive si mystérieusement le force de fermer ses yeux éblouis. Tout à coup, des bras invisibles le saisissent, l’enchaînent, l’enlèvent, et le transportent dans une salle non moins magnifique. Des colonnes d’albâtre en soutenaient la voûte de cristal. Au milieu s’élevait un trône resplendissant, ombragé par deux arbres aux rameaux d’or et couverts de rubis.

     Le pasteur se croyait le jouet d’une illusion, et son admiration redoubla lorsqu’il vit entrer une gracieuse phalange de femmes, qui vinrent, une à une, prendre rang autour de lui. Elles étaient toutes d’une merveilleuse beauté. Il se crut transporté dans la demeure céleste des déesses. Mais son enthousiasme n’eut plus de bornes quand il aperçut une femme mille fois plus belle que ses compagnes.

     C’était Fréa, la Reine des fées, qui suivait ses gracieuses soeurs ; Fréa, à la robe blanche et flottante, aux souliers d’or, qui portait ses noirs cheveux flottants sur ses belles épaules, et qui ornait son front pur d’une chaîne d’or et de diamants. Elle s’avançait, dans sa démarche pleine de grâce et de majesté ; quand ses beaux yeux s’arrêtèrent sur le jeune homme, un nuage de tristesse vint les voiler. Le pasteur, nourri dans la vénération religieuse de ses pères, qui adoraient la femme comme une divinité, se jeta aux pieds de ce trône, où elle vint s’asseoir. Fréa pensa qu’il implorait sa clémence : « Non, non, dit-elle, il faut mourir. »

     Mais le pasteur ne l’entend pas ; saisi d’admiration, il contemple avec amour cette beauté merveilleuse et toujours jeune, dont les hommes n’ont pas idée. La reine était fée, et les fées sont femmes ; elle eut pitié de ce beau et naïf jeune homme, qui oubliait son sort pour la regarder.

     – « II faut mourir », répéta-t-elle enfin d’une voix triste et émue.

    – « Ah ! les dieux sont donc aussi cruels que les hommes », s’écria le pasteur avec amertume et comme sortant d’un rêve ; j’ai fui la mort pour aller au devant de la mort ; mais, du moins, je serai moins malheureux de la recevoir de votre main.

     – « Ah ! ce n’est pas une même mort ! celle qui t’est préparée est horrible, épouvantable : tu seras dévoré vivant. »

     La Reine des fées s’arrêta et détourna la tête pour cacher une larme, et cette larme était d’or pur. Elle reprit bientôt :

     – « C’est là le tribut fatal que nous payons à Rimer, le plus puissant des mauvais génies. Ces blocs debout, sous lesquels tu t’es réfugié, malheureux enfant, sont la table où ses victimes lui sont offertes. Nul homme ne lui est échappé et ne lui échappera, s’il n’a conquis l’œuf des serpents.

     – « Si c’est là une conquête qu’un homme puisse entreprendre, je l’entreprendrai, dit en se relevant le pasteur, d’un air résolu. J’ai souvent dompté les taureaux sauvages, lutté avec les ours et les loups-cerviers de nos forêts ; tombe sur moi le ciel, je ne crains rien ! »

     Le courage plaît aux fées ; dans leur cœur, il est souvent le voisin de l’amour, et l’amour est bien fort. La Reine des fées, séduite, voulut sauver le pasteur. Quand fée le veut, Dieu le veut. Fréa lui donna un anneau mystérieux qui rendait invisible, pour qu’il pût échapper à la vue perçante des serpents et à leur active poursuite.

     Grâce à ce puissant secours, il pénétra sans danger dans l’horrible caverne où mille serpents entrelacés avaient, de leur bave, composé l’œuf magique. Le pasteur s’en empara aussitôt, et, montant sur la table du sacrifice, il attendit sans terreur Rimer le dévorant. Au moment où la nuit devient de plus en plus sombre et où la clarté des étoiles va pâlissant peu à peu, il entendit dans les airs un bruit sourd comme un battement d’ailes, et il vit approcher, monté sur un monstrueux loup ailé, se servant de serpents en place de brides, le terrible génie de l’abîme, qui descendait sur lui avec la rapidité de la foudre pour le dévorer, comme sa victime inévitable.

     Mais le pasteur, le touchant soudain avec l’œuf magique, le terrassa, le vainquit, et l’enchaîna pour l’éternité. Alors cessèrent les sacrifices humains, et le vaillant pasteur fut béni par les fées et par tous les pères qu’il arrachait à ce tribut fatal. Il ne retourna cependant pas avec les hommes, demeurant toujours avec Fréa, la Reine des fées, son sauveur. Il eut une longue et heureuse vie, car son épouse lui donna des pommes d’or qui avaient la vertu de conserver une éternelle jeunesse.

     Mais comme il ne pouvait se nourrir des célestes aliments des fées, il se creusa un puits près de la porte des Géants ; avec une hache de pierre précieuse, don magnifique de sa compagne, il tailla dans le bloc du nord un réduit où il déposait le produit de sa chasse.

     Telle est la tradition très peu connue du castel de las Hagues, de ce château des Fées, où nous ne voyons, nous, qu’un dolmen. A travers les festons et les gracieuses découpures du manteau de la fable apparaît la vérité toute nue. L’œuf des serpents, les sacrifices humains ; d’un autre côté, la victoire par l’amour d’un allié du ciel sur les antiques divinités ; tout cela frappe d’étonnement et nous autorise peut-être à conclure que les traditions populaires ont leur importance historique.

      

    Source: http://www.france-pittoresque.com/spip.php?article3545

     

     

     

     


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  • Le Cheval Mallet

    Cheval Mallet ou cheval Malet désigne un cheval fabuleux et maléfique mentionné dans le folklore français autour de la Vendée, du Poitou, et plus fréquemment dans le pays de Retz, près du lac de Grand-Lieu.
    Le cheval Mallet est vu comme un instrument du Diable voire comme une forme de Satan lui-même. Une fête folklorique fut également connue sous le nom de cheval Merlette, Merlet ou Mallet dans la commune de Saint-Lumine-de-Coutais; elle avait une fonction militaire, cathartique, de célébration du renouveau ou de carnaval. Bien que ses liens avec la légende du cheval Mallet demeurent peu connus, elle mettait en scène plusieurs acteurs autour d'un chêne, dont un déguisé en cheval. Elle fut combattue par les autorités ecclésiastiques et interdite en 1791.

    Légende du cheval Mallet
    Le cheval Mallet se présente comme un magnifique cheval, généralement blanc, plus rarement noir (il serait blanc comme le brouillard en Vendée et noir en Saintonge), il est parfois décrit comme un cheval-fantôme, toujours mauvais ou maudit, qui apparaît soigneusement sellé et bridé, parfois le soir, et le plus souvent au milieu de la nuit, face à un voyageur fatigué par une longue route; il représente alors une tentation pour celui-ci. Si le voyageur enfourche cette monture, sa chevauchée se termine toujours au matin par sa mort, le cavalier est jeté à terre et meurt généralement sur le coup, ou alors est piétiné à mort par sa monture, jeté dans un précipice ou dans une fontaine, voire dans tout type de point d'eau. Des traces de sabot « à la forme étrange » pouvaient être retrouvées à côté du corps.

    Selon Claude Seignolle et Édouard Brasey, les yeux du cheval Mallet émettraient une lueur qui éclaire son chemin lorsqu'il galope, et il n'y aurait qu'un moyen d'arrêter cet animal, « c'est d'avoir sur soi la rançon du voyage ». Jeter six pièces de monnaie marquées d'une croix devant lui pourrait aussi le stopper, tout comme effectuer un signe de croix, et utiliser de l'eau bénite ou un sou marqué. Une médaille de saint Benoît (dite « croix des sorciers ») serait la seule protection efficace qui permet d'en prendre le contrôle pendant une nuit. Cet animal fantastique et maléfique des légendes « faisait trembler de peur les petits-enfants quand les vieilles femmes l'évoquaient ».

    Le Glossaire du Poitou, de la Saintonge et de l'Aunis mentionne en 1868 le « Cheval Malet » comme « un être fantastique et malfaisant. Il est blanc et magnifiquement harnaché. Lorsqu'il aperçoit un voyageur fatigué, il s'en approche avec beaucoup de douceur, se laisse caresser ; mais dès que le trop confiant voyageur l'a monté, il l'emporte à fond de train vers une mare où il le noie. Cependant, si le malheureux écuyer a pris de l'eau bénite à son réveil, ou s'il a la présence d'esprit de faire un signe de croix, il en est quitte pour un bain froid. Alors le cheval Malet, qui n'est autre qu'un loup-garou, s'enfuit en poussant d'affreux hennissements qui retentissent jusque dans les profondeurs des bois.

    Claude Seignolle consigna la légende poitevine du cheval Mallet dans ses Contes, récits et légendes des pays de France au milieu du XXe siècle. Il y décrivit l'animal comme « un coursier magnifique, au poil noir lustré, qui parcourt, les nuits sombres, couvert d'un harnachement splendide, les chemins creux du sol poitevin ». Lorsque cet animal croise un voyageur isolé, il se penche vers lui et se fait doux et caressant, afin de tenter ce dernier, généralement fatigué, de monter en selle. Lorsque le voyageur est sur le dos de l'animal, « s'applaudissant du retour facile, ayant en son esprit charmé la vision de sa famille rassemblée qui l'attend », celui-ci se met à galoper « comme un ouragan qui se déchaîne », à une vitesse inimaginable, telle que ses pieds ne toucheraient plus la terre. Claude Seignolle précise aussi que « ses naseaux vomissent la fumée » et que « ses yeux éclairent l'horizon ». Aucun obstacle ne peut arrêter le cheval Mallet, il franchirait facilement les rivières et serait si rapide que son passage produirait une bourrasque qui « incline jusqu'à terre les arbres géants que la tempête ne dérange pas de leur solennelle immobilité ». Le cavalier qui voudrait l'arrêter demeure impuissant et voit « les villes et les bourgs défiler aussi promptement que dans un rêve », à tel point qu'il parcourrait l'univers entier de cette façon durant la nuit, sans que sa monture ne se fatigue. Lorsque le matin approche, le cheval se débarrasse de son cavalier en le jetant à terre où il se brise les reins et le cou.
    Claude Seignolle cite la morale de la légende comme telle : « Ne voyagez pas sur un cheval inconnu. Ayez toujours dans votre poche la rançon du voyage ».

    En 1862, un recueil de légendes vendéennes mentionne la mésaventure d'un coureur de cabaret et de veillée qui rencontra à Saint-Benoist-sur-Mer un palefroi très amical, un soir. L'animal plia les genoux pour permettre à son cavalier de bien se placer en selle, mais à peine celui-ci avait t-il saisi les rênes qu'il se sentit emporté à une vitesse vertigineuse, à travers le marais, les plaines, les collines, les broussailles et les ruisseaux. « Vingt fois, le coursier chercha à désarçonner son cavalier, et vingt fois, celui-ci résista aux efforts de son indomptable adversaire ; force fut au cheval Mallet de ramener, au lieu où il l'avait pris, le villageois qui ruisselait, il est vrai, de sueur, de poussière et de sang, mais qui était demeuré vainqueur. Il devait son salut à la médaille de saint Benoît qu'il portait à son cou ».
    Un recueil de contes reprend la même histoire en 1978 mais mentionne qu'on ne revit plus jamais le cavalier, il cite aussi l'expression « c'est un vrai cheval Mallet » qui désignerait une personne intrépide et ardente dans la région.

    Liens avec les lutins
    Selon une étude sur le nain au Moyen Âge, le « cheval Mallet » serait la forme métamorphosée d'un lutin, et il existerait entre lutins et chevaux des liens très étroits car, dans les chansons de geste comme dans le folklore plus moderne, lorsque le petit peuple adopte une forme animale, c'est le plus souvent celle d'un cheval. Une autre étude, cette fois consacrée aux changelins, (un changelin ou changeon (en anglais changeling) est un leurre laissé par les fées à la place d'un nouveau-né humain qu'elles enlèvent.) fait la même remarque : « au bord de l'eau, les silhouettes du lutin et du cheval tendent à se confondre ». C'est aussi ce que peut suggérer l'elficologue Pierre Dubois, quand il cite le « cheval Mallet » dans son encyclopédie des fées, parmi une longue liste de « chevaux-fée » dont la plupart finissent par noyer leurs cavaliers, et dit que « ces animaux sont issus des Pégases et des Licornes, et que s'ils sont devenus farouches, c'est que les hommes n'ont pas su les apprivoiser ».

    NB: j’ignorais qu’il existait des « elficologues »!

    Source: Wikipédia.org

      

      


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