• Marine, l'elfe blanc

    (Illustration du livre « la fille du roi des elfes » de Lord Dunsany)


    Marine, l’Elfe blanc

    Conte

     Un texte merveilleux qui m’a fait rêver, écrit par un monsieur qui a beaucoup de talent,
    Julien Daumange sur ce blog: http://abm1946.kazeo.com/

     Un grand merci à lui pour me permettre de le reproduire.


    Il était une fois….
    Un elfe blanc qui m’accompagnait partout. Enfant, je l’avais rencontrée dans l’Altheiros, un pays imaginaire, où elle vivait dans les arbres et se nourrissait des fruits du soleil. Elle m’avait dit s’appeler Marine, un nom qui évoquait la mer. Elle n’avait jamais vu la mer et ne savait même pas ce que ce mot voulait dire.

    Elle m’avait demandé tout de suite:
    - C’est quoi la mer? Comment t’appelles tu ?
    - Je m’appelle Julien… et… la mer…c’est de l’eau !
    - Comme la pluie et les larmes?
    - Si tu veux… Mais même si tu pleurais sans arrêt, pendant toute ta vie, cela ne remplirait pas la mer. L’eau, dans la mer, c’est comme les grains de poussière sur la terre. Il y a tellement de larmes dans la mer qu’il est impossible de les compter.
    - Si je pleurais tout le temps, toute ma vie, je suis sûre que je pourrai remplir la mer…
    - Non, c’est impossible, même si tu vivais deux mille ans tu n’y parviendrais pas.
    - Quel âge as-tu Julien ?
    - J’ai 10 ans. Et toi ?
    - J’ai quatre mille deux cent cinquante trois ans, dix huit mois et seize jours.
    - Arrête ! Tu me fais marcher !…
    - Je suis un elfe Julien ! Nous pouvons vivre des millions d’années…
    - Ouah ! Tu es un elfe ! J’avais tellement envie d’en rencontrer. Tu es si jolie, si fraîche, si transparente…
    - Oui, je suis toute jeune, et toi tu es un bébé…mais tu as l’air gentil. Je crois que je vais rester avec toi.

    C’est ainsi que Marine m’a adopté. Dans ce pays magique ou je me réfugie souvent, les animaux, les arbres et les plantes communiquent entre eux et je comprends leur langage bien qu’ils ne parlent pas. Mais les murmures, les sons, emportés par le vent, se déposent sur le sol et sur les feuilles. Chaque végétal, chaque animal comprend alors ce qu’il faut entendre. Marine comprend et écoute, elle aussi, et nous restons des heures ensemble, sans parler, à goûter les bruits de la forêt.
    Ainsi, nous savons que la biche vient d’avoir un bébé. Nous devinons les champignons cachés sous les feuilles. Le grand chêne, plus loin, vient d’avoir deux cents ans et l’écureuil qui se promène dans ses branches a maladroitement laissé tomber un gland.

    Un jour, alors que nous étions assis cote à cote dans une clairière calme et parfumée, Marine se pencha doucement en avant et ferma les yeux. Des larmes, comme des perles de rosée, se formèrent sous la peau de son visage et tombèrent en fines gouttelettes sur ses mains ouvertes. La respiration ralentie, la bouche entrouverte, elle semblait plongée dans une profonde méditation. Ses traits détendus n’exprimaient aucune tristesse, tandis que s’échappait d’elle je ne sais quel miraculeux nectar de vie.
    Fasciné par l’expression de mon amie, n’osant pas faire un geste, j’attendis patiemment qu’elle s’éveille de ce rêve qui l’habitait toute entière.
    Quand, enfin, elle ouvrit les yeux, elle me regarda en souriant et dit:
    - Julien, je t’ai vu grandir. J’ai vu dans mon rêve que tu allais partir, me quitter, et j’essayais de te retenir. Je n’étais pas triste car je savais, j’ai toujours su, que nous nous séparerions un jour. Je ne voulais pas y penser. Et là, j’ai vu le moment de ton départ. Veux tu savoir ce que j’ai vu ?
    - Je ne suis pas sûr d’en avoir envie, Marine…parce que, si tu me racontes ton rêve, il va se réaliser très vite. Je le sens, et je n’ai pas envie de te perdre…
    - Tu as peut être raison…alors je ne te dirai rien. Ce moment viendra assez tôt, il ne sert à rien de l’anticiper.

    Nous ne reparlâmes jamais de cet épisode. Dés que je pouvais, je m’échappais du monde des adultes et j’allais retrouver Marine dans la forêt de l’Altheiros. Nous parcourions les allées des sous bois, nous promenant au hasard de nos envies, en respirant à pleins poumons le parfum des plantes. Parfois, nous grimpions sur une des branches du grand chêne et nous regardions, au dessous de nous, passer les sangliers et leurs petits. Nous suivions la galopade d’un lapin vers son terrier, nous écoutions, ravis, le chant des oiseaux qui nous entouraient.
    Les jours, les mois, les années passèrent ainsi. Mon amie restait toujours aussi fraîche et belle et moi, je grandissais…Elle semblait ne rien remarquer, mais je sentais que ses yeux, parfois, se voilaient. Je savais ce qu’elle ressentait car, si nous n’avions jamais reparlé de son rêve, celui-ci restait toujours présent dans notre esprit. Nous savions tous les deux que le jour de la séparation approchait.
    Ce que j’ignorais et qu’elle savait, c’était le moment et les circonstances de mon départ.
    Et puis, ce jour arriva.

    Les derniers temps, j’avais été moins attentif aux bruits de la forêt. J’adorais toujours Marine, mais parfois, brusquement, elle n’était plus avec moi. Elle disparaissait tout à coup, très vite, sans raison apparente. Je partais alors à sa recherche et je finissais par la retrouver, un peu plus loin, assise, m’attendant. Elle me souriait, et nous étions de nouveau ensemble. Mais ces moments de séparation furent de plus en plus nombreux et de plus en plus longs. Parfois je la cherchais pendant des heures et parfois, je ne la retrouvais pas du tout. Je quittais alors l’Altheiros, profondément triste. La dernière fois que je l’ai vue, elle m’attendait prés du grand chêne. Alors que je me dirigeais vers elle, je devinais son sourire de bienvenue. Puis, sans m’attendre davantage, elle s’est levée et elle a commencé à marcher. Je l’ai suivie, à distance, ne cherchant même pas à l’appeler, à lui crier de m’attendre. Nous avons marché ainsi longtemps. La distance entre nous se creusait. Sa silhouette devenant de plus en plus floue, elle a fini par disparaître.

    Je me suis arrêté sur le chemin. J’ai attendu, l’esprit vide, un long moment, ne voulant conserver dans ma tête que l’image de ses longs cheveux blonds, dans son dos...
    Mon amie d’enfance disparue, je revins quelques temps encore dans l’Altheiros. Mais ces forêts, ces prairies, ces immensités vertes et tendres, où j’avais été heureux et comblé semblaient à présent vides et désolées. Toute magie disparue avec ma compagne, le chant des oiseaux me parut triste et vain. Je ne ressentais plus, comme avant, l’ivresse de la communication avec la nature. Ce n’était plus un refuge mais un monde froid et inhospitalier.
    J’ai fini par renoncer. Plus tard, beaucoup plus tard, un soir de vague à l’âme, quand j’ai voulu revenir, je n’ai pas retrouvé la porte…

     

    (Selon mes sources, bien informées, les elfes ne possèdent ni ailes ni oreilles pointues contrairement aux idées reçues.)

     

    http://abm1946.kazeo.com/petits-contes-et-courts-recits/marine-01-l-elfe-blanc,a544782.html

      

    « ApophisBrunehilde »

  • Commentaires

    1
    Samedi 10 Mai 2014 à 12:21

    Des illustrations choisies, particulièrement appropriées. Une belle mise en page. je pense que Marine se plaira en ces lieux LOL... A bientôt. Julien

    2
    Samedi 10 Mai 2014 à 12:33

    Marine fait en effet partie de mon univers et elle y a toute sa place, votre approbation me va droit au cœur. Encore un grand merci et bon week-end, amitiés.

    3
    Samedi 10 Mai 2014 à 14:24

    Merci Triskèle pour ton invitation, et je suis ravie d'avoir pris connaissance de ce joli conte, le privilège de l'enfance nous donne une sensibilité et une perception que parfois en grandissant nous perdons, c'est bien dommage! Je viens de noter ta précision concernant les elfes, merci, je comprends à présent...hihi

    J'essaye de garder mon âme d'enfant et de rêver malgré la dure réalité que le monde des adultes nous offre....

    Félicitations à cet auteur, il mérite toute notre attention! 

    Excellent week-end, de gros bisous tendresse ma chère Triskèle!

    4
    Samedi 10 Mai 2014 à 14:54

    C'est beau pas vrai? Je savais que ça te plairait et je t'avais promis de t'avertir, donc...
    Cette histoire illustre bien ce que tu dis, les enfants sont connectés avec le monde magique et ce lien s'efface avec le temps qui passe et qui ne nous laisse pas le loisir d'y demeurer.
     Mais à ceux comme toi, Julien et moi entre autres, il reste toujours la possibilité d'ouvrir une petite fenêtre sur ce monde au-delà du voile, alors surtout n'arrête jamais de rêver ma petite Neige.

    Très beau week-end à toi aussi ma belle, bises.

    5
    Mardi 13 Mai 2014 à 09:19

    merçi a toi pour ce moment d'evasion magique.....

     que ce recit est extraordinaire...

     les enfants ont cette faculté, d'imaginer..mais je suis sure que certains adultes, dont je fais partie , 

     revent encore.. et s'envolent parfois vers la magie d'ailleurs...

     bonne journee a toi...bises  "V"

    6
    Mardi 13 Mai 2014 à 09:28

    Oui ma chère Valéria, toi aussi tu fais partie de ceux qui comme nous sont encore capables de faire quelques incursions dans le pays magique et d'en garder des étoiles pleins les yeux.
    Merci beaucoup de ta visite, belle journée à toi aussi et grosses bises.

    7
    Mardi 13 Mai 2014 à 17:06

    Poésie, imagination, monde parallèle, voilà un bien beau texte, dans lequel on se plonge avec délectation. Marine m'a fait rêver, mais si un jour assis dans un bois, ou au bord d'un étang, qui sait si l'on ne pourrait pas nous aussi rencontrer Marine... 

    Merci pour ce partage. très bonne soirée, bisous

    8
    Mardi 13 Mai 2014 à 17:48

    Bienvenue au pays magique ma chère Artys, ici le club des rêveurs et rêveuses est ouvert! smile
    Espérons qu'un jour, si nous sommes dans de bonnes dispositions de cœur et d'esprit, nous pourrons nous aussi rencontrer Marine ou l'une de ses sœurs. Ce ne pourrait pas être une inspiration pour une autre de tes toiles? J'avoue que ça me plairait bien.
    Je suis très reconnaissante à Julien de me l'avoir prêtée pour vous la présenter.
    Bonne soirée à toi et grosses bises.

    9
    Mardi 13 Mai 2014 à 19:01

    Je viens de m'inscrire en tant que lecteur dans une une association qui a pour but de faire aimer la lecture aux enfants, en lisant des textes dans les écoles ou dans tous les lieux péri scolaires. Cette association se nomme"Lire et faire lire"... Je ne sais pas si vous connaissez...  Je peux éventuellement donner l'adresse de son site si certains le souhaitent. Je me demandais si un texte comme "Marine" pourrait être lu aux enfants...Qu'en pensez vous ? 

    10
    Mardi 13 Mai 2014 à 19:11

    Il y a un autre petit texte que j'ai écrit et qui a beaucoup plu... Voici l'adresse... http://abm1946.kazeo.com/edit/petits-contes-et-courts-recits/la-dame-aux-coquelicots,a544836.html

    11
    Mardi 13 Mai 2014 à 19:14

    Pardon le lien précédent ne fonctionne pas, voici le bon... j'espére ...http://abm1946.kazeo.com/petits-contes-et-courts-recits/la-dame-aux-coquelicots,a544836.html

     

    12
    Mardi 13 Mai 2014 à 19:30

    Oh bien sûr que oui Julien! C'est un merveilleux conte pour les enfants, ils vont adorer et partir au pays imaginaire dont ils rempliront leurs rêves. Vous allez les émerveiller, alors n'hésitez surtout pas.

    Merci pour la dame aux coquelicots, j'avoue que j'avais déjà "piqué" les paroles de la maman de Nelly tant elles exprimaient ce que je ressens vis-à-vis de ces fleurs que j'aime tant.
    Je vois que mon amie Neige est venue visiter votre grenier, d'autres viendront certainement.
    Passez une belle et douce soirée, amitiés.

     

    13
    Mardi 13 Mai 2014 à 20:38

    Bonne soirée également Triskèle... A bientôt

     

    14
    Mercredi 14 Mai 2014 à 19:17

    Le monde merveilleux des elfes et des petits êtres de la forêt !! le rêve est là et j'imagine Marine près d'une source d'eau bien sûr !

    Joli conte ! et tu as raison, pourquoi les elfes ont les oreilles pointues so what oh

    Bises Triskèle, je reviens doucement ! pas habituée à Windows 8

    Moral qui remonte un peu et avec le soleil ce jour j'étais sur le transat c'est bon pour ma capsulite des épaules

    J'ai trouvé un monde de Korrigans, elfes et lutins sur Facebook, je viendrai te mettre des images @++

    15
    Mercredi 14 Mai 2014 à 19:48

    Merci Petite Fleur, je savais qu'elle te plairait ma jolie elfe, je suis contente que tu ailles mieux, avec le soleil tout est moins difficile.
    Reviens quand tu voudras et passe une belle soirée, bises.

    16
    Jeudi 15 Mai 2014 à 12:28

    Merci pour le partage de ce joli conte, Triskèle. C'est important de garder tout au long de sa vie la faculté de retrouver cette petite porte ... Bises de Béa

    17
    Jeudi 15 Mai 2014 à 13:07

    Il faut remercier Julien, je ne suis qu'un maillon de la chaîne, mais ça me fait plaisir que ce conte vous plaise à toutes. (Tiens il n' a pas de tous???)
    Belle journée ensoleillée si possible Béa, et non pas avec le ciel que tu nous a posté, bises.

    18
    Vendredi 16 Mai 2014 à 14:36

    Et bien donc il y aura un Tous,qui se devait d'avoir lieu d'être également.Mais le problème de seulement 24 heures dans une journée me pose donc deux options...celle de revenir tranquillos relire ce très bel article et prendre ce temps de l'intégrer dans le coeur et l'âme de toute personne qui non ne réfute l'adulte,mais entretien une part d'enfant...ou celle de créer une 25 ième heure dans des journées si chargées en rsites réalités qui nous empèchent de s'évader.Biz à Toi.wink2

    19
    Vendredi 16 Mai 2014 à 14:49

    Ah! Mon cher Marco, je t'adore! Je savais que ton âme de dernier des Chevaliers de la Table Ronde prendrait plaisir à se promener dans ces lieux enchantés. Merci d'avoir trouvé une 25ème heure pour moi mon cher ami, je t'embrasse.

    20
    Mardi 20 Mai 2014 à 14:04

    quel beau conte me voilà plongé dans le rêve 

    bonne journée

    bises

    21
    Mardi 20 Mai 2014 à 14:09

    Ulysse, merci d'être le deuxième homme à être capable de rêver sur cette  belle histoire!
    Belle journée à toi, bises.

    22
    Dimanche 22 Juin 2014 à 11:07

    Très joli ce texte, chargé d'émotions. J'ai retrouvé mon âme d'enfant en le lisant... Merci à Julien pour l'avoir écrit et à Triskele pour l'avoir partagé.

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    23
    Dimanche 22 Juin 2014 à 11:37

    Et merci à toi Pianosh de l'aimer, tu me fais un grand plaisir. smile
    Bon dimanche, bises.

    24
    Samedi 3 Décembre 2016 à 11:16

    Bonjour ma petite Triskele,

    Merci pour ton commentaire et le lien.J'ai lu ce conte avec grand intérêt et j'ai adoré ! Ce monsieur écrit très bien, bravo à lui.

    Il est vrai que les Elfes sont généralement représentés avec des oreilles pointues et des ailes.Dans la trilogie du Seigneur des Anneaux, elles/ils ont les oreilles pointues mais pas d'ailes.

    A mon tour de te souhaiter un agréable week-end.

    Gros bisous et amitié sincère.

    Florence

      • Samedi 3 Décembre 2016 à 12:37

        Bonjour Florence, je savais que ça te plairait!

        Merci d'être venue et bon week-end à toi aussi, bises.

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