• Le Taureau

    Le Taureau

    Le Taureau

    Dieu parmi les dieux

    Figure essentielle de l'art paléolithique, le taureau jouait également un rôle central dans les plus anciennes religions connues de la Méditerranée et de son pourtour (mont Bégo, Crète, Anatolie, etc). On pense que le taureau était considéré comme l'agent visible de la force invisible qui meut et féconde la nature.

    C'est pourquoi les premières sociétés, notamment autour de la Méditerranée, ont dressé un culte à l'animal, symbole de puissance mais aussi de fertilité. Voici Apis et Hathor, en Égypte ; un peu plus loin, les habitants de la Crète, patrie du Minotaure, organisent des jeux acrobatiques mettant en scène ces bêtes avant de les sacrifier en hommage aux dieux.

    À son tour, Héraclès doit livrer combat à un taureau pour mener à bien ses douze travaux, tandis que Zeus n'hésite pas une seconde à en prendre l'apparence pour couronner de succès ses conquêtes amoureuses : comment la jolie Europe pouvait-elle en effet ne pas succomber à la beauté du noble animal ?
    Mais l'animal est aussi le héros de scènes moins religieuses : grâce à César qui, dit-on, aimait chasser l'aurochs sauvage en Grèce, il devient un acteur indispensable des jeux du cirque. On l'affronte lors des venationes (combats entre gladiateurs et animaux) ou on l'oppose à des fauves, éléphants ou encore rhinocéros. Mais des voix s'élèvent contre ces massacres, y compris plus tard parmi les premiers chrétiens.

    Le Taureau
    Taureaux paléolithiques représentés sur les parois de la grotte de Lascaux.

    Ainsi que dans beaucoup de religions asiatiques, le taureau avait été adopté, dès les premiers âges, par les Égéens, comme le symbole de la force et de l'énergie créatrice. Il devint plus tard l'emblème du Grand dieu qui faisait pendant à la Grande déesse, et joua, comme tel, un rôle important dans les légendes crétoises; il lui arriva même de s'incorporer à la nature divine : le Minotaure est analogue au dieu Taureau des Elamites, ou à l'Enki des Sumériens, qui était aussi "le taureau sauvage du ciel et de la terre".

    Le Taureau

    Chez les anciens Grecs et Romains, le taureau était la victime la plus ordinaire des sacrifices. Les Grecs l'immolaient à Zeus, à Arès, à Athéna, à Déméter à Aphrodite et à Apollon et les Romains à Jupiter, à Mars, à Minerve, à Cérès, à Vénus et aux Lares. 
    On choisissait des taureaux noirs pour Poséidon ou pour Neptune, pour Hadès ou pour Pluton et les dieux infernaux. Avant de les immoler, on les ornait de différentes manières : ils avaient sur le milieu du corps une grande bande d'étoffe ornée de fleurs , qui pendait des deux côtés. 
    Le taureau qu'on sacrifiait à Apollon avait ordinairement les cornes dorées.

    Le Taureau

    Tête de taureau symbolisant le dieu Taureau (Cnossos, Crète).

     Le taureau Aboudad joue un rôle important dans la cosmogonie perse; il naquit sans père et sans mère, simultanément avec Kayoumors, le premier homme; mais il était sans mouvement et sans parole, tandis que l'homme avait la faculté de se mouvoir et de parler. Le taureau fut mis à mort par Ahriman, et son âme consentit, à la sollicitation d'Ormuzd, à prendre soin des créatures qui étaient dans le monde, en attendant que le Ferouer de Zoroastre leur apprit à se préserver du mal. De la semence du Taureau, purifiée par la lumière de la lune, naquirent les plantes et les arbres, tandis que celle du premier homme donna naissance à un arbre représentant un homme et une femme unis, qui se divisèrent et devinrent Meschia et Meschiané.

    Il ne faut pas confondre ce taureau primordial avec celui que l'on trouve quelquefois réuni à la figure de Mithra, dans les compositions romaines. On représente celui-ci sous la forme d'un jeune homme d'une belle figure, coiffé du bonnet phrygien, un genou appuyé sur un taureau renversé, auquel il plonge un poignard dans le cou. C'est, dit-on, un symbole de la force du soleil, lorsqu'il entre dans le signe du Taureau.
    Le taureau est un des douze signes du zodiaque; les mythes racontent que c'est l'animal sous la figure duquel Zeus enleva Europe, d'où il fut mis au nombre des constellations; selon d'autres, ce serait Io, que Zeus aurait enlevée au ciel après l'avoir changée en génisse.

    Le taureau est honoré en Inde, et par la propre excellence qu'on lui attribue, et comme personnification de Nandi, monture du dieu Shiva. 

    Le Taureau
    Statue du Taureau Nandi, à Pashupatinath (Népal).
    © Photos : Serge Jodra, 2011.

    Le culte du taureau se retrouve jusqu'aux extrémités de l'Orient.
    C'est lui qui donne la fécondité à la Lune, dans la théologie des Perses (Zend-Avesta). Le taureau est une des grandes divinités du Japon. Dans un temple de Miyako, au Japon, l'on voit sur un autel fort large et de forme carrée, un taureau d'or, dont le cou est orné d'un collier très précieux; il tient un oeuf de ses deux pieds de devant, et le heurte avec ses cornes, comme s'il voulait le briser. (Un symbolisme qui rappelle celui de Dionysos , élevé par les Hyades, ou étoiles du Taureau, qui était quelquefois représenté avec des pieds et des cornes de taureau, auprès duquel on plaçait l'oeuf orphique, symbole de la nature qui produit tout).


    Taureau dans l'Égypte antique (Le Louvre)

    Le TaureauDans l'Égypte antique, le taureau est l'animal sacré par excellence. Symbole de force physique, de fertilité et de puissance sexuelle, on trouve des traces de sa vénération sur les gravures rupestres préhistoriques.
    La queue de taureau était l'un des attributs du pharaon ; trophée attaché à la ceinture du roi, il lui offrait la puissance de l'animal sacré.
    Les Égyptiens révéraient le taureau ou boeuf sacré, sous le nom d'Apis. A une époque tardive, cet Apis était devenu le type du taureau, signe équinoxial, alors premier des douze signes du zodiaque, qu'Osiris, c'est-à-dire ici le Soleil, avait rendu dépositaire de la fécondité. 

    En Sumérie, Enlil, le dieu taureau, est alors vénéré comme dieu de l'orage et de la fécondité.

    En hébreu, la première lettre de l’alphabet, alef, qui signifie taureau, est le symbole de la lune à sa première semaine. Beaucoup de lettres, de hiéroglyphes, de signes sont en rapport simultané avec les phases de la lune et avec les cornes du taureau, souvent comparées au croissant de lune.

    Pour mémoire, tout le monde connait l'épisode de l'adoration du Veau d'Or dans l'histoire de Moïse, qui est encore le culte du Taureau.


    Le taureau tricorne
    En Gaule, l'iconographie comporte un taureau aux trois grues (équivalent probable des cygnes insulaires) et un taureau à trois cornes, lequel est probablement un symbole guerrier incompris à l'époque gallo-romaine.
    Pourquoi trois? "Multipliés par la triade sacrée celtique, les symboles de force et la capacité reproductrice de cet animal s’en trouvent renforcés", explique le professeur Daniel Paunier.
    Sa présence en Gaule est importante, si l’on en juge par le grand nombre de statues ou statuettes de ce genre retrouvées en Suisse et en France, et qui témoignent d’un culte rendu à cet animal.

    Le Taureau

    Il est important dans la mythologie et la vie quotidienne des Celtes. Le vol de bovins est probablement au coeur de nombreux conflits entre différents groupes et il joue un rôle important lors les fêtes. On trouve la présence de cet animal dans le mythe dès 3000 ans avant J.-C.
    Un sacrifice de taureau est d'ailleurs représenté sur le célèbre chaudron de Gundestrup.

    Le taureau ne semble pas avoir eu une valeur symbolique exclusive de virilité et il n'est pas certain que sa signification première soit à rechercher dans la dualité ou dans l'opposition sexuelle avec la vache. Le taureau est en effet, en Irlande, l'objet de métaphores surtout guerrières. Un héros ou un roi de grande valeur militaire est souvent appelé le taureau du combat. D'autre part, le taureau est la victime de ce qu'on appelle en Irlande le festin du taureau, première partie du rituel de l'élection royale, telle que la raconte le texte de la Maladie de Cuchulainn. On sacrifie l'animal, un poète mange de la viande, boit du bouillon à satiété, s'endort et, dans son rêve, voit le candidat-roi qui doit être choisi par l'assemblée des nobles. La seconde partie du rituel (qui concerne le roi élu) a pour victime le cheval, mais il est tout aussi guerrier que lui et le sacrifice des taureaux blancs raconté par Pline (Hist. Nat. 16, 249) à propos de la cueillette du gui est un ancien rituel royal, ayant perdu toute raison d'être par suite de la conquête romaine et de la disparition de toute vie politique indépendante. Car le taureau est, comme le cheval , un animal royal : Deiotaros taureau divin.

    Le Taureau

    Statuette de taureau tricorne, Musée de St Germain en Laye.

    Le taureau est bien un animal primordial. Dans le récit de la Razzia des Vaches de Cooley, où un taureau brun et un taureau blanc se combattent à mort, l'un représente l'Ulster et l'autre le Connaught : les posséder signifie posséder la souveraineté guerrière, d'autant plus que l'un et l'autre ont l'intelligence et la voix.

     La victoire sur le taureau, symbole patriarcal de la défaite de la déesse-mère
    Si les corridas existent encore, c'est pour une raison simple: la victoire sur le taureau est une démonstration de force patriarcale. Ceux qui sont fascinés par les corridas ne voient pas un animal: ils imaginent un monstre symbole de virilité, vaincu par plus fort que lui.

    Au début de l'humanité, la femme avait une valeur inestimable, car elle donnait la vie. Cette période fut celle du matriarcat, marquée par le culte de la déesse-mère.

    Les déesses-mères étaient vénérées comme symbole des femmes donnant la vie; la première vision du monde est celle du culte de la vie. La femme donnant la vie, elle a une valeur supérieure à l'homme.

    Le taureau est justement utilisé comme moyen de concurrencer le culte de la vie et de la déesse-mère. Au lieu des femmes, c'est le soleil et le sang qui vont être salués comme symboles de la vie. Le taureau répond aux besoins du patriarcat: il représente la force, la puissance, la fécondité. Son sang répandu dans les sacrifices sera le nouveau symbole de la vie. Mais le taureau reste un symbole fort: aujourd'hui encore la légende du Minotaure est très connue, justement pour cette raison: le patriarcat permet aux hommes de se reconnaître en Thésée qui a dominé le taureau, mais en fait aussi tous les animaux.

     

     

     

    http://laterredabord.fr/articles9/tor.html - http://www.cosmovisions.com/$Taureau.htm
    http://www.arbre-celtique.com/encyclopedie/taureau-926.htm - http://www2.unil.ch/unicom/allez_savoir/as20/religion/religion5.html - https://www.herodote.net/Moeurs-synthese-531.php

     

     

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  • Commentaires

    1
    Mardi 15 Mai 2018 à 13:23

    Bonjour Triskèle,

    Un article très intéressant. Je réalise que le taureau est vénéré ou tout au moins mis à l'honneur dans beaucoup de pays. Il faut dire que c'est un animal à la stature imposante donnant un sentiment de force et de toute puissance. D'ailleurs il a été représenté un grand nombre de fois et les sculptures en rendent compte.

    Belle journée à toi, Triskèle.

    Bisous

      • Mardi 15 Mai 2018 à 14:08

        Bonjour Sérénita, en effet on trouve le Taureau partout, du plus loin que remontent les rituels adorateurs, et je n'ai pas parlé de tout, il faudrait un livre entier.

        Merci à toi et bonne fin de journée, bises.

    2
    Mardi 15 Mai 2018 à 13:28

    Bonjour très intéressant 

    Je suis contre toutes barbaries, envers cet animal tel quelle en soit la raison 

    Ici tu nous contes son parcours  de la Rome antique, la mythologie jusqu’à nous 

    douce journée mes amitiés Triskèle bises

      • Mardi 15 Mai 2018 à 14:11

        Bonjour Béa, je suis également contre les corridas tu t'en doutes bien; les Crétois jouaient à sauter par-dessus le taureau mais ne lui faisaient aucun mal. Ce qu'on nomme la civilisation n'est pas toujours un progrès.

        Merci et bonne fin de journée, amitiés.

      • Vendredi 25 Mai 2018 à 11:56

        Idem 

        la corrida 

        est ce que ce monde est sérieux ......

        comment peut on se réjouir de la souffrance d’autrui !!!

         

         

      • Vendredi 25 Mai 2018 à 12:25

        Nous sommes d'accord! Merci de ton passage Bruno, bises.

    3
    Mardi 15 Mai 2018 à 14:13

    Merci bises amitiés 

    4
    Mercredi 16 Mai 2018 à 11:23

    Le taureau est un très bel animal et je comprends qu'il ai beaucoup fasciné, mais je suis absolument contre les jeux avec cet animal, contre toute forme de corrida, l'animal n'est pas un jouet et doit être respecté, quand auront nous un politique assez courageux pour interdire définitivement tous ces actes barbares

    Amicalement

    Claude

      • Mercredi 16 Mai 2018 à 12:05

        Bonjour Claude, évidemment, on commence à peine à comprendre que les animaux sont des êtres vivants, sensibles et conscients et non pas des jouets; il en  a fallu du temps et il y a encore beaucoup de chemin à faire pour certains.

        Merci et bon après-midi, amitiés.

         

    5
    Jeudi 17 Mai 2018 à 09:53

    Bonjour

    j'admire la force des taureaux, de beaux animaux paisibles si on ne les embêtent pas ah ah ah

    souvent dans les récits on présente ces animaux comme nuisibles ou dangereux mais ils peuvent etre bien paisibles et gentils

     

    un court metrage dessin animé de Disney

    a voir (en anglais uniquement)

    https://www.youtube.com/watch?v=UN62cxSs5Q8

     

    je n'aime que les corridas portugaises, eux ils ont le respect de l'animal et ne tuent jamais les taureaux , c'est juste un jeu qui se fait dans leur corrida et l'animal combatif s'en sort et continue sa vie

      • Jeudi 17 Mai 2018 à 10:18

        Bonjour Philippe, je ne connais pas du tout les corridas portugaises, mais je connais Ferdinand, il est bien mignon, merci! smile

        Passe une belle journée, bises.

    6
    Jeudi 17 Mai 2018 à 12:31

    ah la vache !

      • Jeudi 17 Mai 2018 à 13:05

        Ne serais-tu pas du signe du taureau Peache?

    7
    Jeudi 17 Mai 2018 à 23:25

    que nenni ! et c'est bien dommage que ces  beaux spécimens de bovidés soient assimilés à des Dieux, ils ne sont pas responsables de la bêtise humaine ............

    bonan semajfinon, Amikino

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    8
    Mercredi 23 Mai 2018 à 11:27
    Pourquoi les humains ont-ils toujours dû faire souffrir les animaux ???
    Bonne journée Triskèle
      • Mercredi 23 Mai 2018 à 12:06

        Une question que je me pose chaque jour. Même quand on les vénère comme des dieux on les sacrifie!

        Merci Coyote, bonne journée à toi aussi, bises.

    9
    Dimanche 27 Mai 2018 à 11:31

    J'ai eu la chance vu mon âge de visiter la vraie grotte de Lascaux où j'ai pu voir les fresques originelles de ces hommes préhistoriques.j'aimerais bien revoir tout cela....

    Bon dimanche.

      • Dimanche 27 Mai 2018 à 17:48

        Bonsoir Baba, la chance comme tu dis, ça doit être une expérience inoubliable. Ces  hommes étaient de véritables artistes.

        Merci et passe une agréable soirée, amitiés.

    10
    Jeudi 12 Juillet 2018 à 17:54

    Pauvre taureau, vénéré et sacrifié ... Je ne ferai pas lire cet article à mon mari, il est "taureau" et pourrait prendre la grosse tête ... Je précise, il n'a pas de cornes  et il n'y a pas de corrida chaque soir wink2 winktongue Bonne fin de journée Triskèle, j'allais oublier de te dire que ton article m'a fortement intéressée.

      • Jeudi 12 Juillet 2018 à 19:05

        Je suis bien certaine que ton mari n'a pas de cornes! smile Je suis ravie que cet article t'ait intéressée.

        Merci infiniment ma chère Béa d'avoir fait tous ces efforts pour rattraper ton retard bien compréhensible, je t'embrasse et je te souhaite une douce soirée, prends soin de toi.

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