• Ophélie

    Ophélie est un des personnages de Hamlet, « revenge tragedy » de Shakespeare publiée vers 1601.
    Fille de Polonius et soeur de Laërte, elle va sombrer dans la folie lorsque Hamlet (son amant qui l’a délaissée) assassine son père. Sa mort est relatée par la reine dans la scène 7 de l’acte IV.
    Accident ou suicide, le mystère reste entier.
    Peinture de John Everett Millais. 

    Ophélie

     I

    Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
    La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
    Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles...
    - On entend dans les bois lointains des hallalis.

    Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
    Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir
    Voici plus de mille ans que sa douce folie
    Murmure sa romance à la brise du soir

    Le vent baise ses seins et déploie en corolle
    Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ;
    Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
    Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.

    Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle ;
    Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
    Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile :
    - Un chant mystérieux tombe des astres d'or

    II

    O pâle Ophélia ! belle comme la neige !
    Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté !
    C'est que les vents tombant des grand monts de Norvège
    T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté ;

    C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure,
    À ton esprit rêveur portait d'étranges bruits,
    Que ton cœur écoutait le chant de la Nature
    Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ;

    C'est que la voix des mers folles, immense râle,
    Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux ;
    C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle,
    Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux !

    Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle !
    Tu te fondais à lui comme une neige au feu :
    Tes grandes visions étranglaient ta parole
    - Et l'Infini terrible effara ton œil bleu !

    III

    - Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles
    Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis ;
    Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles,
    La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.

     

    Arthur Rimbaud

    « L'Arbre de NoëlLe Gui »

  • Commentaires

    1
    Vendredi 26 Décembre 2014 à 11:30

    bonjour triskèle

    j'ai déjà lu Rimbaut, mais je ne connaissais ce poême, il est magnifique

    bonne journée

    bises

    2
    Vendredi 26 Décembre 2014 à 11:56

    Bonjour Ulysse, en effet j'aime beaucoup ce poème un peu de nostalgie pour cette fin d'année, et ça me réjouit qu'il te plaise aussi.

    Je te souhaite une très bonne journée et une agréable fin d'année avec ceux que tu aimes, bises amicales.

    3
    Samedi 27 Décembre 2014 à 04:18

    on va dire que c'est un suicide accidentel, ou bien, va savoir, un accident suicidaire ! On ne sait jamais avec ce vieux William !

    et Rimbaud, qu'en dire si ce n'est : c'est du Rimbaud !!!!

    4
    Samedi 27 Décembre 2014 à 06:48

    Bonjour Peache, oui j'aime bien suicide accidentel! smile Cette pauvre Ophélie aura marqué tous les romantiques.

    Merci de ton commentaire et passe un bon week-end et une agréable fin d'année, amitiés.

    5
    Samedi 27 Décembre 2014 à 09:57

    Poème très nostalgique...

    excellente la photo des chats en file !

    bon week-end !

    6
    Samedi 27 Décembre 2014 à 10:30

    smile Merci Coyote, bon week-end et joyeuse fin d'année, bises.

    7
    Samedi 27 Décembre 2014 à 11:38

    Bonjour Triskèle !

    Je ne connais pas du tout l'histoire d'Hamlet et celle d'Ophelie donc....Lirais-je un jour du  Shakespeare....telle est la question !!! Isn't it ? ;)

    Beau texte de Arthur Rimbaud :)

    A bientôt :)

    Bises smile

    Stéphane ^^

     

    8
    Samedi 27 Décembre 2014 à 11:51

    On apprend à tout âge mon cher Stéphane, merci de ta visite,
    bon week-end et joyeuse fin d'année, bises.

    9
    Samedi 27 Décembre 2014 à 17:13

    Moi, j'y comprend rien en poésie... tout ce que j'ai compris, c'est que le cadavre d' Ophélie flotte depuis 1000 ans comme un lys... faudrait faire quelque chose, non ? he

    10
    Samedi 27 Décembre 2014 à 17:33

    smile Hi hi Pianosh, tu te portes volontaire pour aller la chercher? Elle doit être prise dans les herbes de la berge. Je t'accompagne, mais habille toi bien il commence à faire froid!
    Belle fin de semaine et d'année pendant que j'y suis, mais sois sage, bises.

    11
    Dimanche 28 Décembre 2014 à 10:31

    Beau personnage que celui d'Ophélie, romantique bien avant la lettre et bien beau poème. Bon dimanche Triskèle - bises

    12
    Dimanche 28 Décembre 2014 à 10:56

    Merci Fardoise, bon dimanche à toi aussi et de belles fêtes de fin d'année, bises.

    13
    Lundi 5 Janvier 2015 à 16:41

    Coucou Triskèle, le premier de cette année 2015 que je te souhaite très belle. Une poésie très romantique, chaque vers est un délice, j'adooore ... Bises

    14
    Lundi 5 Janvier 2015 à 17:31

    Bonsoir Béa, une très bonne année à toi aussi, qu'elle réalise tous tes désirs, merci beaucoup.

    Bonne soirée, bises.

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