• Les Laminak

    Les Laminak

    Légende Basque

    On dit que dans les grottes d'Oxocelaya vivent des petits êtres mi-fées, mi-lutins; taquins, ils entrent parfois dans les maisons pour y faire quelques farces.
    Lamina ou lamiña (pluriel laminak) est le terme basque désignant un être fantastique de la mythologie basque, un esprit de la nature ou génie d'apparence humaine.

    Leurs légendes se rapprochent de plusieurs légendes ou mythologies venant d’autres régions.


    Laminak souriant
    (Photo prise à la surface d'un torrent à Loudenvielle- ©DM)

    Malgré le volume de textes écrits sur eux, les laminak restent assez méconnus. Le plus souvent, les laminak sont dépeints soit comme des lutins mâles, soit comme des femmes de taille normale dont le bas du corps est pourvu de caractéristiques animales: pieds palmés, pattes de poules, sabots de chèvre ou queue de poisson. (Sirènes ou Mélusine?)
    Leur apparence varie selon les régions ou localités d’où provient le rapport ou selon le rôle qui leur est prêté dans l’histoire. On peut dégager toutefois deux grandes tendances:
     
    - Soit les laminak sont représentées comme des jeunes femmes. Ressemblant à une mortelle, souvent d'une grande beauté, la lamina n’est cependant jamais complètement humaine. Elle se distingue par la forme de ses pieds (pattes d’oie, de poule, de chèvre) ou encore par la couleur cuivrée de sa peau. On s’entend à lui prêter une longue chevelure blonde qui descend librement jusqu’à la taille. Dans les régions côtières, elle est représentée comme une sirène.


    Statue représentant une lamina aux pieds palmés dans le quartier de Garagartza à Arrasate
    (province du Guipuscoa, Communauté autonome du Pays basque).

    - Soit les laminak revêtent l’aspect de tout petits bonshommes. Certaines descriptions les font extrêmement velus, jusque sur le visage.
    On trouve des variantes intermédiaires: petits bonshommes aux pieds palmés, petites femmes comparables aux fées de l‘imaginaire européen, ou bien encore des caractéristiques plus singulières leur sont parfois attribuées: certains sont supposés avoir une lumière qui leur sort de la bouche, d’autres sont des femmes de petite taille avec un seul œil au milieu du front, ailleurs ils sont imberbes, sauf un rond de poils sur la nuque…

    Ils habitent dans les grottes des montagnes ou sous les roches, également auprès des sources et des ruisseaux. (Comme les Huldulfölks).
    Parfois le thème de la demeure souterraine est directement lié à celui de l'eau, comme au pont d'Utsalea à Saint-Pée-sur-Nivelle où ils vivent sous l'arche ou encore aux grottes dites Laminenziluak (les trous des laminak), à Camou-Cihigue dans la Soule, où naissent trois sources dont une d’eau chaude à laquelle sont attribuées des propriétés curatives.

    Le thème de l’or est fréquemment associé aux laminak. Ils gardent des trésors dans certaines de leurs grottes (tout comme les nains de la mythologie nordique). Les femmes laminak sont souvent décrites en train de peigner leur longue chevelure, auprès d'une source ou à l’entrée de leur maison, à l’aide d’un peigne d'or. Elles ont parfois une chevelure blonde comparée explicitement à l'or ou des vêtements dorés.

    Le thème revient plusieurs fois sous la forme du vol du peigne d’or ou de cadeaux d'or faits par les laminak. Une légende illustrant typiquement ce dernier motif est la suivante : une lamina de la caverne d'Akelarre, près de Zugarramurdi, est sur le point d'accoucher. Son époux se rend à la ferme Lekuberri pour chercher une sage-femme. La maîtresse de maison l'accompagne à la caverne. En signe de gratitude, les laminak lui font don d'une quenouille et d'un fuseau en or mais elle ne devra pas regarder en arrière tant qu'elle n'aura pas franchi le seuil de sa maison. Pendant le trajet de retour, la femme entend de grands bruits mais elle a la présence d'esprit de ne pas se retourner. Sur le pas de sa porte, la curiosité est plus forte et elle regarde. Comme elle avait quand même un pied dedans, seule la moitié de ses cadeaux lui est enlevée.
    Une autre histoire: un homme fut contraint par l'orage à se réfugier dans une grotte. Un lamina l'accueillit et lui fit don à son départ d'un morceau de charbon. À l'air libre, le charbon se changea en or pur.
    Si d'aventure les humains perdent les cadeaux qui leur sont faits, c'est seulement par bêtise ou excès de cupidité.

    Les laminak travaillent la nuit. Ce sont des ouvriers doués et infatigables.
    Les femmes laminak excellent en tant que filandières. Elles cousent et filent avec le fuseau et la quenouille. Quelques contes tournent autour du thème du linge extraordinairement blanc qu’elles lavent de nuit dans les rivières. (Comme les lavandières de Bretagne.)

    De nombreux lieux au Pays basque, autant du côté français qu'espagnol, leur doivent leur nom et la construction de plusieurs ponts, églises ou autres bâtiments leur est attribuée.
    On attribue aux laminak de fabuleux talents de bâtisseurs. Plusieurs récits décrivent comment ils construisirent en l'espace d'une seule nuit un édifice, tels le pont de Licq, les maisons-fortes Donamartia (XIVe siècle) à Lecumberry ou Lastaunea (fin XIIIè siècle) à Ispoure, l’église d’Espès ou d’Arros, des maisons (ferme Larramendia à Juxue, maison Gentein à Ordiarp), un moulin comme à Lacarry ou un dolmen comme à Mendive.
    D’une façon générale, on admet que les laminak vivent sous terre et sortent la nuit car ils ne supportent pas le soleil (ils s’enfuient au chant du coq). C’est pourquoi souvent leurs constructions ne sont pas tout-à-fait terminées.


    Panneaux à Licq-Atherey attribuant la construction du pont aux laminak.

    La légende du pont de Licq est célèbre.
    Une version raconte que les laminak avaient passé un marché avec les gens du village. Ils construiraient le pont et, en échange, ils recevraient la plus belle fille de Licq. Au moment précis où les laminak allaient poser la dernière pierre, l'amoureux de la belle – qui bien sûr n’était pas satisfait de ce pacte - dupa les petites gens en faisant chanter un coq: croyant le jour venu, les laminak lâchèrent la pierre et se sauvèrent en toute hâte. Le bloc ne put jamais être remis en place par les villageois et il resta un trou. (comme le diable du Pont Valentré).

    On constate que l’attitude des laminak à l’égard des hommes est ambiguë et peut varier du meilleur au pire, depuis une grande sympathie (abri offert et don spontané) jusqu’à une forte malignité (rapt de jeunes filles) en passant par des attitudes intermédiaires de vengeance justifiée, de pactes ou d’échanges de services.
    Pour se venger d’un paysan, les laminak pouvaient couvrir son champ, toujours en une seule nuit, de blocs de pierre énormes.
    A l‘inverse, ils se montreront spontanément reconnaissants vis-à-vis de ceux qui leur font des petites offrandes de nourriture, en favorisant leurs récoltes ou en exécutant de bon cœur divers petits ouvrages pour leurs bienfaiteurs. Ils acceptent volontiers les mortels dans leurs maisons et leur font des dons.

    Le mariage impossible
    D’autres histoires qui se terminent toujours mal mettent en scène l’amour d’un berger pour une lamina. La plus triste raconte la mésaventure d’un jeune homme de la maison Korrione dans le quartier Garagarza à Arrasate qui rencontra une belle jeune fille dans la montagne près de la grotte de Kobaundi. Il tomba amoureux d’elle et lui promit le mariage. La mère du jeune homme le mit en garde : savait-il bien au juste qui était son amoureuse ? Si elle avait des pieds d’oie, c’était une lamina. Le jeune homme découvrit la vérité sur sa belle et en conséquence se dédit. Il en mourut de chagrin. La belle lamina se rendit au village pour veiller son corps, elle le recouvrit d'un linceul qu'elle sortit d'une coquille de noix. Elle suivit le cortège funèbre mais ne pénétra pas dans l'église.

    Il est intéressant de remarquer comment plusieurs légendes — indifféremment du XIXe ou du XXe — font état des laminak comme appartenant à un passé proche mais révolu. Leur disparition est expliquée soit par l'ère industrielle (par exemple le développement des manufactures d'armes de la ville d’Eibar), soit par les avancées de la christianisation: les laminak auraient disparu des environs à cause des processions des Rogations, ou du son des cloches de l'église, ou de la construction d'un ermitage ou d'une chapelle. (On dit la même chose des fées ou de tous les êtres de la nature).

    Toutefois, en 1972, Barandiarán signalait que jusqu'à une époque relativement récente, certaines personnes continuaient à croire en l'existence des laminak. Ces croyances prenaient l'aspect d'un compromis que résumaient deux proverbes basques : « tout ce qui a un nom doit exister » ; « on ne doit pas croire qu’ils existent ; il ne faut pas dire qu'ils n'existent pas ». On faisait aux laminak des offrandes de nourriture, gâteaux de maïs, bouts de jambon, verres de cidre laissés le soir dans la cuisine, terrine de lait ou de caillé que les bergers déposaient dans certaines grottes, aliments que les paysans plaçaient à la limite de leurs champs en guise de propitiation. (Offrandes que les hawaïens font aussi aux Ménéhunens!)

     


    (Source : Wikipedia)

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  • Commentaires

    1
    Jeudi 5 Juin 2014 à 22:32

    Merci Triskèle pour cette nouvelle aventure pour un ailleurs ou un autre part. Ton blog engage aux voyages intérieurs. J'ignorais tous de ces créatures pourtant pas si lointaines que ça. Je me coucherai un peu moins ignorante.

    Douce soirée et encore merci de ce tout ce que tu nous partages.

    2
    Vendredi 6 Juin 2014 à 07:00

    Bonjour Kattelm, merci de ta visite et je suis contente si je te fais faire des découvertes, nous avons tous tant à apprendre. Je te souhaite une belle journée, on dirait que l'été arrive enfin, ce n'est pas trop tôt! Bises.

    3
    Samedi 7 Juin 2014 à 12:06

    Bonjour Triskèle, lire ton article m'a fait très plaisir, j'ai grandi en compagnie des laminak...

    4
    Samedi 7 Juin 2014 à 12:17

    Ah oui? Tu es Basque Senta? Alors tu as peut-être des précisions à nous apporter, ce serait bien.
    Je suis allée voir ton dernier tableau, mais je n'ai pas osé t'écrire qu'il me faisait un peu peur smile, excuse moi, c'est surement un sentiment très personnel.
    Je te souhaite un bon week-end, bises.

    5
    senta
    Samedi 7 Juin 2014 à 13:35

    L'influence des laminak peut-être?... Je plaisante bien sûr, les laminak sont de gentils lutins, d'ailleurs plusieurs crèches de la région portent leur nom... Bises et bon weekend!

    6
    Lundi 9 Juin 2014 à 13:04

    Bonjour Triskele !

    Depuis que je me balade un peu partout dans la France, je m'aperçois que la France est riche de son patrimoine histoire et qu'il serait bien que l'on valorise davantage tout cela !

    Je suis en Normandie Triskele et je retourne souvent à la mer ... alors je fais partager ;)

    A bientôt ★

    Amitiés ★

    Bises ☆

    Stéphane ★

     

    7
    Lundi 9 Juin 2014 à 13:14

    Bonjour Stéphane, oui la France est un pays magnifique avec des régions tellement différentes et toutes si belles, avec chacune son patrimoine historique, culturel, mais aussi fait de traditions et de légendes!
    Encore merci pour ton partage, bises.

    8
    Lundi 9 Juin 2014 à 20:40

    C'est une belle histoire que celle de ce mariage impossible, qui porte à la mélancolie.Ton blog nous invite toujours  à l'aventure intérieure, je m'y promène souvent! Bises à toi!

    9
    Mardi 10 Juin 2014 à 07:04

    Merci de ta visite Volodia, tu reviens quand tu veux, la porte est toujours ouverte, belle journée et bises.

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    10
    Mercredi 11 Juin 2014 à 14:19

    Ma chère Triskèle,

    J'ai suivi cette histoire des Laminak avec beaucoup d'intérêt! J'aime beaucoup le Pays Basque, mais j'ignorais cette belle légende! On a envie, un fois après avoir pris connaissance de ton article, de laisser toujours en vue, de la nourriture et verre de lait pour ces petits êtres travailleurs et bâtisseurs!

    Merci ma Douce Triskèle, c'est tellement un plaisir de découvrir tes légendes, et très enrichissant!

    Aujourd'hui je souffre un peu moins et j'ai décidé de prendre mes antalgiques en quantité suffisante pour me soulager davantage, je crains toujours la dépendance avec les dérivés morphiniques donc je suis très vigilante et ne prends que lorsque la douleur est insupportable!Un grand merci pour ta douce présence, ça fait beaucoup de bien moralement car ces derniers jours ont été très difficiles!

    Très belle journée, je vais m'inscrire à ta newsletter! De gros bisous tendresse, demain je reviens pour lire ton dernier sujet (j'ai pris du retard...hihi) 

    11
    Mercredi 11 Juin 2014 à 14:59

    Bonjour ma petite Neige, on peut toujours laisser du lait et des friandises pour les petits êtres de la nature, même si on n'est pas au pays Basque! smile
    Prends bien soin de toi, quelques jours d'antalgiques ne t'induiront pas une dépendance, il est important de calmer les douleurs, surtout de ce genre, je sais de quoi je parle; j'espère que tu iras mieux très rapidement.
    Merci de ton inscription à ma toute récente newsletter, c'est gentil.
    A demain alors, qui j'espère te verra dans une meilleure forme physique, courage, je t'embrasse ma puce, et grand merci d'être tout de même venue me rendre visite.

    12
    Samedi 14 Juin 2014 à 10:47

    Article bien intéressant !

    Triste l'histoire du mariage impossible ...

    Bon week-end !

    13
    Samedi 14 Juin 2014 à 11:01

    Bonjour Coyote, oui si tu avais dans l'idée d'épouser une Lamina tu peux faire une croix dessus. smile
    Merci de ta visite et bon week-end à toi aussi, amitiés.

    14
    Mardi 17 Juin 2014 à 18:46

    Des lutins que je découvre grâce à toi, merci Triskèle. Bises à toi et bonne soirée.  Béa

    15
    Mardi 17 Juin 2014 à 19:04

    smile Bisous Béa.

    16
    Mercredi 18 Juin 2014 à 09:36

    Des génies bienveillants, merci Triskèle de nous les faire découvrir. Amitiés Fardoise

    17
    Mercredi 18 Juin 2014 à 10:02

    Merci de ton passage qui me fait plaisir Fardoise, belle journée et amitiés.

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