• Cerbère

    Cerbère


    Dans la mythologie grecque, Cerbère, chien à trois têtes, au cou hérissé de serpents et à la queue de dragon, issu du géant Typhon et du monstre Echidma, était le frère d'Orthus, de la Chimère, du Sphinx, de l'Hydre de Lerne et du Lion de Némée. Ses dents noires, tranchantes, pénétraient jusqu'à la moëlle des os, et injectaient dans leur morsure un poison mortel.
    Il était le gardien de l'entrée des Enfers. Il empêchait ainsi ceux passant le Styx de pouvoir s'enfuir.

    Couché dans une grotte, sur la rive du Styx, où il était attaché avec des liens de serpents, il gardait la porte des Enfers et du palais de Pluton. Il caressait les ombres qui entraient, et menaçait de ses aboiements et des trois gueules béantes celles qui voulaient en sortir. Il était si hideux que si durant le voyage une âme osait le regarder, elle était changée en pierre.

     Il était enchaîné à l'entrée des Enfers et terrorisait les morts eux mêmes qui devaient l'apaiser en lui apportant le gâteau de miel qu'on avait placé dans leur tombe en même temps que l'obole pour Charon déposée dans la bouche. Mais Cerbère était aussi terrible pour les vivants qui essayaient de forcer la porte des Enfers, comme Pirithoos et Thésée, qui cherchaient à enlever Perséphone. Si un vivant osait s'aventurer dans ce monde souterrain, le Cerbère laissait couler sur lui sa bave vénéneuse qui le faisait mourir et il le dévorait.

    Le Cerbère était gourmand et Psyché qui était venue chercher la boite à cosmétique de Perséphone sur l'ordre d'Aphrodite l'endormit avec un gâteau trempé dans du vin drogué.
    La Sibylle de Cumes l'endormit aussi avec une pâte assaisonnée de miel et d'opium lorsqu'elle conduisit Enée aux Enfers.

    Cerbère était sensible à la musique et quand Orphée vint aux Enfers pour délivrer son épouse adorée, il exécuta sur sa lyre une mélodie si fascinante que Cerbère fut envoûté et Orphée réussit son exploit.

    Pour sa dernière épreuve, Héraclès fut chargé de le dompter, ayant été le seul jugé assez puissant pour le faire. Hadès le dieu des Ténèbres accepta que Héraclès affronte le monstre à condition qu'il le fasse sans armes.
    Réunissant toutes ses forces, Héraclès étrangla le monstre de ses mains nues.
     Il le ramena à Mycènes pour le montrer à Eurysthée. Celui-ci ne brilla pas par son courage et exigea qu'Héraclès ramène immédiatement le monstre aux Enfers.

    En Thessalie, et dans différents pays de la Grèce, on montrait des cavernes par où, disait-on, Hercule avait amené sur la terre ce monstre infernal. Mais, selon la croyance ou la légende populaire la plus répandue, c'était par la caverne du cap Ténare, en Laconie, que Cerbère, enchaîné et têtes basses, était venu à la suite de son vainqueur. En ce lieu, et en souvenir de cette victoire, on avait élevé un temple à Hercule, après avoir comblé le souterrain.

    Sur les médailles, les monnaies et les vases antiques, Cerbère accompagne toujours Pluton ; mais c'est dans les liens ou entre les mains d'Hercule que les peintres et les sculpteurs l'ont le plus souvent représenté.

    Cerbère

    (Capture de Cerbère, Boris Vallejo)


    Sources: Mythologica.fr et http://www.mythologie.ca/mythes/cerbere.html
    http://www.dicoperso.com/term/adb0aeb1aca2a35e,,xhtml

     

     


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  • Orphée et Eurydice

    Orphée ramenant Eurydice des enfers
    Camille Corot, 1861- Huston, Musée des beaux-arts

     

    Orphée et Eurydice


    Orphée était le fils d'Oeagre, roi de Thrace, et de Calliope, la Muse de l’éloquence et de la poésie épique.
     
    Orphée fut le poète et le citharède le plus célèbre qui n'ait jamais vécu dans l'Antiquité; il fut le fondateur de l'orphisme.
    Dès son enfance, en digne fils de sa mère, il montra de si grandes dispositions pour la poésie et la musique qu' Apollon lui fit don d'une lyre à sept cordes qu'avait conçue Hermès dans son jeune âge. Les Muses lui apprirent à en jouer et en leur honneur il rajouta deux cordes à sa lyre, pour rendre hommage aux muses au nombre de 9 dont faisait partie sa mère. Il passe pour être l'inventeur de la cithare.

    Par sa musique, non seulement il attendrissait les bêtes féroces mais il charmait aussi les arbres et les rochers au point qu'ils se déplaçaient pour le suivre et l'écouter.
    Bien sûr, aucune jeune fille ne pouvait résister aux notes tendres et apaisantes que faisait naître Orphée, mais aucune ne trouvait grâce à ses yeux, jusqu'au jour où il rencontra l'envoûtante Eurydice.
    Leur amour était si profond et si pur qu'ils décidèrent très rapidement de se marier.
    On sait peu de chose sur Eurydice hormis qu’elle est une dryade, c’est-à-dire une nymphe très timide sortant des arbres. Elle est belle telle la musique d’Orphée selon le mythe.

    Mais Jason, sur le conseil de Chiron, demanda à Orphée de se joindre aux Argonautes. Il s'embarqua sur l'Argo pour la Colchide et sa musique et ses chants les aidèrent à vaincre de nombreuses difficultés qui se présentèrent au cours de leur expédition.

    A son retour, il épousa la très belle dryade Eurydice et il s'installa en Thrace pour régner sur le peuple des sauvages Cicones. Le couple vécut très heureux et selon Diodore de Sicile, il eut un enfant appelé Musée qui devint le premier prêtre de Déméter à Eleusis.

    Mais ce bonheur idyllique et cet amour parfait allait être troublé par un drame atroce.
    Un jour, près de Tempé, dans la vallée du fleuve Pénée, Eurydice refusa les avances d’un dieu champêtre nommé Aristée qui se mit à la pourchasser, ou bien selon une autre version dansait-elle simplement avec des Nymphes, toujours est-il qu'elle posa malencontreusement son pied nu sur un serpent venimeux caché dans l'herbe drue qui la mordit à la cheville. Terrassée par le poison foudroyant la malheureuse Eurydice s'écroula sur l'herbe tendre.
    En vain Orphée employa le suc bienfaisant des plantes pour détruire l'effet du poison mais rien n'y fit et Eurydice mourut.

    Alors Orphée, inconsolable, vit que tout était perdu il prit la décision d'aller chercher Eurydice dans le royaume d'Hadès d‘où peu sont revenus vivants. Il se rendit à Ténare en Laconie où se situe l'entrée des Enfers et descendit courageusement au Tartare dans l'espoir de ramener son épouse. A son arrivée, utilisant sa lyre, non seulement il charma le passeur Charon, le chien Cerbère et les trois Juges des Morts par sa musique, mais il interrompit momentanément les supplices des damnés.
    Il entra sans peur et se présenta devant Hadès qui était accompagné de Perséphone son épouse.
    « Que viens-tu faire ici ? » demanda Hadès de sa voix forte. Alors, pour toute réponse, Orphée entonna un chant incroyablement triste. Les notes de sa lyre emplissaient toutes les salles du palais, d'abord douces et mélancoliques, puis fortes et vibrantes, semblables à la douleur du poète. L'ensemble, bien sûr, était si enchanteur que les divinités infernales s'apaisèrent…

    Hadès et Perséphone consentirent à laisser partir Eurydice. Mais ils y mirent une condition : Orphée ne devait pas se retourner jusqu'à ce qu'Eurydice soit revenue sous la lumière du soleil.
    Le jeune homme acquiesça avec joie et se mit en marche, suivi de sa jeune épouse.
    Eurydice suivit Orphée dans le sombre passage, guidée par la musique de sa lyre.
    Mais arrivé à la fin du voyage, alors qu’Orphée est sous la lumière du soleil, il se retourne avec hâte pour admirer sa bien aimée: celle-ci hélas n’avait pas encore franchi le seuil des Enfers. Il la vit à son grand malheur repartir pour toujours dans le royaume des morts.

     Orphée avait vu Eurydice pour la dernière fois ! Le pauvre garçon en fut désespéré. Il tenta à nouveau de convaincre Hadès de lui rendre son aimée. Mais il n'eut pas de seconde chance; le dieu resta insensible à ses supplications.
    Le poète se retira alors dans un lieu isolé où il chanta sa peine. Et nulle jeune fille ne put jamais le consoler.

    De nombreuses traditions circulent sur sa mort. La version la plus courante est que les Bacchantes ou Ménades éprouvèrent un vif dépit de le voir rester fidèle à Eurydice et le déchiquetèrent.
    Sa tête, jetée dans le fleuve Euros, vint se déposer sur les rivages de l'île de Lesbos, terre de la Poésie. Les Muses, éplorées, recueillirent les membres pour les enterrer au pied du mont Olympe, à Leibèthres, en Thessalie. On prétendait que sa tête continuait parfois à chanter dans son tombeau, symbole de la survie posthume du poète par son chant.

    D'après Ovide, Apollon affligé de la perte du Chantre, attacha au sol, par de tortueuses racines, toutes les Bacchantes présentes à la mort d'Orphée. Celles-ci ne purent plus bouger, et, attachées aux racines, elles ne pouvaient se débattre. Les racines commencèrent à grimper le long de leur corps, et le bois prit possession d'elles. Elles furent métamorphosées en arbres.

     

    Orphée et Eurydice

    Sur intervention d'Apollon et des Muses, la lyre figura comme constellation dans le ciel.

     

     

     

     

    http://www.iletaitunehistoire.com/genres/contes-legendes/lire/orphee-et-eurydice-biblidcon_076
     http://mythologica.fr/grec/orphee2.htm#sthash.cwzxdqyx.dpuf
    http://esoterophilie.com/lamour-jusquaux-enfers-le-mythe-dorphee-et-deurydice/

     

     


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  • Philémon et  Baucis

    Philémon et Baucis


    Dans une région reculée de l’ancienne Phrygie, il existe deux arbres que les voyageurs vénèrent et où ils viennent souvent déposer des fleurs, et pour cause, car l'un est un chêne, l'autre un tilleul mais ils n'ont qu'un seul tronc.
    L'histoire raconte comment ceci arriva et fournit la preuve de l'immense pouvoir des dieux et de la façon dont ils récompensent les humbles et les pieux.

    Nous ne connaissons Philémon et Baucis que par un unique récit, celui qu'en fit Ovide
    dans ses « Métamorphoses ». Il y nomma les dieux par leurs noms latins : Jupiter et Mercure.
    Cependant, comme il s'agit d'une légende grecque fort ancienne il m'a paru préférable de leur restituer leurs noms grecs.

    « Le récit d'Achéloüs suscite l'incrédulité de Pirithoüs concernant le pouvoir des dieux à provoquer des métamorphoses. Lélex prétend prouver le contraire par un récit.
    Il dit avoir vu personnellement en Phrygie un lieu où s'élevaient un chêne et un tilleul entourés d'un muret, près d'un lac. »

    C'était à une époque où les dieux avaient encore pour habitude de se promener sur Terre, pour se distraire, et pour voir comment les hommes se comportaient.
    Un jour, justement, Zeus, lassé de boire du nectar et de l'ambroisie qu'on lui servait toujours dans l'Olympe, lassé d'écouter la lyre d'Orphée et de regarder danser les muses, décida de faire une petite balade en Phrygie.
    Zeus voulut savoir jusqu'à quel point le peuple phrygien pratiquait l'hospitalité. Le père des dieux et des hommes s'intéressait très particulièrement à cette vertu puisque tous les hôtes, tous ceux qui cherchent refuge dans un pays étranger se trouvaient sous sa protection personnelle.

    Il se fit accompagner de son fils Hermès, qui était bien le plus amusant des dieux, toujours plein d'astuces. Hermès eut bien soin de quitter ses ailes pour n'être pas reconnu, et de laisser aussi son caducée.
    Et c'est ainsi qu'un jour, deux voyageurs d'aspect tout à fait ordinaire, qu'on aurait pu prendre pour de pauvres vagabonds coureurs de route, traversèrent une des régions montagneuses de la Phrygie. Les deux dieux se promenèrent au hasard à travers le pays.
    Ils arrivèrent dans une grosse bourgade, et, affectant de succomber de fatigue, ils frappèrent à toutes les portes, demandant l'hospitalité, de quoi se restaurer, et un coin pour dormir.
    Personne ne voulut les recevoir; toujours, on les congédiait avec insolence et la porte se refermait. Cent fois et davantage, ils répétèrent leur essai ; partout ils furent traités de la même façon.

    Sortant du bourg, ils arrivèrent au bord d'un petit étang et trouvèrent là une modeste cabane, couverte de chaume et de roseaux; c'était la plus pauvre de toutes celles qu'ils avaient vues jusqu'ici.
    Mais là, quand ils frappèrent, la porte s'ouvrit toute grande et une voix aimable les pria d'entrer. Ils durent se courber pour passer le seuil tant la porte était basse, mais quand ils eurent pénétré à l'intérieur, ils se trouvèrent dans une pièce chaude et accueillante et surtout très propre, où un vieil homme et une vieille femme aux doux visages leur souhaitèrent la bienvenue de la façon la plus amicale et s'affairèrent à les mettre à l'aise.

    Tous deux étaient âgés. Ils s'étaient mariés fort jeunes, et avaient vieilli ensemble dans cette misérable chaumière. Pauvres et sans bien, ils avaient su, par leur vertu, diminuer les rigueurs de l'indigence. Vivant seuls dans cette cabane, ils étaient sans maîtres ni serviteurs.
    Le vieil homme poussa un banc devant l'âtre et les pria de s'y étendre pour reposer leurs membres fatigués et la vieille femme y jeta une couverture. Elle se nommait Baucis, dit-elle aux étrangers, son mari s'appelait Philémon. 

    Ils vivaient depuis leur mariage dans cette chaumière et ils y avaient toujours été heureux. «Nous sommes de pauvres gens, mais la pauvreté n'est pas un si grand malheur quand on est prêt à l'accepter, et un esprit accommodant peut être lui aussi d'un grand secours », conclut-elle. Tout en parlant, elle vaquait à de menues tâches et se préoccupait de leur bien-être.
    Elle souffla sur les braises du foyer jusqu'à ce qu'un bon feu y reprit vie ; pour l'entretenir et faire bouillir la marmite, elle ramassa des copeaux et arracha quelques branches qui soutenaient la cabane; au-dessus des flammes, elle suspendit une petite marmite pleine d'eau; comme celle-ci commençait à bouillir, le mari rentra, portant un beau chou qu'il était allé cueillir dans le jardin. Le chou alla dans la marmite, avec une grande tranche du lard qui pendait à une poutre.

     Puis il prit dans un coin de la chambre un baquet de hêtre et le remplit d'eau chaude pour laver les pieds des voyageurs et reposer leurs membres fatigués. Au milieu de la chambre était un lit de bois de saule. Philémon étendit dessus un tapis dont ils ne se servaient que lors des grandes fêtes. Ce tapis, digne ornement d'un tel lit, était un habit fort usé: ce fut là qu'il fit placer, pour dîner, Zeus et Hermès.
    En attendant que le dîner fut prêt, il entretint ses hôtes pour les empêcher de s'ennuyer.

    Cependant Baucis préparait le couvert. Comme la table avait un pied plus court que les autres, elle y remédia en mettant une brique dessous. Après l'avoir bien essuyée avec de la menthe fraîche, elle y plaça des olives, des baies sauvages, des cornouilles d'automne conservées dans du vinaigre, des endives, du raifort, des radis, des raves, du fromage blanc pressé, des œufs cuits sous la cendre, des noix, des figues, des dattes, des prunes, des pommes odorantes.
    Elle alla cueillir des grappes de raisin sur la vigne qui couvrait une partie de la cabane,
    et les plaça avec les autres fruits. Au milieu de la table était un rayon de miel.
    Philémon et Baucis étaient pauvres, mais tout ce qu'ils avaient, ils le mirent à la disposition des voyageurs. Philémon posât devant ses hôtes des coupes en bois de hêtre, et une jarre en terre cuite contenant un vin qui avait un goût prononcé de vinaigre et largement coupé d'eau. Mais Philémon semblait heureux et fier de pouvoir joindre cet appoint à leur souper et il prenait grand soin de remplir chaque coupe à peine vidée.

    Les deux vieillards étaient si contents et tellement surexcités par le succès de leur hospitalité, qu'il leur fallut tout un temps pour s'apercevoir d'un étrange phénomène. La jarre restait toujours pleine; quel que fût le nombre de coupes versées le niveau du vin ne baissait pas.
    Alors Philémon et Baucis, s'apercevant du prodige, eurent peur.
    Ils comprirent que leurs hôtes étaient des dieux, et demandèrent pardon de ne leur offrir qu'un si modeste repas. Et comme ils avaient une oie familière, et fidèle gardienne de leur petite demeure, ils décidèrent de l'immoler en l'honneur de leurs visiteurs divins.
    « Nous avons une oie », dit le vieil homme. « Nous aurions dû la donner à vos Seigneuries. Mais si vous consentez à patienter un peu, nous allons la préparer pour vous. » Mais la capture de l'oie s'avéra une entreprise qui dépassait leurs maigres forces. Ils s'y essayèrent en vain et s'y épuisèrent, tandis que Zeus et Hermès, grandement divertis, observaient leurs efforts. L'oie leur échappa, et ils ne parvinrent pas à s'en saisir. Elle finit par se réfugier auprès des dieux eux-mêmes, lesquels défendirent qu'on la tuât.
    Et quand Philémon et Baucis, haletants et exténués, durent enfin abandonner leur chasse, les dieux sentirent que le moment d'agir était venu pour eux. Ils se montrèrent, en vérité, très bienveillants. «Ce sont des dieux que vous avez hébergés et vous en serez récompensés», dirent-ils. « Quant à ce pays inhospitalier qui méprise le pauvre étranger, il sera châtié, mais pas vous. »

    Zeus leur demanda alors d'abandonner leur maison et de les suivre jusqu'au haut de la colline voisine. Malgré leur grand âge et leur marche pénible, ils suivirent docilement Zeus et Hermès, que l'oie ne quittait plus.
    Le ciel se chargea alors d'énormes nuages. Parvenus sur les hauteurs, ils se retournèrent,
    et virent tout le bourg et les environs submergés. Tout le village fut englouti par les eaux,
    à l'exception de leur petite cabane.
    Stupéfaits, Philémon et Baucis ne virent plus que de l'eau partout la région tout entière était submergée, un grand lac les entourait. Les voisins ne s'étaient jamais montrés bien aimables pour le vieux couple, qui néanmoins pleura sur eux. Mais une autre merveille sécha les larmes des bons vieillards. La cabane qui depuis si longtemps était leur demeure se transformait sous leurs yeux en un temple majestueux, au toit d'or soutenu par des colonnes du plus beau marbre.

    « Bonnes gens », dit Zeus, « exprimez un vœu et nous vous l'accorderons aussitôt. » Les deux vieillards chuchotèrent un instant, puis Philémon parla: «Qu'il nous soit permis d'être vos ministres et les gardiens de ce temple. Oh, et puisque nous avons si longtemps vécu ensemble ne laissez aucun de nous demeurer seul, un jour ; accordez-nous de mourir ensemble.» Emus, les deux dieux acquiescèrent.
    Leurs souhaits s'accomplirent.

    Longtemps le vieux couple servit dans le grand édifice, et l'histoire ne dit pas s'il leur arriva parfois de regretter leur chaumière douillette et les flammes joyeuses de son âtre. Parvenus à la plus grande vieillesse, ils se trouvaient un jour l'un près de l'autre devant le temple, évoquant des souvenirs de leur vie passée.

    Tout à coup Philémon s'aperçut que Baucis se métamorphosait en arbre, en un magnifique tilleul, et Baucis, de son côté, fut étonnée de voir Philémon devenir un superbe chêne.
    Ils s'adressèrent alors les adieux les plus tendres, qui cessèrent peu à peu, devenant comme un doux murmure dans leurs branches et sous leur feuillage.
     Puis une écorce les entoura. Ils n'eurent que le temps de s'écrier tendrement : « Adieu, cher compagnon» ; les mots avaient à peine passé leurs lèvres qu'ils étaient transformés en arbres. Mais ils étaient toujourPhilémon et  Bauciss ensemble ; le chêne et le tilleul n'avaient qu'un seul tronc.

    « Ainsi, prêtres du temple, ils firent aux pèlerins les honneurs des lieux, jusqu'au jour de leur métamorphose en deux arbres voisins, devenus objets de vénération. Tel fut le récit de Lélex. »

    Aujourd'hui encore, les voyageurs peuvent voir, dans cette région, auprès des ruines d'un temple situé au bord d'un lac, deux arbres voisins, un chêne et un tilleul qui n‘ont qu‘un seul tronc.
    Souvent, à leurs branches, sont suspendues des guirlandes de fleurs.

     


    http://www.yrub.com/mytho/mythphilemonbaucis.htm
    http://bcs.fltr.ucl.ac.be/METAM/Met08/Mo8-Plan.htm
    http://lachenaie.over-blog.fr/article-33282882.html

     

     


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  • Narcisse et Echo

    Pour Emba

    Narcisse
    Dans la mythologie grecque, Narcisse est un chasseur originaire de Thespies en Béotie. Il est le fils de la nymphe Liriope violée par le dieu fleuve Céphise.
    A sa naissance, le devin Tirésias, à qui l'on demande si l'enfant atteindrait une longue vieillesse, répond : « Il l'atteindra s'il ne se regarde pas. » Il se révèle être, en grandissant, d'une beauté exceptionnelle mais d'un caractère très fier et dur: il repousse de nombreux prétendants et prétendantes, amoureux de lui, dont la nymphe Écho.

    Echo
    L'Air et la Terre avaient une fille : Écho, Nymphe des sources et des forêts du mont Hélicon. Elevée par les nymphes, instruite par les Muses, Echo recherchait la solitude, et fuyait les dieux et les hommes.
    Cette charmante nymphe vivait dans les bois aux côtés de la déesse Artémis. Elle allait de rivières en torrents; les arbres lui servaient de toit, la mousse et les jeunes pousses de lit. Elle ne connaissait ni tourment ni ennui.

    L’aventure
    En ces temps-là vivait dans une nature heureuse un jeune homme d'une rare beauté. Né d'une nymphe et d'un fleuve, de Liriopée et du Céphyse, Narcisse ne connaissait pourtant pas l'amour. Nombreux furent les jeunes filles et les jeunes gens qui le désirèrent mais lui, drapé dans une innocente splendeur, les dédaigna. Probablement ne les vit-il même pas ! Un jour qu'il chassait le Cerf, la nymphe Echo l'aperçut.

    Echo, il faut le reconnaître, était une bavarde impénitente. Un jour qu'elle babillait avec les autres nymphes, Écho fut accusée pas la grande déesse Héra d'aimer son époux infidèle. Enfin, d'après un récit d'Ovide, Echo aurait favorisé les amours de Zeus en amusant Héra de son bavardage pendant que le maître des dieux courtisait les nymphes. Mais Héra s'aperçut du stratagème: elle changea alors la jeune fille en écho, la condamnant à ne plus pouvoir répéter que le dernier mot.
    C'était une injustice, mais Héra, aveuglée par la colère, refusa d'écouter Écho, qui l'implorait. « Tu veux donc avoir le dernier mot ! », clama la déesse, folle de rage, "avec cette langue, dit-elle, qui fut pour moi trompeuse, il ne te sera donné d'exercer qu'un faible pouvoir, et tu ne feras plus de la parole qu'un très bref usage". Depuis lors Echo, la nymphe à la voix sonore, ne put que redoubler les sons et répéter les paroles entendues. Ni phrase ni rire ne sortait plus de sa bouche. Elle répétait seulement les derniers mots qu'elle entendait. Écho était au désespoir. Cette punition était d'autant plus cruelle que notre jolie nymphe tomba éperdument amoureuse…

    Écho aimait Narcisse. Ce garçon était tellement plaisant que toutes les nymphes et toutes les jeunes filles espéraient recevoir de sa part un baiser. Mais le jeune homme était indifférent aux beautés qu'il croisait. Et jamais il ne sentait la présence d'Écho, qui le suivait pourtant aussi fidèlement que son ombre. La nymphe l'observait sans pouvoir lui parler, avec l'espoir pourtant d'en être un jour aimée. Un beau matin, elle tenta toutefois de se faire remarquer. Narcisse, à la recherche de ses amis, appelait : « Êtes-vous ici ? Y a-t-il quelqu'un par ici ? », et Écho lui répondait de sa jolie voix : « Ici, ici, ici… ». Narcisse lui demanda alors de venir et Écho, le cœur battant, apparut au jeune homme.

    De fil en aiguille, de quiproquo en quiproquo, la jeune nymphe finit par s'approcher de Narcisse et s'apprêtait à l'enlacer. Las ! l'adolescent s'enfuit et, tout en fuyant, "Bas les mains, pas d'étreinte ! Je mourrai, dit-il, avant que tu n'uses de moi à ton gré !" Echo ne répéta seulement que "use de moi à ton gré !".
    Mais celui-ci s'en détourna immédiatement. Et sans la regarder, il cria : « Jamais, jamais… Penses-tu qu'un jour il se pourrait que je te donne pouvoir sur moi ? » Et la voix de la nymphe, entrecoupée de larmes, répéta, suppliante : « Je te donne pouvoir sur moi. » Mais déjà, Narcisse s'éloignait.

    Méprisée par celui qu'elle aimait, Écho s'enfuit à travers bois, jusqu'à trouver une grotte dans laquelle elle voulut cacher sa honte et son désespoir. Triste, humiliée, elle se laissa dépérir: son corps si amaigri devint pierre, ne laissant d'elle que sa voix intacte. Pleine d'amour et de ressentiment, Echo continua inlassablement à renvoyer la fin des phrases de Narcisse jusqu'à la mort de ce dernier.
    Depuis ce jour seule sa voix résonne encore, parfois, dans les profondes forêts et les gorges des montagnes.

    Emue par le chagrin sincère de la nymphe, la déesse Némésis se résolut à la venger…
    Narcisse se promenait comme à son habitude, lorsqu'il fut soudain pris d'une soif terrible. Il se laissa alors guider par Némésis jusqu'à une fontaine (dans d’autres versions un étang) et il s'y pencha pour prendre une gorgée d'eau. Lorsqu'il vit son propre reflet, Narcisse en tomba amoureux. Dès lors, il ne cessa plus de contempler son beau visage dans l'eau limpide. Il se désespérait de ne pouvoir ni toucher ni aimer cette image, et il n'arrivait pas à s'en éloigner. Sa douleur était si grande qu'il appelait la mort, espérant ainsi se libérer d'un amour impossible. « Hélas, gémissait-il, je comprends bien maintenant toute la peine que j'ai causée à ces jeunes filles ! » Et Echo répétait « Hélas, hélas! »  Le temps s'écoulait et, progressivement, les pieds de Narcisse se changeaient en racines, son corps en tige, et sans qu'il s'en aperçût, le jeune homme se transforma en une jolie fleur, qui porte encore son nom.


    Autres versions
    Narcisse était insensible à l'amour. Il envoya à Ameinias, le plus fidèle de ses soupirants, une épée avec laquelle ce dernier se tua de désespoir devant la porte de Narcisse. Au moment de mourir, il appela sur Narcisse le courroux des dieux. Il fut entendu : un jour, il vit son reflet dans l'eau claire d'une source, et il tomba amoureux de sa propre image. Face à cette passion sans espoir, il préféra se suicider. Comme il se plongeait un poignard dans la poitrine, son sang s'écoula dans la terre et ainsi naquit un narcisse blanc à corolle rouge.

    Selon une autre version, rapportée par Pausanias, Narcisse avait une sœur jumelle dont il tomba éperdument amoureux ; quand la jeune fille mourut, il se rendit tous les jours près d'une source pour y retrouver son image en se regardant lui-même dans l'eau limpide. Pausanias ajoute que la fleur que nous nommons narcisse portait ce nom avant cette histoire.

    Ou encore: Les dieux promirent de punir Narcisse. Un jour, fatigué de la chasse, il s'approcha d'une source limpide que nulle bête sauvage n'avait jamais touchée. Tandis qu'il apaisait sa soif, une autre soif grandit en lui. Séduit par l'image de la beauté qu'il aperçoit, il s'éprend d'un reflet sans consistance. Le visage fixe, absorbé par ce spectacle, "il semble une statue faite de marbre de Paros". Scotché devant son miroir aquatique, fasciné par son incomparable image, Narcisse dédaigne tout autre chose que l'inaccessible reflet de sa beauté. Ni la faim, ni la chasse, ni Echo ne parviennent à détourner son attention. Beaucoup plus tard il posa sa tête fatiguée sur l'herbe verte et, la nuit venue, ferma ses yeux, empli d'admiration pour la beauté de leur maître. Et, nous raconte la légende, quand il fut reçu dans l'infernal séjour, Narcisse se contemplait encore dans l'eau du Styx ! Lorsque fut dressé son bûcher funéraire les nymphes s'aperçurent que son corps avait disparu. A sa place, une fleur jaune safran dont le cœur est entouré de feuilles blanches, le narcisse.

    L'histoire de Narcisse est passée dans le langage courant ; en effet, on dit d'une personne qui s'aime à outrance qu'elle est narcissique.

     

     

    http://symbol.edition.free.fr/narcisse.htm
    http://www.theatreandrescifuentes.be/narcisseresumedu.html
    http://www.iletaitunehistoire.com/genres/contes-legendes/lire/narcisse-et-echo-biblidcon_088

     

     


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  • La chute de Phaéton vue par un artiste anonyme illustrant les constellations (ici Eridanus)
    Villa Farnese, Caprarola, Italie, vers 1573

    Le mythe de Phaéton

    Ovide (43 av. JC , 17 ou 18 ap ) a consigné dans ses "Métamorphoses", véritable texte fondateur de la mythologie classique, l'histoire de Phaéton, fils de la nymphe Clyméné et de Phébus-Hélios, le (dieu du) Soleil.

    Ce mythe d'origine grecque est bien antérieur à l'Empire Romain, et est déjà connu de Platon (427, -348 ) comme on le verra plus bas.

    Phaéton est un demi-dieu, aussi appelé «!le Brillant!», dans la mythologie grecque, fils d'Hélios, dieu du Soleil, et de la nymphe Clyméné. L'Océanide Clyméné étant l'épouse de Mérops (qu'elle a trompé avec Phébus), Phaéton entretient de légitimes doutes sur sa filiation divine. Ayant eu un différend avec Épaphus, fils de Jupiter et d'Io, qui lui reprocha de n'être pas fils du Soleil, comme il s'en vantait, il alla se plaindre à sa mère. Celle-ci le renvoya au Soleil lui-même pour apprendre de sa propre bouche la vérité sur sa naissance. Phaéton se rendit donc au palais du Soleil et expliqua à ce dieu le sujet de sa venue.

    Après un long voyage, il arrive enfin au palais du Soleil. Le Soleil l'ayant aperçu l'accueille en fils et lui demande ce qu'il est venu chercher sur ces hauteurs. Phaëton le conjure de lui accorder une faveur qui attesterait sa véritable origine et qu'il allait lui demander des gages suffisamment forts pour qu'ils chassent tout doute de son esprit. Sans attendre que Phaéton s'expliquât davantage, et n'écoutant que son amour paternel, le Soleil jura par le Styx de ne lui rien refuser.

    A peine a-t-il achevé que Phaéton demande  la permission d’éclairer le monde en conduisant le char de son père pendant une journée. Aussitôt, le père se repent amèrement de son serment. Il ne peut plus revenir sur son engagement mais tente de dissuader Phaéton car la tâche ne convient ni à ses forces, ni à son jeune âge. La mise en garde paternelle tient aussi dans le fait que le char ne peut pas être conduit par un mortel, car les chevaux qui le tirent sont trop fougueux. Par tous les moyens, il cherche à faire revenir Phaéton sur son souhait, mais celui-ci, rebelle à ce discours, persiste dans son projet, le dieu du Soleil est alors obligé de se soumettre.

    Les chevaux du Soleil pleins de fougue s'élancent mais le joug n'a pas son poids ordinaire. Dès que le quadruple attelage s'en aperçoit, il se précipite, abandonne la piste battue et ne suit plus la même direction qu'auparavant. Phaéton se rend vite compte que son père avait raison. Terrifié, il perd le contrôle des chevaux, et, en se rapprochant trop de la terre, y met le feu. Phaéton s'épouvante, il ne sait de quel côté tirer les rênes, il ne sait de quel côté est son chemin . Les chevaux s'élancent, tantôt jusqu'aux étoiles fixées dans les hauteurs, tantôt par des descentes et des précipices, ils tombent dans des espaces voisins de la terre. Les flammes dévorent alors les lieux les plus élevés de la terre qui se fend, s'entrouvre et se dessèche. De grandes villes périssent avec leurs remparts; des territoires entiers avec leur population sont réduits en cendre par l'incendie. Des forêts brûlent avec les montagnes. La mer se resserre, des plaines de sables arides remplacent ce qui était naguère l'océan, des montagnes jusque-là couvertes par ses eaux profondes, surgissent.

    La Terre, desséchée jusqu'aux entrailles, porte ses plaintes à Zeus . Alors le souverain des dieux Zeus, pour éviter la destruction de l'Univers, lance sa foudre contre le conducteur et le char et les réduit en miettes. Phaéton, sa chevelure rutilante ravagée par la flamme, tombe, foudroyé, à travers les airs, où il laisse en passant une longue traînée. Il est précipité au loin dans le fleuve Eridan aujourd‘hui le Pô.

    Les Héliades, ses sœurs, filles aussi du Soleil et de Clymène, se nommaient Lampétie, Phaétuse et Phœbé. La mort de leur frère leur causa une si vive douleur qu'elles le pleurèrent quatre mois entiers. Les dieux les changèrent en peupliers, et leur larmes en grains d'ambre, et son frère de sang, Cycnos, se transforme, lui, en cygne.

    Sil faut en croire la tradition, un jour entier s'écoula sans soleil et l'incendie seul éclaira le monde dévasté.

     Le mythe dans le "Timée" de Platon
    Citation: Les hommes ont été détruits et le seront encore et de beaucoup de manières. Par le feu et par l'eau eurent lieu les destructions les plus graves. Mais il y en a eu d'autres moindres, de mille autres façons.

    Car, ce qu'on raconte aussi chez vous, qu'une fois, Phaéton, fils d'Hélios, ayant attelé le char de son père, mais incapable de le diriger sur la voie paternelle, incendia tout ce qu'il y avait sur la terre et périt lui-même, frappé de la foudre, cela se dit en forme de légende.

    La vérité, la voici : une déviation se produit parfois dans les corps qui circulent au ciel, autour de la terre. Et, à des intervalles de temps largement espacés, tout ce qui est sur terre périt alors par la surabondance du feu.

    ( PLATON, "Timée" )  

    Dans cet extrait du Timée, mis dans la bouche du "prêtre de Saïs" c'est bien déjà une tentative d'interprétation qui est proposée, et, on peut dire assez bien réussie...Cette remarque témoigne en tout cas d'un esprit critique certain envers des textes mythologiques ainsi qu'une bonne capacité à traduire en termes scientifiques (pour l'époque) ce qui est véhiculé par une poésie dont on aurait tort de ne pas entendre le message.

     

       http://atlantides.free.fr/phaeton.htm#top
    http://www.dicoperso.com/term/adb0aeb1acaca65d,,xhtml

     

     


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