• Abbaye Saint-Mathieu de PLOUGONVELIN

    Dans son Panthéon, achevé en 1190, Godefroy de Viterbe, auteur allemand, écrit :
    «Il y a un livre dans l’église de Saint Matthieu au – delà de la Bretagne au bout de la terre que l’on sait avoir écrit là au sujet des actes des apôtres »
    Suit, en 180 vers latins, l’histoire de la navigation de moines de Saint Matthieu à la recherche du séjour paradisiaque de deux personnages de l’ancien testament, l’un patriarche, l’autre prophète, Enoch et Elie, dont la tradition voudrait qu’ils ne fussent jamais morts.
    Une telle introduction ne peut qu’ intriguer tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de la Bretagne. Qui est ce Godefroy qui s’exprime ainsi ? Quel crédit apporter au récit qu’il rapporte ? Que penser de ce curieux document qui témoigne, pour le moins, de la renommée du monastère de Saint Matthieu au XII° siècle.
    L’auteur est le chapelain et secrétaire de l’empereur Frédéric Barberousse connu pour ses démêlées avec les papes ( 1152 – 1190) et qui a été immortalisé par Victor Hugo.
    Godefroy, dit « de Viterbe » car il est né dans cette ville en 1120 et y est mort en 1200, était d’une famille dévouée au service de l’empereur. Lui même passa le plus clair de sa vie à suivre la cour dans ses déplacements et à mettre ses talents au service de la cause impériale.

    La description qu’il nous fait du lieu est conventionnelle: « Aux confins de la mer océane est l’ultime pays du monde, où pas la moindre maladie ne trouble l’existence: Le climat y est tempéré, la quiétude perpétuelle. En ces lieux une église a été dédiée à saint Matthieu, où se sanctifient les moines galiléens à enseigner à la Bretagne les saintes vérités de Dieu ». De toute évidence, Godefroy n’est jamais venu à Saint Matthieu, ou alors, ce jour là, il faisait exceptionnellement beau.
    Mais venons en à cette histoire qu’il nous conte ; elle s’inscrit dans le genre fort connu de la
    « navigation » des moines celtes et bretons.
     
    On connaît surtout celle de saint Brendan, qui s’embarqua avec sa communauté pour les mers du nord, et va avec eux de merveilles en merveilles. Dans ces récits fabuleux, se rejoignent l’esprit d’aventure des moines celtes, leur goût du pèlerinage, la nostalgie d’un paradis perdu et les réminiscences des traditions celtes et de l’île d’Avalon.
    Voici en tout cas, contée par Godefroy de Viterbe, la « Navigatio monachorum sancti Mathaei ». La navigation de ces moines qui à longueur de journée scrutent les horizons de la mer et les confins du monde, décident de prendre la mer « pour pouvoir, après une longue absence, décrire à leurs populations les ressources et les lieux que l’univers renferme ».

    Navigation des moines de Saint Matthieu
    ( selon Godefroy de Viterbe)


    Trois jeunes moines navigateurs de l’abbaye de Saint-Mathieu, partirent au neuvième siècle pour évangéliser les terres qu’ils découvriraient.

    Au neuvième siècle, période de Charlemagne, à l’extrémité de la Bretagne, sur une pointe rocheuse balayée par le vent et assaillie par les vagues, s’élevait une abbaye vouée à Saint Mathieu; « la tête de l’apôtre avait été apportée en ce lieu, au VIe siècle, par des marchands du Moyen-Orient ». Des moines vivaient là, partageant leur temps entre la culture d’une terre aride, l’enseignement des saintes croyances et l’exploration de l’océan. Certains s’en allaient, en effet, pendant des mois vers le couchant à bord d’embarcations de type curragh.

    Trois jeunes moines s’embarquèrent sur des navires gréés de grandes voiles qui les portèrent d’un trait à l’horizon. Ils errèrent pendant de longs mois, luttant contre les tempêtes, se nourrissant de leur pêche, buvant l’eau du ciel.
    Un soir enfin, ils arrivèrent en vue d’une île étrange où se dressait une montagne constituée de blocs d’or. Eblouis, ils débarquèrent et parvinrent devant une ville entourée d’une enceinte colossale hermétiquement close. Et cette enceinte était également en or. Alors, ils s’assirent avec l’espoir de voir surgir quelqu’un qui pût leur dire où ils étaient. Mais la nuit passa et rien ne bougea que la lune dont ils suivirent la course dans un ciel rempli d’étoiles qu’ils ne connaissaient pas.

    Aux premières lueurs du jour, des portes s’ouvrirent d’elles-mêmes dans la muraille et les moines virent une cité entièrement en or qui étincelait sous le soleil. Ils entrèrent. Un étrange silence planait sur les rues désertes. Foulant des pavés d’or, ils longèrent des centaines de maisons, vides mais aussi brillantes que le saint calice de leur abbaye, des fontaines ornées de pierreries et des palais dont les façades étaient piquetées de gemmes. Puis ils parvinrent à une église ressemblant à une châsse ciselée par le plus habile des orfèvres. Ils y pénétrèrent; il y flottait un parfum de rose…

    Etonnés de ne rencontrer aucun prêtre dans ce sanctuaire qui n’avait pas l’apparence d’un édifice abandonné, les moines entreprirent une exploration méthodique des lieux. Et voilà qu’ouvrant une porte au hasard, ils découvrirent dans les « logettes » deux vieillards aux barbes majestueuses, assis sur des trônes. Ces étranges personnages étaient immobiles comme des statues. Ils s’animèrent soudain et se levèrent pour saluer respectueusement leurs visiteurs.
    - Qui êtes-vous ? Dirent-ils. Et que voulez-vous ?
    Les autres répondirent qu’ils étaient moines, qu’ils venaient d’au-delà des mers et qu’ils ne voulaient, en ce bas monde, qu’adorer Dieu et faire sa Sainte Volonté.
    - Et vous ? Ajoutèrent-ils.
    Les vieillards parlèrent alors longuement dans une langue fleurie. De leurs discours un peu obscur, les moines crurent démêler qu’ils avaient affaire à Elie et à Enoch, que la ville où ils se trouvaient était gardée par des séraphins et qu’un aliment céleste nourrissait ceux qui avaient le bonheur d’y séjourner.

    De tels propos pour extraordinaires qu’ils fussent, ne parurent point extravagants aux braves moines qu’une lecture quotidienne des Saintes Ecritures avait habitués au merveilleux. Ce qu’ils allaient apprendre par la suite devait, en revanche les plonger dans un grand étonnement. Les deux vieillards, en effet, changeant brusquement de sujet, assurèrent que le temps ne se déroulait pas, sur leur île, au même rythme qu’ailleurs, et qu’un jour, chez eux, équivalait à cent ans dans les autres régions de la terre.
    - Tandis qu’ici, dirent-ils dans leur style particulier, trois fois l’astre du jour a donné sa clarté, de trois fois cent ans ont vieilli les êtres animés de vos contrées. De ceux-là qu’après votre départ, leurs mères ont engendrés, pas un seul, demain, ne sera vivant. La terre, de tout côté, a fait place à de nouveaux peuples et à de nouveaux rois. Et vous-mêmes serez vieux en arrivant là-bas… Puis ils demandèrent aux deux moines-prêtres du groupe de dire une messe.
    Quand l’office fut terminé, le vieillard qui prétendait être le prophète Elie prit la parole :
    - Le temps vous fait signe. Il vous faudra bientôt repartir. Si vous désirez, emportez des provisions d’or et de pierres précieuses. La brise marine vous portera jusqu’en vos demeures en cinq jours. Je vous vois jeunes au départ ; je vous aperçois vieux à l’arrivée…

    Alors, les moines dirent adieu aux vieillards et retournèrent vers la crique où ils avaient laissé leurs bateaux. Là, ils embarquèrent des paniers de fruits et des outres d’eau douce, réparèrent les voiles et les mâts qui avaient eu à souffrir des tempêtes au cours de leur long voyage. Lorsque tout fut terminé, ils quittèrent cette île fabuleuse où ils avaient passé trois jours. C’est alors que les paroles des vieillards se réalisèrent. Une brise s’éleva soudain qui gonfla les voiles et poussa les bateaux à une telle vitesse qu’en cinq jours exactement ils arrivèrent à la pointe Saint-Mathieu. Aussitôt, les moines montèrent vers l’abbaye, pressés de conter leur extraordinaire aventure...

    Mais ayant fait quelques pas, ils demeurèrent pétrifiés : les remparts n’étaient plus ceux qu’ils avaient connus, la ville était transformée, l’église ne ressemblait en rien à celle qu’ils avaient édifiée. Quant à l’abbaye, elle comprenait des bâtiments qui n’existaient pas à leur départ. Pris de crainte, ils pénétrèrent dans le cloître. Là, ils ne reconnurent personne : ni le père abbé, ni le prieur, ni le frère portier. Ils s’aperçurent avec terreur que tout, dans le pays, avait changé : l’évêque, le roi, les seigneurs, le peuple. Ils demandèrent des nouvelles de ceux qu’ils avaient connus. Personne ne s’en souvenait plus. Leurs noms même étaient oubliés. Les moines conclurent que leurs amis étaient morts et ils « en eurent grand deuil ».
    Et comme ils pleuraient en se rapprochant les uns des autres, ils découvrirent soudain avec effroi que leur peau était ridée, leurs cheveux blancs, leur corps décrépit, leurs mains diaphanes. Eux qui avaient encore tout à l’heure, au moment d’aborder la pointe Saint-Mathieu, l’aspect d’hommes jeunes et vigoureux, étaient devenus subitement des vieillards tremblants aux yeux éteints et aux bouches édentées. Le père abbé, les prenant en pitié à cause de leur grand âge, leur demanda d’où ils venaient et qui ils étaient.

    - Nous sommes partis d’ici, il y a trois ans, dirent-ils. Cette abbaye était la nôtre. Nous avons voyagé sur la mer, séjourné trois jours sur une île et nous revenons avec des fruits et de l’or. Mais nous ne reconnaissons plus rien ni personne.
    Le père abbé, fort intrigué, s’enquit de leurs noms, de celui de leurs bateaux et de la date de leur départ. Puis il alla consulter les archives de l’abbaye. Quant il revint, il avait l’air effaré :

    - D’après ce que je viens de lire, dit-il, vous n’êtes pas partis il y a trois ans. Les textes qui relatent votre départ et où se trouvent notés vos noms et ceux de vos bateaux sont beaucoup plus anciens. Ils ont trois cents ans… Comme les moines n’avaient pas l’air de saisir le sens de ses paroles, il ajouta :
    - Comprenez-vous ? Vous êtes partis il y a trois siècles !
    Alors, les voyageurs sentant qu’ils allaient bientôt mourir, racontèrent en détails leur aventure, décrivirent l’île à la montagne d’or, la ville étincelante, les deux vieillards qui prétendaient être Elie et Enoch, sans omettre les étranges propos que ces mystérieux personnages avaient tenus sur les temps différents. Quand ils eurent terminé, ils tombèrent morts et leur récit fut consigné dans les archives de l’abbaye.

    C’est ainsi qu’un jour le chroniqueur Godefroy de Viterbe put avoir connaissance de l’histoire fabuleuse de ces moines, partis de chez eux au IXe siècle, et qui ne revinrent qu’au XIIe…

     


    Mise en forme et en clair par:

    http://curragh.kazeo.com/curragh-la-legende/les-moines-de-l-abbaye-de-st-mathieu,a3137686.html
    Autre source: http://breton.coatmeal.free.fr/textes_stmathieu/saintmathieu_paradis.htm

      


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  • Viviane

    Viviane

    La Fée Viviane, la Dame du lac

    La Dame du Lac aussi connue sous le nom de fée Viviane est une figure mythique des légendes arthuriennes. Les différents auteurs lui ont donné divers nom : Viviane, Niniane, Nyneve, Nimue....
    Elle vivait au cœur de la forêt de Brocéliande, forêt magique  peuplée d’êtres féériques, sous les eaux de l'étang de Diane. Elle était la fille du seigneur Dymas (ou Dyonnas), vivant au château de Comper, cadeau de la Déesse Diane à ce dernier.

    Viviane a joué un rôle considérable dans la légende.
    Elle y tient en effet plusieurs rôles d‘importance: c'est elle qui aurait donné l'épée Excalibur au roi Arthur, faisant le nécessaire pour qu’il soit le seul à pouvoir la retirer du rocher, encore elle qui aurait guidé ce même roi mourant vers Avalon, sous la garde de Morgan, après avoir récupéré l‘épée magique, suite à la bataille de Camlann. Elle est aussi responsable de l'éducation du jeune Lancelot, le plus célèbre des chevaliers de la Table Ronde, et enfin elle fait prisonnier Merlin en usant de magie, celle qu'il lui a enseignée.

    La fée Viviane vivait au coeur de la forêt de Brocéliande, au fond du lac.
    Une version de sa légende prétend qu’elle enleva le jeune Lancelot, alors qu’il était encore enfant, après la mort de son père le roi Ban de Bénoïc.
    Sa mère, la reine Elaine se serait retirée par la suite dans un couvent jusqu’à la fin de sa vie.
    Une autre version dit que Lancelot était orphelin de ses deux parents et que Viviane le recueillit.
    Elle l'emmena alors au plus profond de son lac. Ce lac est le passage secret pour rejoindre le royaume merveilleux et caché d’Avalon, l’île sacrée, ultime refuge de la tradition celtique. Son nom de Dame du Lac trouve ses origines dans cette légende.
    Toujours est-il que Viviane enseigna les arts et les lettres à Lancelot, lui insufflant sagesse et courage, faisant de lui un chevalier accompli. Elle le mena alors à la cour d’Arthur, à Camelot, pour y être adoubé, et le présenta aux chevaliers de la Table Ronde, dont il devint le plus célèbre représentant.

    Viviane

    Après la mort de sa mère Ygraine, Viviane prit en main l’éducation de Morgane, faisant d’elle une magicienne, tandis que Merlin l’enchanteur prit soin de celle de son demi-frère, le futur roi Arthur.
    Viviane protège Arthur, sa cour et l’idéal courtois et chevaleresque qu’il incarne, tandis que Morgane, aigrie, veut la perte de son frère et de sa belle-sœur, la reine Guenièvre.

    Un jour, elle rencontre Merlin l'Enchanteur près de la fontaine de Barenton.
    La forêt de Brocéliande, réputée pour sa beauté, attire Merlin, depuis la cour d'Arthur. Il décide d'aller s'y promener. En passant près de la fontaine, il remarque la présence d'une belle jeune fille qui se mire dans l'eau. Il s'agit de la fée Viviane.
    Elle enchante Merlin qui prend l'apparence d'un charmant jeune homme, et non plus celle d'un vieillard. Pour séduire la jeune fée, il fait apparaître un merveilleux château de cristal sous le lac de Comper, dans lequel se déroule une fête merveilleuse, château qu’il lui offre en cadeau.

    Selon une des nombreuses variantes de la légende, Merlin succombe aux charmes de Viviane et elle lui demande de lui enseigner ses secrets. Dans le seul but de la conquérir Merlin accepte, tout en sachant (grâce à son don prophétique) qu’elle causera sa perte. Merlin apprit à Viviane pratiquement tout ce qu’il savait.
    Elle use alors de l'un des tours de magie enseigné par Merlin, celui qui permet de garder un homme à tout jamais près d'elle, et profite d'un moment où ce dernier est endormi pour l'envoûter.
    Dans ce but, elle fait tourner neuf fois le voile magique autour de son amant. Mais Viviane ne connaît pas la puissance de ce pouvoir, et Merlin se retrouve prisonnier dans une tour (ou une grotte) de verre pour l’éternité.

    La Dame du Lac représente le symbole de l’ancienne religion que la chrétienté à tenté d‘éradiquer. Elle est aussi l'une des figures tragiques du conte du Graal, mais elle incarne également l'espoir. A sa mort, sa tombe sera fleurie de rameaux d'églantine déposés par des représentantes du couvent.

     

    Viviane

    (Tableau de Marjorie Carmona)

     

    Pour mon plaisir, et j'espère le vôtre, je me dois de poster encore ce tableau de la Dame du Lac par Joséphine Wall que je trouve magnifique:

    Viviane

     

      

    Sources: Wikipedia - http://www.histoiredumonde.net/Fee-Viviane-la-Dame-du-lac.html
    http://merlin.hypnoweb.net/grimoires/legende/fee-viviane.158.1408/
    http://suite101.fr/article/la-dame-du-lac-et-les-legendes-arthuriennes-a15219

     


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  • Tristan et Yseult buvant le philtre
    D'après John Dincan - City of Edinburgh Museum


     Tristan et Iseult

    Tristan est le fils de Rivalen, roi de Loonois et de Bleuwenn (Blanche  Fleur en Breton), la sœur de Marc’h, roi de Cornouaille en Armorique.
    Rivalen sera tué au combat avant la naissance de Tristan et sa mère meut en couches.

    L’enfant est recueilli et élevé par son oncle, le roi Marc’h, en Bretagne armoricaine pendant plusieurs années. Ce dernier devait s’acquitter du paiement d’un tribut auprès du roi d’Irlande. Quelques années plus tard, Tristan décide d’en finir avec cette coutume et quand il arrive dans l’île, il doit combattre le géant Morholt, le beau-frère du roi. Tristan reçoit un coup d’épée empoisonnée, mais il blesse mortellement le géant qui, dans un dernier souffle, lui indique qu’Iseult, la fille du roi, a le pouvoir de neutraliser le poison. Blessé, Tristan est abandonné par les siens au gré des flots marins. Rejeté sur le sol d'Irlande, il est soigné par la reine, soeur du Morholt et magicienne, et par sa fille Iseult (Yseult).
    La jeune fille guérit Tristan de ses maux sans qu’elle sache qu’il a tué son oncle Morholt. Une fois rétabli, il reprend la mer et retourne près de son oncle.

    Marc’h souhaite que son neveu lui succède à la tête de la Cornouaille, mais des seigneurs s’y opposent, préférant une succession directe. Le roi décrète qu’il épousera celle à qui appartient le cheveu d’or, déposé le matin même par deux hirondelles. Tristan reconnaît ce cheveu d'un blond rare, pour l'avoir vu sur la tête d'Iseult et suggère une ambassade auprès du roi d’Irlande.

    À peine débarqué, surgit un terrible dragon qui mettait à feu et à sang le royaume d'Irlande, qu’il doit combattre et occire non sans avoir été blessé.
    Pour la seconde fois, il est soigné par la fille du roi.
    Iseult voit que l’épée du chevalier porte une marque qui correspond à un morceau de fer, retrouvé dans le crâne de Morholt ; elle comprend que c’est Tristan qui a tué son oncle, mais renonce à toute idée de vengeance. Il s’acquitte de sa mission et le père accepte que sa fille épouse le roi de Cornouaille, ce qui est une manière d’effacer les différends entre les deux royaumes. Iseult éprouve quelque ressentiment du peu d’intérêt que lui manifeste Tristan, mais s’embarque pour la Bretagne.

    La reine d’Irlande mère d’Iseult remet un philtre magique à Brangien, la servante d’Iseult qui est du voyage. Il est destiné aux nouveaux mariés le soir de leur nuit de noces. La puissance du philtre est telle qu’après absorption, les amants sont éternellement épris et heureux, et qu’une séparation leur serait insupportable, voire fatale. Durant la navigation entre l’île et le continent, par une chaude soirée de la Saint-Jean, croyant se désaltérer avec de l’eau, Tristan boit du breuvage magique et en offre à Iseult.
    L’effet est instantané. Les deux amants sont condamnés à une folle passion. Mais Iseult doit honorer sa parole. Les noces d'Iseult et du roi Marc’h sont célébrées, mais le soir des noces, c’est la servante Brangien qui prend place dans le lit du roi car elle est toujours vierge, ce qui n’est pas le cas d’Iseult, laquelle va se glisser dans les draps de son mari (qui lui aussi a bu le philtre et est donc amoureux aveugle) au petit matin après avoir passé la nuit dans les bras de Tristan.

    Victime de dénonciateurs, Tristan est banni par le roi. Condamné à se cacher, il fait néanmoins tout pour revoir Iseult. Au bout d’un certain temps, le roi se repent d'avoir renvoyé son neveu, et le rappelle à lui, convaincu de sa loyauté. Mais les barons jaloux lui font découvrir les ruses des amants pour se rencontrer. Tous deux sont alors jetés au cachot et condamnés à être brûlés, mais Tristan pourra sauver sa belle et s’échapper.

    Après de multiples péripéties, les amants prennent la fuite et se réfugient dans la forêt sombre du Morrois, fuyant toute âme qui vive. Au bout de trois ans, comme l’avait décidé la reine d’Irlande, mère d’Iseult, la magie du philtre s’éteint le jour de la Saint-Jean. Après un long temps de recherche, le roi les surprend endormis dans la grotte qui les abrite, l’épée de Tristan plantée dans le sol entre eux deux. Le roi pense qu’il s’agit d’un signe de chasteté et respecte la pureté de leurs sentiments. Il remplace l’épée par la sienne, met son anneau au doigt d’Iseult et s’en va. Au réveil, ils comprennent que le roi les a épargnés et leur a pardonné. Le charme ayant cessé d’agir, ils conviennent à « grande douleur » de se séparer, Iseult retourne près du roi Marc’h. Mais si après trois ans ils ne s’aiment plus de manière magique, ils continuent cependant à s’aimer de manière humaine.

    Le roi Marc’h reprend sa femme en grand honneur mais bannit néanmoins Tristan à cause de la jalousie de certains de ses barons.  Tristan s’en va dans l’île de Bretagne où il finit par épouser Iseut aux mains blanches, dont la beauté et le nom lui rappellent celle d’Iseult la blonde.

    Son occupation principale est la guerre et lors d’une expédition, il est gravement blessé. Une fois de plus, seule Iseult la Blonde peut le sauver. Il la fait réclamer en convenant que le bateau revienne avec une voile blanche si elle accepte de le secourir. Iseult arrive alors dans un vaisseau à la voile blanche, mais l’épouse de Tristan, Iseut aux Blanches Mains qu’il n’a jamais « honorée », malheureuse de jalousie, lui annonce que la voile est noire. Se croyant abandonné par celle qu’il aime,  le blessé réunit ses dernières forces et se transperce de l’épée; apprenant son décès à peine débarquée, la reine s’étiole et meurt de désespoir.

    Dès que le roi Marc’h apprend la  terrible nouvelle, il fait voile vers la Bretagne et ramène les corps des deux amants en Cornouaille. Il les fait inhumer l’un près de l’autre.
    Dès la première nuit, une ronce vigoureuse surgit, perçant les cercueils, unissant les deux corps et fleurissant de roses les deux tombeaux; sans cesse coupée, elle repoussait plus forte. Ému, le roi ordonna que soit protégé ce lien surnaturel, et tant ils sont liés l’un à l’autre que quiconque ne sut et ne saura jamais les séparer. 

    Tristan et Iseult

    Image Adèle Lorienne

     


    Sources: Wikipédia
    Et http://roadtothemist.canalblog.com/archives/2012/04/08/23961417.html

     

     


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  • Guenièvre

    Guenièvre

    La reine Guenièvre est un personnage de la légende arthurienne, femme du roi Arthur. Sa relation adultère avec Lancelot est un thème récurrent du cycle. Elle est donc indissociable de l’un comme de l’autre.

    Fille du roi de Carmélide, Léodagan, Guenièvre dont le nom en gallois, Gwenhwyfar, signifie "esprit blanc ou fée blanche " ce qui la relie à la féérie celte, fut l'épouse du roi Arthur.
    Figure archétypale de la dame courtoise, fée, déesse, Guenièvre est un personnage aux multiples facettes qui illustre le foisonnement de l’imagination médiévale. Femme idéalisée ou cristallisation fantasmatique des désirs de l’homme, elle est la projection du désir charnel et des aspirations spirituelles.

     Dans le cycle arthurien, développé sur quelques siècles par de nombreux auteurs, elle apparait tantôt comme un personnage entièrement négatif, faible ou opportuniste, tantôt comme une dame noble remplie de qualités mais victime de la fatalité. Les intrigues auxquelles elle est mêlée varient dans le détail au fil du cycle.

    Elle est la fille du roi Léodagan, qui a servi Uther Pendragon et est parmi les premiers à reconnaître Arthur. Lorsque ce dernier accourt à son aide, il rencontre Guenièvre.
    Ils s’éprennent l’un de l’autre et convolent, mais à l’arrivée de Lancelot du Lac à la cour, c’est le coup de foudre immédiat

    Noble chevalier, Lancelot mettra longtemps à admettre ses sentiments pour la Reine Guenièvre, mariée au Roi Arthur qui est son ami: tous ses exploits ont été suscité par cet amour secret.

    Au fil des tournois et des combats, sa réputation ne cesse de grandir, tout comme son amour pour Guenièvre.
    C'est alors que Méléagant enlève Guenièvre et l'entraîne dans son royaume de Gorre, d'où nul ne revient. Lancelot se lance à nouveau dans l'aventure et, assisté de Gauvain, parvient à libérer la reine. Il réussi à franchir le terrible Pont de l'Épée, une immense épée tranchante comme un rasoir posée entre deux rives.
    Lancelot et Méléagant s'affrontent. Lancelot a rapidement le dessus, et peut ainsi repartir pour Camelot avec sa dame.

    Après avoir résisté, les deux jeunes gens deviennent amants et sont surpris dans une situation compromettante. Un soir, alors qu'il avait rejoint Guenièvre dans sa chambre, il est surpris par Arthur. Le scandale de sa liaison avec Guenièvre finit par éclater au grand jour. Arthur, qui jusque là pouvait admettre cet état de fait, est maintenant contraint à réagir ; les clans s'opposent, l'équilibre de la Table Ronde est rompu. La société arthurienne est amenée à la ruine.
    Lancelot réussit à s'enfuir, mais doit abandonner sa maitresse. Selon les lois du royaume, celle-ci a trahi son mari et doit donc mourir.
    Arthur s’y résout à contrecœur. Lancelot est banni et Guenièvre promise au bûcher.

     Lancelot ayant promis de sauver la reine avec l’aide de sa parentèle, Arthur fait protéger le site de l’exécution par les autres chevaliers. Lancelot a le dessus, Gaheris et Gareth, frères de Gauvain, sont tués au combat mais Guenièvre est sauve.
    Gauvain pousse Arthur à poursuivre Lancelot en Gaule où il s’est réfugié.
    Lancelot rejoint sa terre d'origine, la Gaule, et y subit l'assaut des armées du roi Arthur.
    En prévision de sa campagne française, Arthur laisse Guenièvre, semble-t-il amnistiée, à la garde de Mordred. À peine le roi parti, Mordred révèle ses intentions de s’emparer du trône et d’épouser Guenièvre. Ayant appris les nouvelles, Arthur retourne en Bretagne, confronte Mordred à Camlann et le tue, mais lui même est mortellement blessé.

    Lancelot retraverse la Manche pour venger le roi.
    Mais le royaume est anéanti, et Guenièvre, retirée dans un monastère.
    Les jeunes amants ne se reverront qu'une seule fois avant de se séparer définitivement.
    Guenièvre décide de se retirer dans les ordres. Quant à Lancelot, il abandonne la vie de guerrier et se fait ermite.
    Cet amour blessa un grand roi, brisa une belle amitié et rompit à jamais le cercle des chevaliers de la table ronde.

    GuenièvreLes enlèvements de Guenièvre
    Le thème de l’appropriation de Guenièvre, par enlèvement ou séduction, apparaît déjà dans les sources galloises.
    En tout état de cause, Guenièvre est souvent enlevée ou séduite. Outre les interprétations psychologiques, morales ou courtoises de son infidélité, des spécialistes ont proposé qu’elle ferait originellement partie des reines symboles de souveraineté : les enlever revient à s’emparer du royaume de leur mari.

    Guenièvre est quelquefois décrite comme dévote dans la nouvelle religion du Christ, et donc en conflit avec les  prêtresses d’Avalon qui protègent Arthur. Ce conflit de religion pourrait avoir un grand rôle dans la déchéance d’Arthur  et la dégradation du royaume de Camelot. Ce sera la fin du monde magique.

    La romance entre Lancelot et la reine Guenièvre devint la cause principale de la chute du monde arthurien.

     


    Sources: Wikipédia et mythologica.fr
    http://www.mythofrancaise.asso.fr/mythes/figures/LANrecit.htm
    http://www.auray.org/legendes/legende-arthur.html

     

     

     


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  • Morrigan

    Morrigan


    Morrigan
    Dans la mythologie celtique irlandaise, Morrigan (qu’on nomme souvent LA Morrigan ou Morrigu) signifie Grande Reine. Fille d’Ernwas, des Tuatha Dé Danann, c’est la déesse de la bataille, des différends, de la victoire, de la mort et de la fertilité. Elle possède une triple identité composée de Macha (Plaine), de Nemhain ("frénésie") et de Badba ("corneille" ou "corbeau"). Sous cette forme, elle survole les champs de bataille et choisit ses futures victimes. Elle est la déesse de la mort, mais aussi de la sexualité, de la guerre et de la fertilité. Elle possède une chevelure rouge et une énergie démoniaque qui est réputée pour sa puissante influence sur la vie des Celtes. Son nom signifie aussi "Reine des Fantômes".

    Déesse dite guerrière, elle n'est pas essentiellement une combattante, mais procède à la qualification des héros. Elle était capable d'inspirer la panique ou de posséder un guerrier au point de le faire entrer dans une frénésie meurtrière. Elle utilisait la magie afin d'influencer l'issue des combats et pouvait aussi se transformer en animal: louve, corneille.  Détentrice des savoirs, elle est notamment sous la forme Bodb (la Corneille) l’annonciatrice des destins.

    Elle est l’épouse du dieu-druide le Dagda. Sur les champs de bataille, elle apparaît souvent comme corbeau ou corneille et pour l’invoquer, il faut croasser. Son équipage est rouge, son cheval qui n’a qu’une seule patte l’est aussi, et elle même est rousse avec une cape rouge. Le rouge, couleur de sang et de la mort en fait la déesse des Morts; d’où sa désignation comme étant la Reine des Fantômes.

    Elle était dépeinte tantôt comme une jeune femme d'une très grande beauté, tantôt comme une vieille femme hideuse au rire plein de haine. Elle possédait de multiples visages.

    Les premières mentions de la Morrigan se trouvent dans les histoires du Cycle d’Ulster, où elle a une relation ambiguë avec le héros Cúchulainn. Elle joue un rôle significatif dans le développement de ce héros, lui apparaissant alors qu’il n’est qu’un jeune garçon. Le jeune héros se réveille au milieu de la nuit et sort, pensant retrouver son mentor, Conchobar. Mais à la place, le garçon trouve un fantôme qui essaie de l’attaquer. Cúchulainn n’est encore qu’un piètre combattant et la Morrigan se moque de sa couardise.
    La rencontre suivante se déroule lorsque le héros a atteint l’âge adulte. Dans le Táin Bó Cúailnge (la razzia des vaches de Cooley), sous l’apparence d’une belle et jeune fille aux sourcils roux, elle tente de séduire Cúchulainn, qui refuse ses avances. Elle le menace sous l’aspect de différents animaux et, pendant qu’il combat, elle s’enroule autour de sa cuisse en prenant la forme d'une anguille. Le héros s’en défait et la blesse. Elle profère une série de menaces et prédit une prochaine bataille au cours de laquelle il sera tué. Elle lui dit "je garderai ta mort", avant de disparaître, ne laissant derrière elle qu’une corneille. Cúchulainn comprend donc qu’il n’aurait pas dû agir ainsi. Il est alors absent du combat pour un long moment, mais lorsqu'il revient combattre, il aperçoit une jeune femme qui lave ses vêtements ensanglantés dans la rivière. Il sait alors que son heure a sonné.
    Plus tard, c’est en corneille qu’elle assiste à l’agonie de Cúchulainn, perchée sur son épaule.

    La Morrigan apparaît aussi dans les textes du cycle mythologique, le Lebor Gabála Érenn, compilation pseudo historique du 12e siècle. Elle y est listée parmi les Tuatha De Danann (littéralement “le peuple de la déesse Danu”), comme une des filles de Ernmas, petite-fille de Nuada.
    Dans les histoires des Tuatha De Danann, la Morrigan recouvre l’Irlande d’un brouillard protecteur, afin qu’ils ne soient pas envahis.

    Elle apparaît aussi dans Cath Maige Tuireadh (La Bataille de Mag Tuired) : à Samhain, le Dagda la trouve en train de se laver dans le gué (elle est alors sous la forme d’une jeune femme rousse), debout avec un pied sur chaque rive de la rivière Unius. La veille de la Seconde Bataille de Mag Tuiredh, avant de s'accoupler avec le Dagda, elle lave les corps ensanglantés et les armures de ceux qui meurent au combat. Ils s’unissent et elle lui promet ensuite de sommer les mages d’Irlande de jeter des sorts pour les Tuatha De Danann, et pour détruire Indech, le roi Fomorien.
    Cet accouplement est aussi un symbole de fertilité pour la rivière et la terre.

    Alors que la bataille va commencer et que le chef des Tuatha De Danann demande à chacun ce qu’il va apporter dans la bataille, la Morrigan répond : "je poursuivrai ce qui a été surveillé; je serai capable de tuer; je serai capable de détruire ceux qui pourront être soumis." Lorsqu’elle arrive au champ de bataille, elle chante un poème et immédiatement la bataille éclate et les Fomoriens sont rejetés à la mer. Après la bataille, elle chante un autre poème célébrant la victoire et prédisant la fin du monde.

    Morrigan est associée à l’eau, principalement par ses aspects de fertilité, mais aussi en tant que symbole de sagesse, de mystère et de prophétie : elle est une puissante devineresse dont les prophéties se rapportent généralement à la guerre.
    Selon l’eschatologie celte, à la fin du monde, Morrigan/Babd renversera le chaudron primordial, détruisant tout et faisant disparaître à tout jamais les eaux de la vie.

    Morrigan a, selon certains critiques, servi d'inspiration à la Fée Morgane. Morgane serait une variante gaëlique de Morrigan et les deux personnages peuvent se transformer en oiseau.

     

    Morrigan

     

    Sources: http://scathcraft.wordpress.com/les-dieux/an-morrigan/la-morrigan-informations-compilees/
    http://encyclopedie.arbre-celtique.com/morrigan-3182.htm  http://metal-blogs.com/warmetal/2007/06/29/morrigan/

     


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